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S'il est un spot de pêche qui permet de cibler de jolis poissons tels que la julienne, le bar, la morue et d'autres poissons nobles, mais surtout le lieu jaune, ce sont les épaves. Et celle-ci ne manque pas en Manche. L'erreur serait de se dire que toutes les épaves regorgent de gros poissons et qu'il suffit d'y descendre sa ligne pour remonter immédiatement un poisson record. Nous allons vous expliquer comment travailler pour cibler les meilleures épaves et comment bien préparer sa sortie.
Une fois notre sortie préparée, nous pourrons alors nous concentrer sur la dérive, le matériel et les techniques de pêche à adopter.
Identifier les meilleures épaves
L'histoire a parsemé la Manche de nombreuses épaves allant du petit navire de pêche au gros navire de commerce de plusieurs centaines de mètres. Il suffit de jeter un œil sur une carte marine pour s'en rendre compte. Ci-dessous une capture de la zone nord Cherbourg.
Sur les cartes marines, les épaves sont matérialisées de différentes façons. Vous trouverez la correspondance des symboles dans l'ouvrage 1D su SHOM, mais voici les principaux symboles.
Prospecter sur l'eau
La base, c'est la prospection. Cela demande du temps sur l'eau, mais vous pouvez déjà anticiper chez vous en effectuant les recherches sur les cartes marines (aujourd'hui accessibles internet via le site Navionics et Cmap Embark), et en consultant aussi les sites et forums de plongée sous-marine. Mais sachez que bien souvent ces endroits sont jalousement gardés et cela est compréhensible vu le travail nécessaire pour débusquer les meilleures épaves…
Évidement, toutes les épaves ne se valent pas et cela pour différentes raisons comme l'état de conservation, l'exposition au courant, la taille de l'épave. Seule la prospection vous permettra de vous créer votre propre base de données.
Le lieu étant un des poissons qui peuple le plus les épaves de la Manche et celui que je cible en priorité, je me focalise en priorité les épaves profondes c'est-à-dire celles supérieures à 50m. Ce poisson ayant besoin d'eau fraiche, vous trouverez rarement de gros spécimens dans de petits fonds.
La prospection se fait tout simplement en se rendant au-dessus des épaves une à une. Il est plus aisé de pêcher une épave orientée dans le sens du courant par rapport à une orientée perpendiculairement à celui-ci.
Sur zone, la première étape est de la repérer au sondeur et de la marquer par plusieurs points sur votre GPS de façon à identifier son orientation. Dans certains cas vous ne trouverez pas l'épave. Soit parce que la structure est trop ancienne et s'est totalement effondrée, soit parce que la position est douteuse et qu'elle peut se situer à plusieurs dizaines, voir centaines de mètres, de la position annoncée.
Ici une capture d'écran que j'ai réalisée sur une épave du nord Cotentin. On peut y voir une belle concentration de lieu en activité devant l'épave ainsi que d'autres, moins actifs derrière.
Dans quelles conditions pêcher ?
Pour réussir une sortie sur épave, plusieurs paramètres sont à prendre en compte : météo, marée, courant pour les principaux. Il faut garder à l'esprit que les épaves sont de petits spots, les dérives sont courtes et vous ne pourrez pas y pêcher toute la journée d'où l'intérêt de prospecter et d'en avoir repéré plusieurs espacées de quelques miles.
La météo est évidemment le premier facteur à prendre en considération, mais cela est valable pour toute sortie en mer. Un vent trop soutenu accélérera la dérive et rendra la pêche compliquée.
Il faut regarder le courant ensuite qui est directement lié au coefficient de marée. Personnellement je ne suis pas fan des mortes-eaux, mais je préfère lorsque les coefficients sont entre 50 et 70. La vitesse de dérive due au courant reste alors raisonnable.
Enfin l'horaire de marée qui reste souvent le paramètre le plus difficile à gérer. En pleine marée, le courant sera trop fort (même par coefficient modéré) et la vitesse de dérive trop importante. Cela, conjugué à la dérive du vent, rendra la pêche impossible ou très complexe surtout par des fonds supérieurs à 50 m.
De plus, il y a un décalage de courant entre la cote et le large. C'est-à-dire que si le courant change de sens à la cote, très souvent au large la renverse se fera jusqu'a 1h30 plus tard.
J'utilise le site MARC de l'Ifremer pour anticiper mes sorties et ainsi avoir l'horaire exact de bascule de courant au large.
Pour résumer, il faut conjuguer une bonne météo, un coefficient de marée adapté avec un horaire de pêche adapté. Cela restreint grandement le nombre de possibilités. La meilleure saison reste le printemps du mois d'avril au début de l'été et j'essaye de pêcher entre 1h30 avant et 1h30 après la renverse de courant.
Maintenant que notre sortie est prête, nous allons nous concentrer sur la dérive, le matériel et les techniques de pêche à adopter.