A cette période du printemps, l'année dernière, nous partions avec mon ami Michaël au petit large prospecter les épaves à lieus jaunes. J'ai alors préparé un circuit composé d'épaves fiables et généralement fructueuses. Premier constat, la couleur de l'eau n'est pas bonne. J'entends par là qu'elle est teintée, chargée en particules et que la visibilité est médiocre. C'est un très mauvais signe !
L'expérience parle et, en effet, les premiers spots ne donnent rien. Pas une touche à l'horizon. Nous faisons trois épaves sans succès. J'active alors le plan B : la pêche du turbot. Nous allons sur des ridens usuellement poissonneux. Les lamelles de maquereau frais sont soigneusement placées sur les montages à coulisseaux avec une empile longue et sur les tenyas. Même sanction, pas une touche dans cette eau trouble.
Au large, nous croisons de gros porte-conteneurs.
Ayant prévu une bonne réserve de carburant, je décide en milieu d'après midi de partir au large. Je sais que, rendu à ce moment de la journée, il y aura autant de navigation que de pêche. Mais la frustration est bien là, je tente le tout pour le tout. D'habitude en Manche, lorsque l'eau est bien chargée après un coup de vent, elle l'est sur l'ensemble du Détroit du Pas-de-Calais de la France à l'Angleterre. Mais parfois, il faut savoir casser les acquis et partir à l'instinct. Non seulement c'est hasardeux, mais en plus je pars vers l'inconnu sur un poste que je n'ai jamais pratiqué. Je ne sais même pas si mon point GPS est bon ! Après 30 minutes de navigation, je vois la couleur de l'eau changer progressivement. Le moral remonte. J'entends alors mon « matelot » crier « Dauphins à l'arrière du bateau ! ». Je vois alors dans le sillage un banc de dauphins qui nagent et sautent comme des fous. Quel plaisir de contempler ces mammifères semblant vouloir communiquer avec le bateau. Sourires de rigueurs, quelques clichés souvenirs et nous voilà repartis vers notre spot hauturier.
Ce nouveau spot abrite de vrais monstres !
Nous arrivons au large sur la nouvelle carcasse que j'aperçois au sondeur immédiatement. Je ne trouve rien de plus qu'une petite structure, mais suffisante pour abriter quelques poissons. La première dérive nous met en confiance, nous voyons le leurre descendre sous le bateau sur au moins 8 ou 10 mètres. A peine le leurre de Michaël arrive-t-il au fond qu'il est happé par un gros poisson. Pendant son combat, je mouline doucement vers la surface et enregistre une touche 10 mètres au-dessus du fond. S'en suit un rush puissant, nous sommes tous les deux attelés avec de jolis lieus jaunes. Non, de très gros lieus jaunes, ceux que l'on rêve de croiser au grand large !
Nous mettons au sec 5 gros poissons avant que le soir ne tombe, et je savoure ce coup de poker alors que les dauphins continuent de nager à proximité du coin de pêche. Nous faisons la route du retour par une mer d'huile comme on en rencontre rarement. Ce qui fait de cette sortie l'un de mes meilleurs souvenirs de 2019.
Les dauphins jouent alors que nous capturons de beaux lieus jaunes.
Cette pêche a été réalisée à cette période de l'année, et ce fût un plaisir de partager ce bon souvenir avec vous en cette période de confinement.
Prenez soin de vous !