Suite à notre tentative au vif les jours précédents au large de Belle-Île, à la faveur d'un créneau météo de courte durée nous décidons de prendre la route pour les Côtes-d'Armor afin de tenter notre chance aux leurres.
Un réveil aux aurores pour une sortie de quelques heures
Cette aventure nécessite plus de 4 heures de route et nous savons que la mer ne sera praticable que jusqu'à midi. Motivés, il est 3h45 quand nous tournons la clef de contact. Le jour n'est pas encore levé que le bateau est déjà à l'eau et aux premières lueurs nous naviguons à 2 miles des côtes dans la zone où des amis ont capturé quelques thons la semaine précédente.
Les cannes, des RTP 80H de Rainshadow d'une puissance de 100lbs, munies de poppers et leurres souples, sont prêtes à être dégainées le plus vite possible et ce sont les yeux rivés vers l'horizon que nous cherchons les premiers signes d'activité.
Une première chasse et un premier échec
Nous naviguons donc à une quinzaine de nœuds et essayons de repérer des « splashs » en surface et des puffins, ces petits oiseaux noirs qui suivent bien souvent les thons. Il nous faudra attendre une bonne heure, et que le soleil brille, pour voir une première belle chasse se déclencher. Le trajet est rapide, l'arrivée la plus discrète possible à distance de lancer. Nous découvrons alors un banc de gros spécimens chassant et sautant à la surface.
Au deuxième lancer, mon Feed Popper 175 sera englouti par un de ces géants ! Malheureusement, à peine avais-je annoncé la touche à mes partenaires qu'il se décrochera... Si l'adrénaline d'un rush brutal envahit mon corps et mon esprit, la déception de ce premier échec me laisse sur ma faim. Il nous reste simplement à espérer une seconde chance…
Une attente de courte durée
Quelques minutes plus tard, une nouvelle chasse explose à quelques centaines de mètres de nous ! Nous sommes alors trois bateaux à l'exploiter et c'est au même instant qu'un bateau « concurrent » et mon ami Benoît se retrouve attelés. Cette fois-ci, le poisson est bien ferré et nous démarrons l'embarcation pour suivre le poisson sur les premières minutes avant qu'il ne sonde à la verticale, 25 mètres sous notre semi-rigide.
Commence alors une lutte intense qui impose de prendre des relais. En effet, avec 13kg de frein et un poisson de cette puissance, il est nécessaire de pouvoir lui mettre constamment la pression et donc de lui offrir un opposant frais et plein de force.
Un combat court et un lignage efficace
Par chance, nous sommes tombés sur un thon « gentil » ! En effet, s'il est arrivé à mes amis de devoir combattre certains thons pendant plusieurs heures, celui-ci s'est rendu relativement rapidement. Le combat, intense, qui impose un travail important du dos, des bras et des cuisses durera une vingtaine de minutes.
Pendant cette épreuve de force, nous gagnerons mètre après mètre la tresse vidée lors du premier rush jusqu'à saisir la tête de ligne en shockleader 150lbs. Il est alors à la surface, à la portée de nos bras et nous glissons la pince à poisson autour de sa mâchoire inférieure pour le maintenir le long de la coque.
Nous embrayons alors à 2 nœuds pour l'oxygéner et le maintenir en vie. Rapidement décroché, nous effectuons les photos souvenirs de cette incroyable prise dans un moment d'euphorie incomparable avant de le voir regagner les profondeurs.
Un retour heureux
S'il nous reste encore un peu de temps devant nous, la concentration est bien différente sur le bateau à présent. Nous sommes légers et nous flottons dans une ambiance singulière. Il ne s'agit pas là uniquement d'un nouveau poisson, ni même d'une grosse prise, mais de la découverte de toutes nouvelles sensations qui donnent tout leur sens au terme de pêche sportive et de combat. Car oui, maintenant que je l'ai vécu, je peux en témoigner : se mesurer à de tels spécimens est un sport, musculairement et nerveusement fatiguant, mais aussi une source d'émotions comparables à celles que l'on peut vivre lors d'une compétition. Une chose est certaine, je suis maintenant complètement piqué et il me tarde d'y retourner.