Fish & Curious / Vincent De Bruyne : "Pêcher le brochet à vue dans les milieux encombrés"

© Vincent De Bruyne

Fish & Curious #2 - Voici le deuxième opus de la série "Fish & Curious" qui vient dans la continuité de l'interview "Paroles de guide" consacrée à Vincent De Bruyne. Vincent fait référence ici à sa passion pour le brochet, au sectarisme dans la pêche en France, à ses inspirations et ses souvenirs.

Quel poisson préfères-tu pêcher ?

Vincent De Bruyne – En eau douce, le brochet, indéniablement. Pour ce qui est de la mer, la carangue ignobilis ! (rires)

Quelle est ta technique favorite ? 

Vincent De Bruyne – Pour le brochet, ce n'est pas à proprement parler une technique, mais plutôt une manière de pêcher : pêcher le brochet à vue dans les eaux claires et les petits milieux encombrés. Après, j'aime aussi beaucoup pêcher le broc en Crancking Shad (pêche au Shad en linéaire) dans les grands milieux. J'adore cette dernière approche pour la multitude de touches possibles. La touche qui t'arrache presque la canne des mains, le petit – Poc ! – dans la ligne qu'il ne faut surtout pas ferrer et puis ces touches « suspendues » typiques des gros où tu as l'impression de perdre le contact pendant une fraction de seconde juste avant de sentir la lourdeur du poisson ! Après, je te dirais que j'aime toujours, de temps en temps, mettre un bouchon avec un vif ou pêcher les goujons les pieds dans l'eau par exemple. Pour moi, un bon pêcheur doit pratiquer plusieurs techniques puisqu'elles sont toutes complémentaires, que ce soit la pêche au coup, le toc, la carpe, la pêche aux leurres, etc. Je ne suis pas fan du sectarisme que l'on constate dans la pêche de manière générale en France ou de l'hyper spécialisation aux US par exemple. L'image de la pêche qui est véhiculée aux US et l'économie générée sont néanmoins géniales ! Je favorise même ce schéma ! Je prends souvent l'exemple de la pêche aux États-Unis lors de discussions avec des clients pour notamment leur faire comprendre que la pêche est un Business, que certains cherchent à en vivre.

Quelle est ta saison favorite ? 

Vincent De Bruyne – J'ai trois saisons favorites ! Le printemps et l'automne pour le brochet en général et l'été pour le brochet en rivière. Le brochet est souvent délaissé en rivière l'été et pourtant…

Quel terme définit le mieux ta vision de la pêche ? 

Vincent De Bruyne – L'adaptabilité.

Pêche solitaire ou à plusieurs ? 

Vincent De Bruyne – À plusieurs !

Lac ou rivière ? 

Vincent De Bruyne – Les deux ! Je ne peux pas choisir, je passe 50% de mon temps en lac et les 50% restants en rivière !

Bière ou café ? 

Vincent De Bruyne – Fanta. (rires)

Quel pêcheur t'as le plus inspiré ? 

Vincent De Bruyne – Le pêcheur qui m'a le plus inspiré, qui m'inspire toujours et qui m'a permis d'en être là, de faire ce que je fais comme je le fais, c'est Laurent Labat, le propriétaire du Moulin de Sauvage qui est malheureusement décédé. C'était un pêcheur sans chichis. Il prenait la première canne qui lui tombait sous la main, peu importe l'état de la tresse et du leurre qui était accroché au bout et me disait : "le plus important pour attraper un poisson ce n'est pas ça, mais l'intention que tu y mets". Avant de connaître par cœur le nom des leurres, être à la pointe de l'offre de matériel faite aux pêcheurs, il faut avant tout aller à la pêche. Voilà, c'était sa philosophie et c'est une philosophie à laquelle j'adhère totalement. Si je peux avoir plus, tant mieux, autrement, ça m'est égal.

Vincent et Laurent Labat

Tu dois partir à la pêche avec 3 leurres : lesquels ? 

Vincent De Bruyne – Pour le broc : Un Shad, un Hard Swimbait et un Jerkbait. Avec ça, tu dois pouvoir tout faire.

Pas de Spinnerbait ? 

Vincent De Bruyne – Ah ouais c'est pas con, j'aurais pu mettre un Spinner… J'ai répondu à ta question parce qu'il fallait choisir 3 leurres, et pour te faire plaisir, mais en vrai je pêche 95% du temps au leurre souple ! (rires)

Pêche du bord ou en embarcation ? 

Vincent De Bruyne – Embarcation.

Float-tube ou bateau ?

Vincent De Bruyne – Ah…Bateau ou Float-Tube ?...Arf, Bateau quand même.

Pêche en silence ou pêche en musique ?

Vincent De Bruyne – Pêche en silence.

Pêche en France ou à l'étranger ? 

Vincent De Bruyne – Ah…Les deux.

Coup du matin au coup du soir ? 

Vincent De Bruyne – Coup du soir ! Au coup du matin, je dors ! Et ça, tout le monde le sait. Tous ceux qui pêchent avec moi sont au courant ! (rires)

Quel est ton meilleur souvenir de pêche ? 

Vincent De Bruyne – Mon meilleur souvenir de pêche ?! Ah p**@%N, c'est chaud ça quand même… Des meilleurs souvenirs j'en ai plein ! (rires)

Magré tout, un souvenir de pêche qui m'a fait vibrer est le premier brochet d'1,20 m que j'ai fait prendre à un pêcheur en France. L'histoire est rigolote. Mathias, un client, vient pour 3 jours de guidage. On fait une première journée en canoé, le lendemain en bateau sur un plan d'eau privé et le troisième jour nous allons sur le lac du Der puisque les lacs de la Forêt d'Orient n'étaient pas encore ouverts à ce moment-là. Je ne connaissais pas du tout ce lac à l'époque, j'avais juste réussi à glaner 2-3 infos, et notamment une bonne zone à pêcher en début de saison. On décide avec Mathias de partir à l'aventure, de la jouer à quitte ou double. On finira la journée avec 8 brochets, dont le fameux 120 cm ! Et la cerise sur le gâteau est que Mathias voyage beaucoup. Il avait déjà fait quelques destinations à l'étranger à la recherche du brochet, avec l'espoir de toucher un poisson record. Et finalement, il touche son poisson record en France, sur le domaine public et sur un coup de Poker ! (rires)

Ta mésaventure la plus drôle ?

Vincent De Bruyne – Il faut revenir en 2013, à l'époque où nous guidions, Matthieu Shöttler et moi-même, en Estremadure au sein du camp de pêche Pesca Extremadura. Alors que les clients sont encore au petit déjeuner, nous partons avec Matthieu mettre les bateaux à l'eau pour gagner du temps. Arrivés à la mise à l'eau, il y a déjà du monde et ça bouchonne un peu. On décide alors de dételer la première remorque avec un des bateaux dessus, de la garer sur le côté en mettant une pierre derrière une roue pour que je puisse aller chercher le deuxième bateau. Je remonte alors dans la voiture et j'entends Matthieu, qui était resté dehors, crier « Vincent ! Vincent ! ». Je le vois alors agrippé à la flèche de la remorque qui avait réussi à pivoter et qui entamait sa loooongue descente vers le bas de la cale de mise à l'eau ! La remorque, le bateau et Matthieu ont fini leur course dans une voiture garée en bas. Moralité : nous n'avons pas gagné de temps et nous n'avons pas mis de bateau à l'eau… La chance dans cette histoire est que c'est un garde-boue de la remorque qui est venu s'encastrer dans le pare-chocs de la voiture. Il n'y a pas eu de grosse casse, heureusement. Ça s'est terminé avec un petit constat à l'espagnole et voilà ! (rires), mais ça aurait facilement pu se terminer en très mauvais souvenir s'il avait fallu qu'il y ait plus de dégâts matériels et pire, que quelqu'un soit blessé. On a eu de la chance… Un mauvais souvenir qui se termine bien.

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