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Depuis plusieurs années maintenant, l'univers de la pêche sportive aux leurres a eu un regain d'intérêt pour ce poisson et à juste titre. Pouvant être pêché de multiples façons, l'utilisation d'imitations d'insectes à la période estivale est certainement la plus ludique et une des plus techniques de toutes !
Le chevesne : ses mœurs et sa situation en France
Le chevesne ou chevaine (Squalius cephalus) est un cyprinidé au comportement plutôt grégaire et très opportuniste du point de vue alimentaire. Il s'agit en effet d'un poisson omnivore consommant aussi bien de petits invertébrés, des insectes, des fruits et n'hésitera pas non plus à se lancer à la poursuite de petits poissons blancs. Il en découle logiquement un grand nombre de techniques permettant de le pêcher. Par ailleurs, c'est une espèce très bien représentée dans nos eaux françaises de 2ème catégorie. Deux caractéristiques qui rendent sa recherche particulièrement intéressante.
À la saison estivale, les chevesnes remontent dans la couche d'eau. Le chevesne est là, quasiment immobile à proximité de la surface ou bien maraudant lentement en pleine eau ou encore, en bordure à l'ombre des frondaisons, souvent à l'affût de la chute de tout ce qui pourrait répondre à son régime alimentaire. C'est bel et bien en été qu'ils sont le plus enclins à se nourrir en surface.
Soigner son approche
Le chevesne est un poisson très méfiant doté d'une vision très développée. Il faut en tenir compte lorsque l'on part à sa recherche. Après de nombreuses années passées à le traquer au cours de longues soirées d'été j'ai pu observer des comportements caractéristiques de ce poisson à la vue d'un pêcheur. Il peut classiquement fuir après vous avoir vu ou bien, étonnamment, rester en poste. Dans ce dernier cas il vous sera bien difficile voire totalement impossible de le décider. L'approche est donc déterminante.
De plus, en été les poissons sont très mobiles et peuvent être postés en de nombreux endroits différents et notamment très proches de la berge sur laquelle vous vous trouvez. Soyez le plus discret possible, essayez de vous camoufler au maximum (en portant des vêtements de couleurs sombres par exemple. Le blanc est à proscrire !) et faites attention au soleil et aux ombres portées ! Il est donc fondamental de bien réfléchir à la manière d'aborder un poste afin d'optimiser la présentation de son leurre.
La présentation du leurre
Il s'agit de l'une des pêches les plus techniques que je pratique car en général, un chevesne ne vous donnera pas plusieurs essais pour tenter de le duper. Il arrive qu'on réussisse à faire craquer un poisson au bout de plusieurs lancers successifs au même endroit avec le même leurre mais cela reste exceptionnel. Il faut partir du principe que le premier lancer doit être le bon ! Il faut économiser ses lancers, optimiser chacun de ses mouvements et ne lancer qu'à la vue d'un poisson. C'est bien souvent lorsque l'on tente un lancer « à l'aveugle » que l'on voit passer dans ses pieds un poisson en maraude. Quelle frustration… Un conseil donc : lorsque vous êtes sur une zone que vous savez propice il est parfois bon de se poser immobile en bordure et de patienter quelques instants dans l'espoir de voir passer un poisson devant soi.
Après avoir soigné votre approche, un poisson est maintenant en vue. Il vous faut maintenant lui proposer votre leurre de façon optimale. L'idéal est de lancer devant le poisson et évitez autant que possible de lui lancer dessus ou de le toucher avec la bannière. La moindre bizarrerie éveillera bien souvent la méfiance des poissons, et encore plus celle des plus gros qui sont aussi les plus expérimentés. Un leurre mal présenté, un lancer hasardeux, une vitesse de dérive trop rapide à cause du vent qui s'engouffre dans la bannière et c'est l'échec assuré.
Le ferrage ou comment maîtriser ses nerfs
Comme toutes les pêches à vue une erreur trop souvent commise est de vouloir ferrer trop tôt. C'est un réflexe tout à fait normal lorsque l'on débute ce type de pêche mais qui occasionne beaucoup de loupés. Il est essentiel de garder son sang-froid lorsque l'on voit le poisson gober le leurre, de le laisser se retourner jusqu'à sentir son poids sur la ligne avant de ferrer. Une pêche qui permet de travailler la maîtrise de ses nerfs !
Le coup du soir en rivière
Même s'il est possible de déjouer la méfiance légendaire du chevesne à tout moment de la journée en été, j'ai une très nette préférence pour le coup du soir, au moment où les insectes descendent à proximité de la surface de la rivière ayant pour effet de déclencher l'activité des poissons. Le mode « compétition alimentaire » s'enclenche, les poissons abaissent leur niveau de vigilance et sont donc moins difficiles à leurrer. Dans ces conditions il n'est pas rare d'enchaîner plusieurs gros poissons sur un même spot. De plus, lorsque la luminosité baisse il arrive que l'on ne distingue plus les poissons que par les bruits générés par leurs gobages à la surface. On utilisera alors davantage ses oreilles que ses yeux pour lancer au plus proche des gobages !
Une pêche de saison ludique, technique et formatrice
Je pense qu'il s'agit d'un des poissons grâce auxquels j'ai le plus appris depuis que j'ai débuté la pêche. Ayant très longtemps souffert de son statut de truite de seconde zone, la quête du chevesne s'avère pourtant passionnante et très riche du point de vue de l'apprentissage. Pour les plus réticents on dira que lorsque les carnassiers sont moins actifs en journée, la pêche du chevesne représente une alternative des plus intéressantes. De plus, celle-ci réserve régulièrement des surprises et il ne sera pas rare d'éveiller l'interêt d'autres poissons tels que le rotengle, la perche ou le black-bass pour ne citer qu'eux.