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Caractéristiques morphologiques
L'aspe (Aspius aspius) est un cyprinidé au corps massif et allongé pourvu de petites écailles. Il est doté de petits yeux et d'une bouche orientée vers le haut caractéristique des poissons se nourrissant proche de la surface. Sa puissante bouche se distingue par une mâchoire inférieure proéminente faisant de l'aspe un poisson prognathe comme le black-bass ou le brochet par exemple. Ses nageoires pectorales sont larges, triangulaires et saillantes, n'étant pas sans rappeler les voiles d'un voilier. Aussi, sa large et puissante nageoire caudale est assez caractéristique.
Côté coloration, l'aspe présente des flancs clairs argentés (voire dorés), un dos verdâtre et un ventre blanc. Niveau taille, en France la population continue de se développer et il n'est plus rare de croiser, sur les secteurs où il est bien implanté, des poissons de 70 cm et plus, sachant que l'aspe peut dépasser le mètre et peser plus de 10 kg, ce qui en fait un des cyprinidés les plus grands d'Europe !
Colonisation et répartition en France
A l'instar de la carpe, du sandre, de l'ide mélanote, du silure ou encore du gobie, l'aspe est un poisson originaire de l'Europe de l'Est, et plus précisément du bassin du Danube. Les premiers signalements d'aspes en France remontent à plus d'une trentaine d'années. Il est massivement arrivé en France en empruntant le canal Danube-Main-Rhin.
D'abord très présent dans l'est de la France, il a ensuite colonisé d'autres bassins versants. On le retrouve en nombre sur une grande partie du linéaire de la Loire et certains de ses affluents et de plus en plus de captures sont enregistrées en Seine, et notamment en aval de Paris jusqu'à Rouen.
Mœurs, reproduction et habitat
L'aspe est un poisson grégaire (poissons vivant en banc) mais devient de plus en plus solitaire à l'âge adulte. L'aspe est sexuellement mature à environ 5 ans, il s'agira alors de poissons d'environ 55 cm pour 2 à 3 kg, et sa reproduction aura lieu au printemps, dans une eau comprise entre 9 et 14°C et se répartira entre mars et juin. Les poissons rejoignent alors l'amont des cours d'eau à la recherche de zones peu profondes à fort courant et aux fonds graveleux. Les œufs, déposés sur le substrat par la femelle et fécondés par les mâles, incubent pendant 15 jours environ jusqu'à l'apparition des alevins.
Par ailleurs, si l'aspe affectionne particulièrement le courant, on le retrouve facilement dans les zones à barbeaux (rivières lentes à moyennement courantes) et s'adapte également très bien à la vie en lac. Aussi, il supporte bien l'eau saumâtre.
Régime alimentaire
L'aspe est le seul cyprinidé présent en France au régime exclusivement piscivore. Si d'autres cyprinidés comme l'ide mélanote ou le chevesne (voire le gardon, le rotengle ou encore la carpe) ont des tendances carnassières de plus en plus marquées avec l'âge, ces derniers restent néanmoins omnivores.
Dans le cas de l'aspe, les alevins commencent à se nourrir de petits poissons dès 3 mois. Sa gueule orientée vers le haut indique qu'il s'agit d'un poisson ayant tendance à se nourrir proche de la surface. Il va d'ailleurs se servir de la surface de l'eau comme d'un mur contre lequel il va acculer ses proies. S'il se nourrit de petits poissons blancs (ablettes, gardons, vandoises, etc) proche de la surface la plupart du temps, en fin de saison il n'hésitera pas à aller littéralement « taper » d'autres poissons sur le fond (les goujons en Loire ou les gobies dans les cours d'eau de l'est de la France). Il n'est d'ailleurs pas rare d'attraper des poissons avec la mâchoire inférieure abîmée à force de frapper le fond.
La recherche de l'aspe est exigeante, pourra s'avérer frustrante mais passionnante à la fois. Lorsqu'on a goûté à la pêche de ces flèches d'argent, il devient bien difficile de s'en passer !