Salut Lionel, peux-tu dans un premier temps te présenter aux lecteurs de Pêche.com Magazine ?
Lionel Fumagalli – Salut, je m'appelle Lionel Fumagalli, j'ai 34 ans, j'habite un petit village de Haute-Saône dans la région Bourgogne Franche-Comté. Je suis pêcheur depuis toujours et j'ai fait de ma passion mon métier en devenant Moniteur Guide de Pêche il y a 3 ans. J'exerce dans une région qui m'offre la possibilité de proposer des prestations pêche très variées sur les carnassiers, la truite ou encore la pêche au coup qui sont toutes des techniques que je pratique depuis mon enfance.
Pourquoi es-tu devenu guide de pêche ?
Lionel Fumagalli – Initialement j'ai fait des études dans les espaces verts et aménagement de l'espace et durant les 8 années qui ont précédé mon établissement en tant que guide de pêche j'étais pépiniériste. J'avais un certain confort de vie, mon travail n'était qu'à quelques kilomètres de chez moi, j'avais un salaire fixe, etc. Mais depuis longtemps me trottait dans la tête le fait de faire de ma passion pour la pêche mon activité professionnelle. Même si j'aimais vraiment mon ancien boulot je voulais vivre pour mon métier, me donner à 100%. Lorsque je serai vieux j'ai envie de regarder derrière moi et d'être fier de ce que j'ai accompli. J'ai toujours aimé partager, j'ai toujours kiffé emmener mes potes à la pêche donc un jour je me suis sérieusement posé la question : pourquoi pas moi ? Et voilà.
Quels types de produits de guidage proposes-tu ?
Lionel Fumagalli – Je propose des prestations sur la pêche des carnassiers (brochet, sandre, perche, black bass, silure) aux leurres en bateau, float tube ou du bord en fonction de l'attente des pêcheurs et des milieux pêchés. Je guide également sur la pêche de la truite aux leurres en 1ère catégorie, la pêche du corégone – que je réserve à mes bons clients pour l'instant – et la pêche au coup, notamment en carpodrome à la grande canne, à l'anglaise et au feeder. Comme je le disais en introduction, le patrimoine halieutique de ma région me permet de m'adapter facilement et de proposer les meilleures prestations possibles à mes pêcheurs en fonction de leurs envies, de leur niveau, de la saison et des conditions météo. Sauf en cas d'orage, qui m'obligera à décaler une session de guidage car je ne veux pas prendre le moindre risque, il y aura toujours un plan B.
Aussi, même si 80% de mes guidages concernent la pêche des carnassiers en bateau, je n'ai pour autant jamais délaissé la pêche au coup lorsque je pêche pour moi. Je viens d'ailleurs de la pêche au coup à la base, j'ai été compétiteur pendant 10 ans. C'est donc une discipline que je maîtrise et que je peux proposer en guidage. Je pense que c'est la discipline où il y a le plus de subtilités à maîtriser que ce soit la gestion des esches sur le coup, la couleur, la granulométrie de l'amorce, sa mécanique, etc. C'est passionnant !
Qu'est-ce qu'être guide de pêche pour toi ?
Lionel Fumagalli – C'est être au service des autres, être à l'écoute, savoir s'adapter en fonction des pêcheurs, de leurs attentes, de leur niveau. Être capable de s'adapter est peut-être la première qualité requise pour devenir Moniteur Guide de Pêche. Ensuite être guide de pêche c'est évidemment partager et véhiculer certaines valeurs également. Et puis il faut être pro.
Tu pêches ou pas lorsque tu es en guidage ?
Lionel Fumagalli – Personnellement, je ne pêche pas pendant mes guidages hormis sur les pêches verticales du sandre, notamment pour trouver le plus rapidement possible ce qui fonctionne. De plus, je ressens mieux les choses lorsque j'ai une ligne dans l'eau ce qui me permet donc de gérer plus facilement la dérive. Tous les guides n'ont pas forcément la même approche mais j'ai personnellement fait ce choix pour pouvoir me consacrer à 100% à mes pêcheurs. Je pense que c'est dans ces conditions que tu es le plus à même de voir des petites choses que ne vont pas par exemple. Mais c'est très personnel. J'entends souvent que cette façon de faire est la norme et je ne suis pas d'accord. C'est la mienne mais il n'y a pas qu'une seule façon de guider. D'autres guides pêchent avec leurs clients et ça se passe très bien.
D'ailleurs, même si 98% du temps je ne pêche pas, il m'arrive de pêcher à la demande d'un client. Je me suis déjà retrouvé dans la situation où un client venant seul me demande de pêcher avec lui parce qu'il préfère ! J'essaie d'esquiver la demande, de botter en touche mais savoir s'adapter c'est aussi ça. C'est moi le chef mais c'est lui le roi !
Que fais-tu lorsque tu ne guides pas ?
Lionel Fumagalli – J'essaie d'aller à la pêche pour moi mais finalement il s'agit davantage de sessions qui servent mon activité. Je vais faire des pré-fishing, prospecter, etc. Si par exemple les brochets sont un peu difficiles depuis quelques temps sur les méthodes traditionnelles, je vais sortir pour tester d'autres choses, essayer de trouver un leurre qui peut faire la différence.
Je passe donc une partie de ce temps sur l'eau mais je vais aussi le mettre à profit pour préparer le matériel, m'occuper de ma communication sur les réseaux sociaux, de mon site internet, pour écrire des articles également. Aussi j'essaie de garder ma fille au moins une journée par semaine pour passer du temps avec elle. Et puis j'ai repris un peu le BMX depuis quelques temps ! J'aimerais réussir à faire 1 ou 2 coups du soir BMX par semaine, ce serait top ! (rires)
Quel regard portes-tu sur le guidage en France ?
Lionel Fumagalli – Franchement, il y a beaucoup trop de pêcheurs qui s'improvisent Moniteur Guide de Pêche, des pêcheurs qui ne savent pas trop quoi faire de leur vie et qui se lancent dans cette activité sans réelle motivation ou ambition. Il y a trop de personnes qui sortent diplômées chaque année. Après je te dirais que ces personnes exercent 1 ou 2 ans puis arrêtent en général, faute d'avoir suffisamment de clients et ces personnes, pendant 2 ans, auront eu le temps de véhiculer une image négative du guidage en France auprès de leurs clients. De ce point de vue, je trouve que la formation n'est pas assez sélective et c'est l'image générale du métier qui en pâtit et dans le contexte du guidage en France nous n'avons pas besoin de ça…
Aussi, il faut que le métier de Moniteur Guide de Pêche soit davantage reconnu justement parce qu'il s'agit d'un métier à part entière… Et puis ce ne doit pas être un métier pour arrondir ses fins de mois ou acheter son matos de pêche. Trop de personnes font ça. Pour donner un exemple, les personnes qui vont prendre 2 guidages par mois à 300€, me piquent potentiellement plus de 20 guidages par an alors que dans mon cas il s'agit d'une activité principale. Après je pourrais dire que c'est le jeu puisqu'ils ont le droit de faire comme ça…
Enfin, je trouve que la parole est trop souvent donnée aux mêmes personnes, on voit toujours les mêmes têtes. Je ne suis pas foncièrement contre cette forme d'élitisme qui doit certainement tirer les choses vers le haut, néanmoins il n'y a pas que trois guides en France. On ne distribue pas suffisamment de parts de gâteaux.
Quel(s) conseil(s) aurais-tu à donner aux personnes qui souhaiteraient se lancer dans cette aventure ?
Lionel Fumagalli – Être bien certain que les planètes soient alignées au moment de se lancer c'est-à-dire être sûr de pouvoir concilier la vie de famille et son activité professionnelle qui nécessite de se donner à 100%. Être prêt à faire des sacrifices. Devenir Moniteur Guide de Pêche c'est vivre pour ce métier. Plus qu'un métier, c'est un véritable style de vie.
En tant que pêcheur quel est ton rêve ?
Lionel Fumagalli – J'imagine bien un Road Trip avec les potes dans le nord du Canada à la recherche du brochet, une manière de réunir les amis et la pêche dans des grands espaces sauvages.
