Planter le décor
Cette session automnale s'est déroulée sur un lac normand bien connu des pêcheurs aux leurres et caractérisé par une belle population de carnassiers et plus particulièrement de brochets. Du point de vue de la topographie, le lac, résultant de l'exploitation des granulats, est caractérisé par une profondeur moyenne de 3m environ avec une forte présence d'herbiers tout au long de l'année. Quelques secteurs aux fonds sablonneux dépourvus d'herbe complètent cette description rapide des lieux.
Si le brochet est particulièrement bien représenté, ce lac subit néanmoins une pression de pêche non négligeable. Au mois d'octobre, et après de nombreux mois durant lesquels les poissons ont été régulièrement sollicités, la pression de pêche est une donnée à prendre en compte pour la stratégie de pêche.
Une matinée bien compliquée
Lorsque nous arrivons à la cale de mise à l'eau, nous apercevons qu'au large plusieurs bateaux et float tubes sont déjà à pied d'œuvre. Venus rechercher principalement le brochet, les conditions météorologiques sont plutôt engageantes, qu'il s'agisse de la luminosité, de la pression atmosphérique, du vent d'ouest soutenu et de la température de l'eau.
Nous débutons par une pêche de prospection en dérive au-dessus des herbiers. Nous passons en revue toutes les valeurs sûres de nos boîtes pour ce spot tout en prospectant de manière méthodique en prenant soin d'être toujours complémentaires. Outre le fait de partager un bon moment, l'intérêt de pêcher en binôme, dans une optique de résultats, est de pouvoir plus rapidement isoler les différentes inconnues de l'équation à résoudre et donc finir par établir le fameux pattern qui pourrait se définir comme la somme de l'approche + la technique + la hauteur d'eau + le leurre.
Une grande partie des types de leurres permettant de pêcher dans ces conditions sont passés en revue nous permettant de capturer quelques poissons mais sans que nous puissions en tirer de conclusion fiable sur l'orientation à donner à notre pêche.
Nous approchons de midi et plusieurs bateaux se dirigent vers la mise à l'eau. Le retour de deux d'entre eux ne témoigne pas d'une pêche évidente, loin s'en faut. La matinée a été rude pour tout le monde apparemment.
La petite palette entre deux eaux pour les perches
Quelque peu déroutés nous décidons de changer radicalement d'approche et d'aller prospecter, contrairement à ce que nous avons fait depuis notre arrivée, un secteur dépourvu d'herbiers. Arrivés sur zone, l'échosondeur atteste de la présence de nombreux poissons. Là encore, les leurres défilent sans résultats probants jusqu'à ce que rapidement, nous trouvions chacun de notre côté une inconnue de l'équation gagnante du jour ! Yann décide de « downsizer » en pêchant au Tail Spinner entre deux eaux. Une pêche de prospection large assez peu sélective qui lui permet de prendre rapidement plusieurs perches.
La pêche à gratter sur le fond pour le brochet
De mon côté, j'opte pour une pêche lente à gratter le fond au lipless dans l'espoir de déclencher un brochet. De cette manière, j'obtiens 2 touches successives sur le premier lancer et touche un premier brochet. Nous décidons alors de mixer les deux approches en pêchant au Tail Spinner à gratter sur le fond. A partir de cet instant la pêche s'est considérablement accélérée. Nous capturons les brochets les uns après les autres allant même jusqu'à faire plusieurs doublés. Les leurres utilisés n'étant pas sélectifs, des perches se joignent à la fête. Nous finirons la journée avec une quinzaine de brochets, huit perches, plusieurs décrochés et touches ratées.
De la théorie…
En automne les carnassiers sont actifs beaucoup plus régulièrement au cours de la journée. Les fenêtres d'activité alimentaire sont plus fréquentes et non plus réservées aux extrémités du jour comme c'est le cas durant la période estivale. Sauf que cela reste du domaine de la théorie car au-delà de modifier ses habitudes alimentaires en fonction des saisons, comme tout carnassier, le brochet peut changer de comportement, et cela du fait de conditions météorologiques particulières et surtout face à la pression de pêche...
… A la pratique
Malgré une eau à 15°C, un vent d'ouest soutenu tout au long de la journée, les poissons restaient timides et, pour la plupart, ne daignaient pas se déplacer sur 2 mètres pour aller cueillir un leurre entre deux eaux. La preuve que la pêche est loin d'être une science exacte.
Si nous n'avions pas gambergé, tenté sans cesse des choses, nous aurions fini cette journée avec 3 fois moins de poissons (ce qui n'est pas si mal sur ce secteur très pêché). Il fallait trouver la bonne zone, la bonne couche d'eau, le bon leurre et la bonne animation. Nous avons, comme on dit, réussi à définir le pattern du moment.
Point sur le matériel
En plus de correspondre aux envies des poissons, cette approche technique au Tail Spinner était particulièrement confortable compte tenu des fortes rafales de vent qui nous ont chahutés tout au long de la journée. En effet, il fallait parfois lancer face au vent et surtout percevoir ce qu'il se passait au bout de la canne, les leurres étant bien souvent ramassés sur le fond. L'association d'un Tail Spinner dense et compact propulsé par un ensemble spinning medium heavy était parfait. Du plus, ce type de leurre permet de ne pas avoir à trop descendre en diamètre de bas de ligne lorsque l'on souhaite pêcher avec du fluorocarbone. 65 centièmes correspond à une section permettant de limiter les coupes de brochet tout en conservant suffisamment de souplesse dans l'animation qui consistait à pêcher sur le fond soit en linéaire « à gratter », soit proche du fond en imprimant au leurre de légères tractions entrecoupées de reprise de contact avec le substrat.