Des bars aux écluses : les scientifiques sont sur le pont

Alors que depuis le début de ce confinement nous assistons à une réappropriation de leurs milieux par les animaux, c'est une nouvelle observation hors du commun qui a été faite hier sur la Seine, en plein coeur des Yvelines : des bars ont été vus à proximité d'une écluse.

Bien qu'il ne soit pas rare d'observer de petits bars en eau douce, c'est un banc de plusieurs gros individus qui a été aperçu aux abords du barrage de Méricourt dans les Yvelines.

Écluse de Méricourt dans les Yvelines

En effet, deux membres de la brigade fluviale Nautilus, chargée d'assurer la surveillance des éclusages en cette période de confinement, ont été alertés par de larges poissons argentés évoluant lentement dans peu d'eau. Croyant tout d'abord à des poissons blancs c'est en réussissant à se rapprocher qu'ils ont alors pu constater qu'il s'agissait bel et bien de bars !

« Les poissons n'étaient pas farouches et se sont laissés approcher à moins de 3 mètres ! »

La pression de pêche, une hypothèse avancée par les experts

Rapidement tenu informé de cette stupéfiante observation, le Docteur François Labrax, Président Directeur Général de Future Of The Fish Institute s'est exprimé sur le sujet :

« Nous ne sommes pas sans ignorer que sous la pression des chalutiers géants réduisant à néant la ressource à proximité de nos côtes, les professionnels de la pêche en mer doivent aller pêcher toujours plus loin pour espérer garantir le même rendement. Donc, lorsque les bars se rapprochent des côtes et se regroupent sur les plateaux en vue de la fraie entre janvier et mars, c'est une aubaine pour les gros industriels qui n'ont aucun scrupule à tendre leurs filets au milieu de ces poissons « faciles ». Je ne serais pas étonné que les poissons observés en Seine soient remontés pour trouver davantage de tranquillité pour achever leur reproduction. »

La diminution soudaine de la pollution, autre responsable

Outre la pression de pêche, Mme Moulinot, éminente Ichtyologue et Maître de conférence à l'Université de la Nouvelle-Orléans dans le Loiret, avance en complément une autre hypothèse :

« Ce phénomène n'est pas étonnant car l'ensemble des poissons de mer disposent des capacités à pouvoir évoluer aussi bien en mer qu'en eau douce. C'est la présence de certaines particules toxiques en eau douce qui va conditionner la possibilité pour la majorité des poissons marins de pouvoir remonter ou non le cours des fleuves. Les anguilles, les saumons, les mulets ou encore certains poissons plats comme les flets, n'ont aucun problème à évoluer en eau douce.» précise la spécialiste.

Mme Moulinot en appelle même à la légende qui veut qu'une frayère à bars ait été observée il y a quelques années juste au-dessus du barrage de Poses, situé à 170 km de l'embouchure de la Seine.

« Il n'y a jamais de fumée sans feu donc légende ou pas, la présence de bars aux portes de Paris ne m'étonne pas le moins du monde. »

Des pêcheurs spécialisés dans la pêche du bar en eau douce

Depuis quelques années, de plus en plus de pêcheurs se spécialisent d'ailleurs dans la pêche du bar en eau douce et cette nouvelle pourrait être une aubaine pour l'ensemble des pêcheurs sportifs voulant s'adonner facilement à la pêche en mer car il y a fort à parier que chemin faisant, de plus en plus d'espèces marines remontent dans les terres !

Nous pouvons d'ores et déjà rêver à des prises de marlins noirs depuis les quais de Seine à Paris !

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