Salut Étienne, merci d'être sur le pont ce matin. Avant d'entrer dans le vif du sujet, peux-tu te présenter aux lecteurs de Pêche.com Magazine ?
Étienne Branchu – Étienne Branchu, j'ai 27 ans. Je suis originaire d'Elbeuf, en Seine Maritime. Mon premier contact avec la pêche date d'une pêche au coup en bord de Seine avec mon père. Je devais avoir 4-5 ans. Puis vers 10 ans j'ai commencé à rencontrer certains autres pêcheurs de mon âge qui sont par la suite devenus des amis. On s'est mis au coup, au quiver puis à la pêche au vif. Comme je n'avais jamais de départ en pêchant au vif, je me suis donc mis au mort-manié et j'ai commencé à avoir des touches ! Tout est parti de là ! (rires)
Plus tard, une autre grande étape dans ma vie de pêcheur est la découverte du collectif Roots Fishing (collectif créé par Xavier Luzuy en 2004 ndlr) qui m'a permis de rencontrer d'autres personnes, de connaître d'autres spots. Et puis il y a eu les compétitions comme le FTF Open Street Paris, les Challenges Roots Fishing, l'Open Street CARNOKILL de Mantes-la-jolie, etc.
Pourquoi as-tu décidé de devenir Moniteur Guide de Pêche ?
Étienne Branchu – Ma situation actuelle est finalement assez liée à l'Open Street CARNOKILL de Mantes-la-Jolie. C'était une compétition qui réunissait beaucoup d'équipes et le niveau était plutôt élevé. Lors de ma première participation je me ramasse totalement si bien que l'année suivante je décide de faire ce que je sais faire, à savoir, du drop shot et du plomb palette. Carton plein. Je termine deuxième avec un gros quota perche. Je réitère l'année suivante avec un quota sandre en plus du quota perche. C'est à ce moment que j'ai eu le déclic. L'école n'étant pas vraiment mon truc, j'ai décidé de tout donner dans la pêche. Beaucoup de choses ont découlé de ce choix. Il y a eu beaucoup de voyages, de découvertes, mes premiers sponsors, etc. Pendant 3 ans, il n'y a pas eu une seule journée sans que je ne sois au bord de l'eau, non pas pour être le meilleur, mais pour tenter de comprendre un maximum de choses, alimenter au maximum mon expérience.
Depuis combien de temps exerces-tu en tant que guide ?
Étienne Branchu – J'ai passé mon diplôme de Moniteur Guide de Pêche (BPJEPS – Brevet Professionnel de la Jeunesse, de l'Éducation Populaire et du Sport ) en 2015. En 2016 j'ai eu mon premier poste en tant que guide au Lappland Pro Natur. Je suis depuis 2018 guide pour le camp de pêche Extremadura Monsters en Espagne. Même si tout a été très rapide pour moi ces 4 dernières années je garde les pieds sur terre. Les potes des débuts restent les potes d'aujourd'hui, ils étaient là avant tout ça. C'est important pour moi. C'est sérieux mais ce n'est que de la pêche.
Quels types de produits de guidage proposes-tu ?
Étienne Branchu – Suite à mon retour de Suède en 2017, et avant d'aller travailler en Espagne, j'avais lancé à Rouen un petit projet qui s'appelait « Pêche ta ville » et qui fonctionnait vraiment bien. Le concept était simple : 2h de pêche du bord accès 100% technique par groupe de 2 pêcheurs maximum. Je calais les créneaux de guidage sur les créneaux que les personnes avaient de disponibles comme les pauses déjeuner, le week-end, etc.
Depuis 2018 je suis donc guide chez Extremadura Monsters. Nous proposons des séjours à la semaine sur une base de 6 jours de pêche aux leurres en bateau sur les grands lacs d'Estrémadure à la recherche des brochets, black bass et sandres principalement.
Qu'est-ce qu'être guide de pêche pour toi ?
Étienne Branchu – Très bonne question ! Pour moi c'est d'abord rester humble face au milieu aquatique, quand bien même tu passes la majorité de ton temps au bord ou sur l'eau, car ce milieu tu le connais mais tu ne le contrôles pas. Un poisson est vivant. Ce métier implique une remise en question perpétuelle et te permet de prendre beaucoup de recul sur toi-même. Il faut donc être doté d'une bonne capacité d'analyse, avoir envie de partager, être à l'écoute. Le relationnel est essentiel également.
Que fais-tu lorsque tu ne guides pas ?
Étienne Branchu – Disons que niveau pêche je suis très curieux, j'aime expérimenter plein de choses et si tu veux être bon partout, tu n'as jamais assez le temps donc je pêche très souvent sur mon temps libre ! Il y aussi le surf qui prend une part importante parmi les choses que j'aime faire dans la vie donc dès que j'ai l'occasion de pratiquer j'en profite !
Quel regard portes-tu sur le guidage en France ?
Étienne Branchu – La valorisation de ce métier en France est difficile. Quand tu vois qu'on réhabilite la pêche professionnelle, que les 400 pêcheurs pros français sont aidés financièrement par l'Europe et que dans le même temps les Moniteurs Guides de Pêche, qui ont passé un diplôme, ne reçoivent quasiment rien, tu te rends facilement compte que le métier de guide n'est pas suffisamment reconnu, tout simplement. Un Moniteur Guide de Pêche valorise un territoire et fait vivre beaucoup plus de personnes qu'un pêcheur professionnel qui va barrer un cours d'eau avec un filet… C'est quelque chose qui me fait du mal… En France nous avons un territoire de pêche phénoménal avec un gros potentiel mais on ne l'exploite pas… Certains pays comme les US ou le Canada sont des pays « consommateurs de guides de pêche ». Faire appel à un guide va de soi et le système est organisé pour valoriser et protéger ce métier. C'est loin d'être le cas en France.
Je refuse cette vision « tu es guide de pêche, tu ne peux pas gagner ta vie ». C'est un métier-passion certes, mais c'est avant tout un métier qui plus est très chronophage. Sans courir après l'argent, le but n'est pas non plus de décrocher un SMIC qui, de toute façon, ne te permettra pas de vivre.
Quel(s) conseil(s) aurais-tu à donner aux personnes qui souhaiteraient se lancer dans cette aventure ?
Étienne Branchu – Il ne faut pas avoir peur de l'échec. Ne pas avoir peur de faire des sacrifices. Plus qu'un métier, être guide de pêche est un style de vie. Il faut croire en soi, ne pas se mettre de barrière et avoir les crocs !
En tant que pêcheur quel est ton rêve ?
Étienne Branchu – Charger les tentes et les float tubes dans le camion et partir avec les potes pêcher un territoire de ouf. C'est le genre de schéma dont je peux rêver la nuit ! Après j'avoue que pêcher le Bass aux US et le Peacock en Amérique du Sud, ce sont deux choses qui me tenteraient bien. Il y a un moment où les vidéos ne suffisent plus, il faut vivre les choses ! Mais quoi qu'il arrive je préfère l'eau douce à la mer. Je ne rêve pas de carangue, de thon, ou de big game en général. Un smallmouth ou un peacock de 500g au Stickbait en topwater, ça m'irait très bien ! (rires)
Merci Étienne !