Lors d'un tri de photos sur mon ordinateur, je suis retombé sur cette magnifique miroir (cf photo de couverture). Ce poisson s'était fait piéger sur un amorçage à la farine, réalisé à l'écart de mon coup principal… J'avais mis en place une stratégie à contre-courant des pratiques exercées sur les lieux !
Les farines, toujours aussi efficaces
Les farines renvoient souvent à une image plutôt ancienne de la pêche voire négative ou ringarde. Pourtant leur attractivité n'est plus à démontrer. Elles présentent de nombreux avantages mais beaucoup ne retiennent que les contraintes. Ces farines demeurent pourtant très efficaces et s'adaptent parfaitement aux techniques modernes.
Mieux, elles les complètent pleinement. En maîtrisant un peu le sujet, il est possible d'avoir de multiples approches capables de détourner la méfiance de beaucoup de poissons. Le ZIG en est la parfaite illustration mais reste une approche parmi tant d'autres. Et puis les bouillettes et pellets, appâts stars de ces dernières décennies, sont avant tout constitués de farines, non ?
Objectif : 8 poissons sur 3 spots différents
Retour sur une pêche hivernale, en temps réduit où le but était de réaliser au moins 8 poissons sur 3 lieux différents. Je m'étais autorisé une seule canne avec comme base d'amorçage, la farine ! Ce défi avait lieu de jour uniquement. En tout, 4 petites journées échelonnées dans le temps sur une plage horaire maximale de 8h à 17h.
Approche
A chaque sortie, j'amorçais dès mon arrivée avec des boules réalisées avec de l'Easy Stick Tiger Starbaits coupé de semoule de blé et enrichi de maïs doux, de chènevis Chili Hemp et de bouillettes broyées Feedz Hemp and Tiger.
Cette amorce était mouillée juste ce qu'il fallait pour être compactée et frondée. Le but était de créer un tapis de farine le plus rapidement possible autour de mon montage.
Ne pas saturer le coup d'amorce
Cette farine stimulait certes les petits poissons mais devaient laisser place au plus gros une fois rassasiés. Je ne voulais surtout pas saturer mon coup d'amorce. En gros, avoir la main légère ou juste et surtout utiliser des composants pas trop riches d'un point de vue nutritif. Je dispersais donc plusieurs boules assez précisément et gardais quelques-unes en réserve pour rappeler si besoin.
Jouer sur l'aspect visuel
A ce niveau, il n'y avait plus qu'à attendre que la farine travaille et qu'elle exerce son attractivité olfacto-gustative. Mais pas seulement. Car en plus, je comptais jouer sur l'aspect visuel. C'est pour cette raison et en adéquation avec les lieux abordés que j'avais choisi des produits les plus blancs possible. Pour augmenter l'attractivité autour de mon montage, j'utilisais un plomb spécial afin d'y coller une pâte d'un rouge flashy fraichement réalisée qui contrastait avec mon amorce et qui avait une diffusion différente.
Pour se faire, j'utilisais du mix Add'it Robin Red que je mouillais avec du Boost RS1. Enfin, mon bas de ligne était accompagné d'un petit stick réalisé d'Easy Stick Liver and Yeast très légèrement mouillé de Boost RS1. Côté esches, je me suis tourné vers des Pop Tops en 14 mm avec du blanc, jaune ou rose (RS1, Signal …). Pour le montage, j'utilisais un clip plomb classique afin d'y adjoindre un plomb pâte et d'y ajouter un bas de ligne court réalisé en Shadow 40 mm, type D-Rig (15-20 cm max).
Même si les attaques de blancs et de nuisibles sont moindres en hiver, elles sont toujours possibles. Avec ce type de montage, j'étais sûr d'une bonne présentation. En revanche, ma distance de pêche était limitée du fait de l'utilisation du plomb pâte et d'un stick.
Plusieurs temps de diffusion
Grâce aux farines utilisées différemment, j'avais donc trois temps de diffusion distincts tout en jouant également sur l'aspect visuel tant par l'amorce que par les esches utilisées. Cette approche était à la fois du côté « stimuler » et du côté « nourrir » mais dans une moindre mesure. L'activité des poissons étant l'élément ajustant ce curseur.
Il est temps de voir ce que m'a réservé ce défi hivernal qui, je vous le rappelle, s'exerçait de jour à une canne et avec comme arme principale, la farine ! Voyons ce qu'il en est pour les deux premières journées.
Journée 1
Je me mets en route vers un lac quelque peu éloigné de mon domicile certes mais le jeu peut en valoir la chandelle. J'ai fait ce choix car l'ayant pêché récemment, j'ai constaté que des poissons se nourrissaient sur une tranche horaire très précise et sur une zone moyennement éloignée du bord. Aussi, sur ce spot, quelques jolis poissons semblent trainer alors que la moyenne de poids est plutôt basse.
Les conditions étant stables depuis plusieurs jours et similaires à ma récente venue, tout est réuni pour que mon approche soit efficace. J'arrive sur les lieux vers 13H. Pour tout avouer, j'attends une ou deux touches entre 16h et 17h. Du moins si mes constats se vérifient ! Sur le papier, ça va toujours bien ! Dès mon arrivée et conforme à l'approche prévue, je fronde une vingtaine de boules. J'arrive à atteindre la zone souhaitée tant bien que mal ; étant en limite de fronde ! Ma pâte et mes sticks réalisés, ma canne est tendue ! 16h10, ça déroule. « J'aime quand un plan se déroule sans accroc » ! Oui, mais c'est une « saucisse » (non comptabilisée). Je décide de retendre la ligne sans pour autant réamorcer. Au feeling, il doit rester de la matière … Je remets néanmoins de la pâte sur mon plomb et un stick sur mon bas de ligne. 16h30 : deuxième départ. Celui-ci est le bon ! Quel poisson ! Je suis comme un dingue.
La farine a fait le boulot. 18h, je rentre avec ce premier poisson au compteur. Ce défi commence sur les chapeaux de roues.
Journée 2
Me voici sur un étang d'une dizaine d'hectares, de 8h à 12h. Le temps est très agité avec de la pluie et du vent. En revanche, les températures sont à la hausse. Je vais réaliser une pêche proche de troncs noyés mais bien visibles. Autour de ces arbres, le fond est plutôt sablonneux à l'inverse du reste de l'étang qui est très envasé. A quelque chose près, même stratégie que décrit plus haut : de la farine sous toutes ses formes.
J'enregistre mon premier départ une heure après avoir tendu ma canne. Le poisson est correct.
Je décide, après avoir relancé, de rappeler avec quelques boules. J'ai le sentiment que les poissons sont en activité. Je ne me trompe pas car une heure après : rebelote ! Un autre poisson fait tourner le compteur. Celui-ci est plus modeste.
Je rappelle de nouveau. Une heure et demie après, troisième départ ! Hat trick !
En deux journées, le compteur affiche 4 poissons.
Mes deux premières journées m'ont réservé de belles surprises dont un gros poisson de lac magnifique ! Ce défi hivernal à une canne, plutôt enfariné, continue ! Que réservent les 2 dernières journées ?
Journée 3
Malgré un terrain de jeu plutôt grand, je vais miser sur une pêche d'extrême bordure de 12h à 17h. Je vais lancer mes boules d'amorce à la main et tendre ma ligne en diagonale pour être discret. Le poste choisi est proche d'une plaque de nénuphars qui, à cette époque, ne présente que des souches subaquatiques et hivernantes. Les poissons aiment bien s'y rendre, même l'hiver. A ma grande surprise et malgré des températures plutôt basses, les poissons marsouinent et semblent bien présents sur la zone. Je décide donc de pratiquer le rappel pour « énerver » les poissons mais avec des boules plus petites et moins compactées pour ne pas effrayer les poissons présents et avoir une rapidité d'action de l'amorce plus grande. Et ce en m'approchant le plus discrètement possible. Je suis donc d'une extrême précision. Eh bien, lors de cette journée, je réaliserai 4 poissons, à intervalles réguliers ! C'est la frénésie en plein hiver ! Génial !
Mon défi est validé avant même de faire la dernière journée puisque je totalise déjà 8 poissons sur les trois premières journées. Cette pêche à la farine couplée à une bonne connaissance de mes terrains de jeu aura été très efficace… mais ce n'est pas fini ! Le jeu continue …
Journée 4
Même lieu que la journée 3, toujours de 12h à 17h. En revanche les conditions, en quelques temps, ont complètement changé. Les poissons semblent cette fois-ci figés. Aucun saut, aucun marsouinage… J'ai face à moi, une mer d'huile glaciale. Je décide donc de pêcher différemment et de changer de zone. Je dispose six boules tout au plus, sur un spot situé à 60/70 m. Pour l'occasion je sors mon Dropper favori : le Signal. J'en dispose sur mon esche avant de tendre ma ligne afin d'accentuer encore plus l'attractivité de mes Pop Tops. Il me faudra attendre la fin de journée pour qu'enfin il se passe quelque chose. Lors de la dernière demie heure, je réaliserai 2 poissons : une commune très sombre et une miroir qui a mordu 5 minutes après avoir retendu.
Ce challenge à la farine, qui plus est avec une seule canne, m'a forcé à être plus actif et réactif dans ma pêche. Cette approche m'a permis de déclencher, sans aucun doute, des touches plus rapidement. La farine ou devrais-je dire les farines sont vraiment des aliments qui ouvrent le champ des possibles. Elles sont cependant peu utilisées ou réduites à la confection de sticks… Pourtant l'amorce, suivant le choix des composants, le mouillage, le compactage, la propulsion… aura des effets complètement différents qui vous permettront de vous adapter à bon nombre de situations. L'utilisation de farines est simple mais pas simpliste. Alors certes, elles ne sont pas parfaites mais quel appât l'est ? Alors ne les boudez plus mais n'y allez pas non plus le « bec enfariné » !