Baisser les quotas de pêche pour protéger les espèces menacées
D'après une étude parue dans une revue scientifique, supervisée par Didier Gascuel, directeur du pôle halieutique d'Agrocampus Ouest – centre d'étude sur l'exploitation des ressources vivantes – les stocks de poissons ont été divisés par deux en trente ans. Malgré les quotas de pêche mis en place par l'Union européenne, les stocks des mers européennes sont donc en baisse.
Pour remédier à cet état de fait, Bruxelles propose de diminuer les quotas actuels de 6,5 % en 2015, par rapport à l'année 2014 pour préserver certaines espèces menacées. "Le pourcentage des stocks surexploités a baissé à 40 %. Il s'agit en réalité d'optimiser les stocks, c'est-à-dire d'arriver à un niveau de production équivalent, voire supérieur, avec des coûts inférieurs, donc moins de bateaux et de marins" explique Julien Lamothe, ingénieur halieutique au sein de l'organisation Pêcheurs de Bretagne.
Une filière entière impactée
Cette décision n'est pas sans apporter des bouleversements, notamment pour les 134 700 pêcheurs actifs en Europe. Sans compter sur les incidences sur les emplois périphériques, 93 000 emplois européens et 19 000 emplois français.
La pêche est un secteur qui a déjà été touché en 2013, avec le retrait de 41 bateaux de la flotte française d'après l'INSEE. Depuis dix ans c'est donc la moitié de la flotte de certains ports qui aurait été touchée. D'après Agrimer, le chiffre d'affaires du secteur serait également en baisse de 2 % depuis un an mais resterait de 1,64 milliard d'euros.
Qui dit secteur touché, dit distributeurs impactés. En France, on compte 4 poissonneries pour 100 000 habitants quand on recense 38 boucheries pour le même nombre. De plus la grande distribution n'aide pas non plus en prenant une grande part de marché, on ne compte plus que 80 poissonneries parisiennes en 2013 contre 400 il y a quarante ans.
Un secteur soumis à des conditions variables
En dehors de la réduction des quotas de pêche, d'autres contraintes touchent les pêcheurs. Tout d'abord le prix du carburant qui est en hausse et qui alourdit les charges, obligeant les pêcheurs à rentabiliser un maximum leur production tout en respectant les quotas.
N'oublions pas non plus les produits impropres à la consommation en raison de toxines. Les pêcheurs sont alors obligés de restreindre leur activité ou leur production. Dans le Bassin d'Arcachon, en 2013, certains ostréiculteurs avaient perdu 80 % de leur chiffre d'affaires en raison d'huîtres non comestibles.
Enfin, ne dramatisons pas, pour Julien Lamothe, "le secteur de la pêche s'adaptera et les stocks se rétabliront. Le poisson reste un produit avec une valeur nutritionnelle importante et la consommation ne cesse de croître. Et bien que les conditions de travail soient difficiles, il s'agit d'un métier rémunérateur".