Pêche de la carpe en hiver : les poissons continuent de s'alimenter sous la glace !

En hiver, la rudesse du climat fait abandonner les berges à bon nombre de pêcheurs de carpes. Pour beaucoup, il est temps de ranger les cannes en attendant le retour des beaux jours. Pourtant, il est possible de prendre des carpes même sous la glace !

L'idée de ce défi est née en se remémorant avec un ami une session hivernale plutôt rude où les températures étaient déscendues très basses, avec un vent glacial et un ressenti polaire.

 Souvenir de conditions hivernales rudes !
Souvenir de conditions hivernales rudes !

Il y a encore quelques années, les saisons étaient marquées. L'automne et l'hiver présentaient une certaine rudesse et une longue période d'expression. C'est de moins en moins vrai avec ce satané réchauffement climatique ! Nous assistons plus aujourd'hui à une succession de fenêtres climatiques qui caractérisent soit la saison en cours, soit celle d'avant ou d'après. En résumé, nous le constatons tous, le temps est en mode yoyo perpétuel depuis pas mal d'années. Notre objectif va donc dépendre en partie de la volonté du temps sans laquelle notre challenge ne verra pas le jour où devrais-je dire le froid ! Nous espérons vraiment casser de la glace !

Même en hiver, n'oubliez pas votre gilet de sauvetage !
Même en hiver, n'oubliez pas votre gilet de sauvetage !

Pour cela, il faudra préparer les choses en amont, être vigilent et tenace. Je vous explique …

Objectif

Avec mon pote Steph, nous souhaitons réaliser chacun une carpe sous la glace soit au total deux poissons.

Contraintes, conditions et approche

Les contraintes pour ce challenge, ne seront presqu'uniquement météorologiques. Tant dans la possibilité que ce défi ait lieu que dans son exécution.

Nous savions que notre fenêtre d'exécution risquait d'être limitée dans le cas même où elle nous ferait l'honneur d'apparaitre ! Ceci pour deux raisons. Dans un premier temps à cause de l'instabilité météorologique ambiant et dans un second temps à cause du côté technique. En effet, si les conditions de gel perduraient, il nous serait impossible de placer des cannes ni même de casser la glace. À cause de l'épaisseur qui augmenterait au fur et à mesure. C'est donc presqu'en mode « one shot » que nous risquons d'opérer. Ayant conscience de cette problématique, il nous fallait mettre toutes les chances de notre côté. Tout d'abord, il nous fallait choisir un lieu que nous connaissions bien tant dans sa réaction face au gel que dans le comportement des poissons.

Une pêche aux glaçons réinventée ?
Une pêche aux glaçons réinventée ?

En connaissant les zones qui allaient geler en premier et en connaissant les zones d'activité des poissons, il nous était alors plus facile de mettre en place une approche précise. Sur ce lieu, il est tout à fait possible de prendre des poissons lorsque l'eau est froide. C'est plutôt important car ce n'est pas le cas partout ! Nous avons donc défini une zone très précise, qui selon nous, allait geler dès que le thermomètre descendrait en dessous de – 5°C. Les eaux étant froides depuis quelques temps. Cette zone se situait en limite d'une autre qui tardait plus à geler et qui est une zone de tenue. Nous voulions donc, dès la prévision de grosses gelées, tendre nos cannes à cet endroit. L'épaisseur de glace devrait y être plutôt fine et pourrait être cassée en utilisant notre bateau et nos rames, tout simplement. Pour maintenir les poissons en activité malgré l'arrivée du froid, nous avons choisi d'amorcer des quantités moyennes de micro appâts régulièrement déversés depuis l'automne (depuis mi-novembre en gros). Ceci dans le but de maintenir une activité alimentaire soutenue malgré la baisse drastique des températures à l'approche de l'hiver. Il est important de préciser que nous amorcions à des distances raisonnables de façon à pouvoir venir à bout de la glace. Pas question de pêcher à 100 m. Imaginez de prendre le bateau pour casser des dizaines et des dizaines de mètres de patinoire pour retendre les lignes … Ce serait une belle galère !

Fenêtre climatique tant attendue …

C'est décidé, au vu des prévisions météorologiques, nous décidons de tenter notre chance à partir du jeudi 13 décembre. Le thermomètre doit descendre à -5°C dans la nuit. Lorsque nous arrivons sur les lieux avec Steph, l'étang n'est absolument pas pris par la glace puisque les jours précédents, il n'a quasiment pas gelé. En revanche, l'eau n'est pas chaude ! Ce qui laisse espérer une prise par le gel dans les prochains jours. Si les températures annoncées se vérifient, bien entendu. Nous tendons nos cannes sur la zone pré amorcée. Côté technique, nous utilisons de petits appâts (Pop-Top avec du Dopper), des bas de ligne courts et des plombs « paste » enduits de pâte. Le tout associé à un petit filet de PVA rempli de pellets.

Stimulation optimale pour une eau très froide.
Stimulation optimale pour une eau très froide.

Nous misons donc sur une forte stimulation en espérant que le conditionnement de ces dernières semaines ait opéré. Nous réalisons plusieurs poissons et ce jusqu'en début de nuit.

Poisson pris alors qu'il commençait de geler. L'eau n'était pas encore prise par la glace.
Poisson pris alors qu'il commençait de geler. L'eau n'était pas encore prise par la glace.

C'est de bon augure pour la suite car les poissons semblent en pleine activité alimentaire malgré le froid grandissant. Notre stratégie d'amorçage paraît fonctionner. En revanche, pour l'instant, pas de poissons pris sous la glace et pour cause … (pas de glace encore). Au cours de la nuit, nous n'avons plus de touche. La nuit semble bien froide ! Le thermomètre descendra à -8°C. Notre plan se déroule parfaitement. Au lever du jour, notre zone est complètement gelée. Toutes nos cannes sont prises par le gel. Top ! Le vendredi, les cannes resteront piégées par la glace sans que nous constations la moindre tirée ou le moindre bip.

Cannes piégées !
Cannes piégées !

Nous attaquons la nuit de vendredi à samedi. A priori, le thermomètre devrait descendre moins bas. Nos lignes sont toujours tendues. Malgré qu'elles soient toujours emprisonnées par « ce glacier », l'une d'entre elles bipe de temps en temps. Vers 22h nous décidons d'essayer de la dégager pour voir ce qui se passe. Je pars en bateau en tenant le fil afin de casser la glace jusqu'à son plongeon. J'arrive au-dessus du montage et casse les derniers glaçons. Je saisis la ligne dans la main et sens rapidement une traction. Je tire légèrement et vois monter une commune qui passe sous la glace, au nez de mon bateau et à portée de lumière. Steph en prévision de ce scénario avait plongé le scion sous l'eau. Il finit le combat sans encombre. Une fois le bord regagné, j'épuise le poisson. On est comme des gosses ! Et d'une ! A noter que les poissons sont très peu énergiques. Ceci explique, avec l'élasticité du nylon, que cette commune n'ait rien cassé.

Steph ouvre le bal sous la patinoire !
Steph ouvre le bal sous la patinoire !

A la lueur de ma frontale et suite à quelques bips, nous constatons qu'une de mes cannes semble décalée. Nous procédons de la même manière mais arrivé au-dessus de la ligne, Steph ne constate rien. Nous retendons nos cannes sur les deux parties dégelées, sans que cela ne compte tout de suite, si une touche arrivait (et oui la règle dit : « sous la glace » !). Nous avons encore quatre cannes sous le miroir. Une autre de mes cannes produit quelques bips. Avec entrainement maintenant, nous extirpons la canne de la glace. Rebelote ! Une autre semble piégée d'après Steph ! Je combats scion dans l'eau également pour éviter les couteaux de glace. Steph la glisse dans l'épuisette. Challenge validé ! C'est le deuxième poisson de plus de 10 kilos pris sous la glace. Génial.

Challenge validé !
Challenge validé !

Dans la nuit nous réaliserons deux autres poissons dont un qui ne comptera pas.

Les combats étaient réalisé scion dans l'eau pour éviter le frottement du fil sur la glace.
Les combats étaient réalisé scion dans l'eau pour éviter le frottement du fil sur la glace.

Il faudra attendre le samedi matin pour voir un autre poisson. Des bips se répètent sur les cannes retendues, certes, mais la glace a repris, donc ça compte ! L'étang aura regelé sur la totalité de la zone mais la température ne sera descendue qu'à -2°C. Nous réalisons donc le samedi matin deux derniers poissons sous la glace. Incroyable !

On nous suit à la trace avec cette glace !
On nous suit à la trace avec cette glace !
Poisson pris sous le glacier mais le temps est déjà en train de changer.
Poisson pris sous le glacier mais le temps est déjà en train de changer.

Et cette fenêtre climatique disparaîtra complètement au cours du samedi, laissant place progressivement à de la pluie le dimanche matin. L'étang, quant à lui, était en partie toujours pris par la glace.

Notre objectif est atteint. Nous réaliserons six poissons sous la glace dont deux non comptabilisés (en dessous de 10 kilos).  Prendre des poissons dans de telles conditions vous met dans un état euphorique ! Nous étions confrontés à de vraies conditions hivernales où prendre des poissons relève d'un véritable challenge. Mais avec de la détermination et une bonne approche, il y a toujours moyen de déclencher quelques touches. Et ce pour des souvenirs qui ne sont pas près de fondre.

Deux givrés !
Deux givrés !

Point sécurité pour le poisson et pour le pêcheur

Tout d'abord, il est important de ne pas garder les poissons au sac lorsque les températures descendent en dessous de 0°C. Aussi, il est très important d'arroser tout le matériel de réception pris par la glace pour ne pas poser le poisson directement sur le givre. Soyez prompt tout en arrosant continuellement le poisson.

Il faut arroser abondement et régulièrement le matériel de réception et le poisson pour éliminer le givre néfaste au mucus.
Il faut arroser abondement et régulièrement le matériel de réception et le poisson pour éliminer le givre néfaste au mucus.

Et puis on ne le répétera jamais assez, même en hiver avec vos gros manteaux, mettez toujours votre gilet de sauvetage ! Et n'oubliez pas qu'à deux c'est toujours plus sécurisant. On ne sait jamais ce qui peut arriver, surtout en conditions hivernales.

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