Rodhouse existe depuis 10 ans maintenant, la structure a bien grandi, penses-tu qu'elle est, aujourd'hui, définitivement implantée dans le marché halieutique Français ?
Goulven : Oui, le rodbuilding est désormais devenu une composante intégrante de la pêche non seulement en France, mais aussi en Europe. Aujourd'hui, nous avons des ambitions à l'échelle européenne.
Désormais, le rodbuilding est une réalité économique que nul ne peut ignorer ! Certains acteurs l'ont compris et s'en accommodent, ils savent que quelqu'un de pointu, de technique au point de monter une canne, va généralement acheter un moulinet et du petit matériel. En revanche certains ne l'ont pas compris et continuent d'une certaine manière de faire la guerre aux clients-rodbuilders ! Comme si les grandes surfaces pouvaient faire faire la guerre aux gens qui ont un jardin et font pousser leurs légumes… À ceux-là, ces rodbuilders stigmatisés, je leur conseillerais de faire leurs achats dans des magasins où ils sont considérés comme des clients comme les autres.
Quels sont tes projets à moyens et longs termes sur le plan national et international ?
Goulven : C'est pour nous une année de consolidation, nous sommes dans nos nouveaux locaux de 300 m2 à Sarzeau et l'on a sorti un nouveau site internet. En effet, on travaille avec la même architecture de site internet depuis 10 ans, alors nous nous sommes dotés d'un site moderne sur lequel on a développé de nouveaux outils qui vont nous permettre de conquérir plus de débutants.
J'ai regardé cette semaine et en effet il est innovant ce nouveau site !
Goulven : Le rodbuilding ça reste compliqué pour ceux qui ne l'ont jamais abordé ou qui le regardent de l'extérieur. Donc mon ambition c'était qu'il y ait deux entrées : un accès classique plutôt destiné aux experts par le menu déroulant horizontal. Mais aussi une entrée « débutant ». Donc on a mis au point un configurateur qui fonctionne sur le principe de stories (des expériences vécues). Par exemple le gars qui veut « pêcher le bar en traction en Bretagne », il existe une storie à ce sujet… Il peut alors rentrer les mots clefs « Bretagne », « Bar » ou « traction » et il va tomber sur cette storie où on lui conseille 3 blanks, 3 poignées et 3 solutions d'anneaux adaptés à ses besoins et dans différentes gammes de prix. Maintenant on est capable en 4 clics de proposer à des clients qui ne connaissent rien au rodbuilding des solutions complètes et adaptées à leur pêche.
Pour finir de convaincre ceux qui n'ont pas sauté le pas, aujourd'hui quel est l'intérêt majeur du rodbuilding ?
Goulven : Les intérêts se jouent sur 2 tableaux : le premier c'est le matériel ! Quand tu montes une canne à pêche, tu as accès à du matériel hors norme, par exemple les blanks NFC (North Fork Composite) qui est la marque de Gary Loomis qu'on ne présente plus, les blanks Rainshadow designés par Mike Thorson qui est une autre pointure (ancien designer de St Croix), mais aussi accès aux anneaux Torzite de chez Fuji par exemple.
La 2e composante est intellectuelle. Quand tu commences à monter tes cannes, tu progresses dans ta pêche, car tu commences à te poser des questions que tu ne te posais pas avant : de quelle longueur de canne ai-je besoin ? Quelle puissance ? Quelle action ? Et quelque part, tu te déconnectes des modes et du marketing pour te recentrer sur tes besoins fondamentaux en termes de pêche. Tu te crées des outils ! À tel point, que maintenant, on est leader sur plusieurs pêches, comme le lieu en vertical avec des anneaux tournants, la traction médium qui n'existait pas il y a quelques années et nous sommes arrivés avec une gamme de cannes en 20/60 g...
Le rodbuilding permet donc une meilleure compréhension du matériel, de la technicité d'une canne à pêche et de ses besoins ?
Goulven : Exactement ! Tu progresses dans ta pêche. J'ai l'habitude de dire que mon métier c'est d'aider les gens à construire leur 1ère canne. Dans le rodbuilding, une fois que tu as construit ta 1ère canne, tu es libre, parce que tu te rends compte que c'est facile, que c'est juste coller des bouts de mousse, enrouler du fil autour de la patte d'un anneau, mettre du vernis… Du coup quand tu te rends compte de ça, quand tu sais monter une canne, tu deviens un développeur. Aujourd'hui on a 550 références de blanks en stock, quand tu décides de monter une canne, tu as accès à une variété de longueurs, d'action et de puissance sans commune mesure. Donc tu choisis un blank en fonction de ses caractéristiques, tes anneaux en fonction de tes envies, ta longueur de poignée en fonction de ta morphologie, de ton envie de donner l'avantage au poisson ou au pêcheur. Les possibilités sont infinies et tu développes une canne en fonction de tes besoins !
Maintenant que le rodbuilding est implanté dans le marché pêche, penses-tu qu'il a une influence sur la technicité du produit « canne à pêche » ?
Goulven : Oui bien sûr ! On ne compte plus les exemples de lead de rodbuilders sur le marché. Que ce soit sur certains alliages liège/Eva qu'on ne voyait pas avant, que ce soit des montages « no fore grip », des montages spiral casting, les poignées carbones qui arrivent maintenant en force,...
Il se passe en Europe exactement la même chose que ce qui se passe depuis des années aux USA ou au Japon, c'est-à-dire que le rodbuilding devient le cœur de l'innovation. Comme je l'ai dit tout à l'heure, un rodbuilder c'est un développeur. Donc 15 000 rodbuilders, c'est 15 000 développeurs qui font fonctionner leur cerveau sur des produits et qui ne se contentent pas d'approximation… Ils veulent le meilleur ! Ils font donc avancer le marché et c'est ce qu'il se produit actuellement en Europe.
Aleks Malsov est sur le stand ce we. Tu peux le présenter ?
Goulven : C'est quelqu'un qui est arrivé chez NFC en 2014. Le courant est très vite passé, c'est un pêcheur, une personne humaine, il a une carrière d'industriel et il a décidé de travailler dans le monde de la pêche vraiment par passion. C'est l'actionnaire principal et le président exécutif de NFC, la marque de Gary Loomis. C'est un plaisir de travailler avec lui, on échange tous les jours par mail, tchat,... On parle tout le temps des produits les plus adaptés à l'Europe et là par exemple un de nos gros angles c'est le thon. Donc on a développé une canne entre 250 et 275 lb de puissance, avec une longueur de 2,28 m qui va permettre de lancer des leurres et de combattre les poissons de chez nous. C'est le fruit de recherches faites avec Aleks. On les a sortis de leur bulle ! Par exemple ils préfèrent faire du monobrin et là on leur a fait faire un blank en butt joint (2 brins inégaux) pour notre marché, nos clients. Donc il est venu nous voir pour sentir la réalité du terrain, voir comment on travaille. Je crois qu'il est très agréablement surpris !
L'année dernière les grosses nouveautés étaient les blanks Xray (les premiers blanks scrimless), et les poignées carbone. En 2020 est ce qu'en termes de matériel ou d'innovation il y a encore des grosses surprises ?
Goulven : Il y a de gros projets qui vont arriver. Exemple des grips carbone spinning pour IPS, ça ne s'est jamais vu dans le monde ! C'est NFC qui produit ça avec un procédé qu'ils ont breveté et qu'ils appellent le « soft touch ». Avec la matière qui est incluse dans la résine. Donc des grips très agréables à prendre en main, même en hiver. Ça va être clairement un de nos axes de communication majeurs. Et on arrive aussi avec de nouvelles séries de blanks mouche, les séries LMX de chez NFC, design Gary Loomis et ça sort à 150 €… Des supers blanks qui ont beaucoup plu à Clermont-Ferrand et qui ont été très bien accueillis par le public et par nos pro Staff.