Fille de parents champions de surfcasting, j'ai eu une canne en mains dès que j'ai su marcher ! Une fois que j'ai eu l'âge légal, j'ai pu participer à mon premier championnat de France en catégorie « poussin ». Un championnat de France Jeunes en surfcasting, ce sont plus de 100 pêcheurs entre 6 et 18 ans provenant de toutes les côtes françaises qui se retrouvent dans un même lieu et qui concourent sur la même plage ou digue, deux manches de 3h.
Les poissons ciblés
Et nous voici donc en novembre 2003, sur les quais du Havre. Vous voyez la petite pêcheuse qui pêche aux côtés de 2 juniors ? C'est moi ! La pêche du jour ? Principalement des petits spécimens, notamment des tacauds. Pour cette pêche, on laisse tomber notre bas de ligne le long du quai. Les touches sont nombreuses et s'enchaînent. C'est une pêche de rapidité ! Les pêcheurs les plus expérimentés visent donc le plus grand nombre de petits poissons mais certains visent plutôt le poisson graal sur cette zone, LE gros poisson qui équivaut à des dizaines de petits poissons.
Un championnat en famille
Ma sœur Amandine et mon frère Terry participent également à ce championnat et ce dernier pratique une « pêche au pain » pour attirer le mulet. Mes parents parcourent les quais pour encadrer les jeunes du club. Après une première manche correcte qui me permet de me positionner en milieu de classement, le début de la deuxième manche retentit !
LE poisson trophée
A nouveau, la pêche de rapidité se met rapidement en place. Cela m'amuse beaucoup ! Puis, ma mère, Patricia, assise derrière moi me prévient : « Manon, tu as une touche ». Je me souviens m'être dit : « Boarf, ça doit être encore des petits, je prends le temps de mettre les vers sur la prochaine ligne et je remonte ». Me voilà prête, alors je prends la canne en mains, je commence à remonter et là… Je sens bien que c'est différent mais je continue de tourner la manivelle de mon moulinet, sans être parfaitement sereine. A ce moment-là, mon père, Gilles, arrive à mon niveau et me dis « Manon, c'est lourd non ? Si tu as un gros poisson, il faut le dire ». Moi, timide et ayant peur d'enflammer le quai pour pas grand-chose, je réponds « Non non, ça va ». Et là, on voit la gueule du mulet ! Mon père crie alors : « Stop, ne remonte plus. »
Et en un clin d'œil, la petite poussine que j'étais, était coachée par 3 personnes : une personne qui me tenait, une qui gérait le « carreau » (un filet monté au bout d'une corde) et une autre qui m'orientait dans la manière de bien mener le combat face à ce poisson. Les secondes m'ont paru très très longues mais finalement, il a bien rejoint mon seau !
Un événement marquant
Je ne me souviens plus de sa taille ou de son poids mais je me souviens des sensations ressenties : de l'adrénaline lors de la remontée, de la fierté à la prise de photo avec ce lourd compagnon, de la vilaine satisfaction d'annoncer à mon frère que MOI j'avais remonté un mulet sur un hameçon fin de fer en taille 10 pendant que d'autres s'embêtaient au pain et surtout l'émotion lorsque je suis montée sur la plus haute marche de ma catégorie. Tout cela, venait s'ajouter au plaisir de participer à une compétition avec une chouette équipe.
Avec le recul, je me rends compte que cet événement est probablement fondateur dans ma passion de la pêche et de la compétition.
Merci infiniment à Philippe Way pour ses recherches minitieuses dans ses archives photos !