Les jours se suivent, mais ne se ressemblent pas
Un vieil adage particulièrement bien connu des pêcheurs. Ici, nous pouvons dire que les années se suivent et ne se ressemblent pas. En effet, le début de saison de guidage 2018 fut aussi pluvieux que la fin de saison dernière fut sèche. La nature en avait certes besoin, et à bien des égards cette pluie fut salutaire, mais ce fut rude pour les corps.
Arrivés sur place fin février avec Philippe, après un road-trip de 1400 km, nous avions pris une semaine pour préparer l'arrivée des premiers clients et prendre contact avec le fleuve et certains lacs. Semaine qui fera exception au niveau des conditions climatiques... Partageant nos journées entre rangement, ménage, démarches administratives, courses et préparation des bateaux nous avons pu néanmoins consacrer 2 demi-journées à la pêche. C'est assez peu, mais suffisant pour prendre contact avec le fleuve.
Le Tage est sage
Le Tage est sage. Peut-être même un peu trop à notre goût puisque le courant est inexistant. C'est sous un joli ciel bleu et sur un fleuve d'huile que nous mettons à l'eau le bateau pour la première fois de l'année. Cela ne nous inquiète pas outre mesure, car nous connaissons le potentiel du fleuve et même si le courant est un des paramètres essentiels au déclenchement de l'activité des sandres, il n'en est pas le facteur limitant. La densité de poisson est importante et l'agressivité des poissons carnassiers grégaires est en général proportionnelle à celle-ci. En d'autres termes, même si les sandres ne sont pas connectés il est bien rare de revenir bredouille d'une session.
Les poissons sont nombreux, certes, mais les trouver n'est pas évident. Les spots les abritant ne s'appréhendent pas au pied levé et exigent une vraie connaissance. Il est indispensable de les avoir pratiqués à diverses reprises et dans différentes conditions (de vent, de courant, de niveau d'eau). Travaillant avec Philippe depuis septembre 2017 c'est donc confiant que j'entame cette nouvelle saison. Nous passerons cette première demi-journée en sautant rapidement d'un spot à l'autre après avoir validé ou non la présence de poissons.
Nous enchaînons les spots aux multiples cassures, les tombants, les plateaux, alternant linéaire et verticale. Nous prospectons, clonkons même sur des zones propices pour voir apparaître des échos de silure sur l'écran de l'échosondeur. La plupart des spots produisent, si ce n'est du poisson, au moins des touches, et après deux poissons nous allons en général voir ailleurs. Nous en profitons également pour tester des coloris de shads (Rhythm Wave, Magic Slim Shad et Magic Fat shad) que nous avions sélectionnés auparavant en fonction de plusieurs paramètres (couleur de l'eau, biomasse présente, nature du fond...). Nous finissons la journée confiants.
Une seule journée de soleil...
Arrivé la veille au soir, notre premier client aura la chance de connaître la dernière journée ensoleillée pour de longues semaines... Nous profitons d'ailleurs de ces dernières heures de soleil pour débuter le séjour par une session Bass en lac.
Le ciel gronde, le vent souffle, mais les sandres sont toujours là !
Passée cette journée, la météo change complètement et le soleil laisse place à une pluie incessante, au vent et au froid...C'est dans ces conditions que les clients suivants arrivent. S'ils sont passablement déçus par ces caprices météorologiques, cela n'entame en rien leur motivation. Il va de toute façon falloir composer avec, nous n'avons pas le choix, car s'il est bien une chose, au-delà du degré d'activité des poissons, qu'un camp de pêche ne maîtrise pas c'est bien la météo...
Il pleut sans cesse. Les deux extrêmes se rencontrent. La nature, traumatisée par la sécheresse extrême de l'année précédente et les multiples incendies, accueille cela comme une bénédiction. Jusqu'à un certain point... Il pleut avec une telle abondance que le sol ne suit plus la cadence et n'absorbe plus. L'eau ruisselle. Les lacs retrouvent rapidement leur niveau normal et même plus. Le fleuve se gonfle. Mais comme d'habitude, il va falloir s'adapter.
Sur le fleuve, nous subissons souvent plusieurs marnages au cours d'une même journée nous obligeant à jongler entre pêche à l'ancrage, en dérive contrôlée, pêche courte et verticale dans les amortis lorsque le courant, trop puissant, ne nous autorise plus à pêcher la pleine eau.
Il est essentiel d'être à ce que l'on fait, car la recherche du sandre ne laisse que très rarement place au hasard, et c'est encore plus vrai dans ces conditions. En effet, trouver le bon compromis « leurre souple – tête plombée » lorsque l'on doit considérer la vitesse de dérive, la force du vent, celle du courant, la profondeur et finalement l'action que nous souhaitons donner à notre montage n'est pas la chose la plus aisée. Mais cette difficulté rend la prise d'un sandre encore plus savoureuse, car, si les conditions de pêche pour rechercher le sandre sont délicates, avec application et persévérance cela finit toujours par payer. En témoignent les nombreux sandres leurrés dans ces conditions en ce début de saison ! Certains clients repartiront même avec leurs records personnels.
En ce qui concerne les lacs, ils se voient rapidement remplis par leurs tributaires qui dévalent les collines en drainant une eau chargée. Les eaux, habituellement très claires, sont donc maintenant turbides par endroit. Les Bass, comme tous les poissons, deviennent plus capricieux durant cette période et il faudra bien souvent trouver la technique et le leurre qui fonctionnent à un instant « t » pour en changer quelque temps après et enchainer sur une autre technique productive. En général, il est bon de débuter la pêche en employant une technique permettant de peigner les différentes couches d'eau afin de se faire rapidement une idée du degré d'activité des poissons ainsi que de leur tenue sur la colonne d'eau. Privilégier l'emploi du Spinnerbait ou d'un Crankbait Deep runner pour la pleine eau, privilégier un montage Texas ou Carolina sur les postes marquées et, de manière générale, de leurres relativement bruyants dans les eaux mâchées afin de déclencher des attaques réflexes. Dans ces conditions, et lorsque le vent est présent, le Rerange 130 SP fait des merveilles et, en ce début de saison, compte déjà un certain nombre de Lunkers à son actif !
Le calme après la tempête
Au fil des semaines, ces conditions météo exceptionnellement médiocres s'améliorent peu à peu et bientôt arrivent les premières pêches verticales à la recherche du silure. Une première session-test de 2 heures se soldera d'ailleurs par la prise de 8 poissons !
Parfois réticents à la recherche du silure pendant quelques heures sur les phases de faible activité des sandres, certains clients ont bien du mal à quitter l'écran de l'échosondeur des yeux lorsqu'il s'agit de repartir en quête du carnassier roi des fleuves portugais !
L'eau des lacs, elle, s'éclaircit, la végétation se développe et nous assistons aux premières éclosions de libellules. Les approches en finesse peuvent alors être davantage employées et nous pouvons dès lors sortir plus souvent les frogs, stickbaits et autres leurres de surface. Les eaux plus claires, plus chaudes et la manne alimentaire virevoltant juste au-dessus du miroir de l'eau incitent de plus en plus les Bass à crever la surface pour se nourrir. Il ne faut pas manquer ces phases d'activité en surface, la pêche en topwater étant si riche en sensations !
Un climat de saison est désormais bien installé sur les montagnes portugaises et reflète bien plus ce qu'est habituellement un séjour de pêche en terres lusitaniennes : une expérience globale navigant entre dépaysement, qualité de pêche et douceur de vivre !
Les eaux calmes du Tage ne sont qu'apparence... dessous, c'est une activité frémissante qui attend les clients toujours impatients de venir taquiner les sandres portugais. Inutile de préciser que le cadre est non seulement exceptionnel pour ce beau poisson, mais qu'il l'est aussi pour les pêcheurs. Car sur le Tage, l'homme se sent petit et le poisson est roi.
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Philippe Jorge