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Voici le premier article d'un reportage consacré à la pêche du brochet aux leurres en hiver. Pour ce premier volet nous allons donc nous intéresser à l'utilisation des gros leurres pour la pêche du brochet en hiver et je vais tenter de vous faire part de ma réflexion sur le sujet.
L'importance du biotope
Aussi, cette série d'articles est le fruit de mon expérience personnelle qui, si elle est consistante, n'est pas exhaustive puisque je n'ai pas, et ne pourrais pas avoir, la prétention de maîtriser tous les biotopes français pour la pêche du brochet.
Car oui, notre approche technique va en premier lieu dépendre du biotope, de ses caractéristiques et ses contraintes (et c'est sans compter avec l'humeur des poissons car en définitive, ce sont eux qui décident). Les conditions que nous rencontrons au bord de l'eau sont donc innombrables et ce sont ces conditions qui conditionneront l'emploi d'un leurre plus qu'un autre et donc l'utilisation ou non de gros leurres en hiver. En hiver, on ne pêchera pas de la même façon un lac de barrage très profond et une gravière ou une rivière.
Déterminer la tenue des poissons, pêchez plus en profondeur
Les poissons vont avant tout rechercher le confort thermique et rejoindre les couches d'eau situées en profondeur (au-delà de 4 m) leur permettant de gagner quelques degrés. Ceci étant, dans les biotopes où la masse d'eau n'est pas très importante (3-4 m environ) il ne faut pas pour autant négliger les zones moins profondes, surtout entre 11 h et 14 h lors des journées ensoleillées. Ces zones sont celles où la température de l'eau varie le plus vite, aussi bien négativement que positivement !
Pour rebondir sur mon introduction concernant l'importance du biotope, tous n'observent pas une profondeur de minimum 4 m, beaucoup de brochets français vivent toutes l'année dans 1,50 m d'eau, tout simplement parce qu'ils n'ont pas le choix ! A titre d'exemple, et en forçant le trait, si aller gratter le fond est pertinent, tenter le topwater au plus chaud (ou moins froid !) de la journée n'est pas totalement absurde pour l'avoir expérimenté et validé plusieurs fois (bon, ce n'est pas ce qu'il y a de plus productif non plus...).
S'adapter au niveau d'activité des poissons, pêchez lentement
Ensuite, le principe est d'être en phase avec le comportement des poissons, qu'il s'agisse des prédateurs comme des proies. Question de mimétisme. Les poissons fourrage sont regroupés en bancs compacts et peu mobiles et les carnassiers se tiennent en embuscade à proximité voire au coeur de ces bancs.
En hiver, lorsque la température de l'eau passe sous les 8°C, la physiologie des poissons change, leur métabolisme, animaux à sang froid, ralentit. Les temps de digestion sont largement allongés et les fenêtres d'activité alimentaire, beaucoup moins fréquentes.
Le déplacement des carnassiers sera souvent conditionné par le ratio gain d'énergie/énergie dépensé. Pour cette raison, les proies doivent être volumineuses et/ou particulièrement facile à attraper. J'ai bien précisé "et/ou", alors...
Faut-il obligatoirement pêcher avec de gros leurres en hiver ?
Autant être clair tout de suite, non.
Même s'il est admis qu'il faille, en plus de pêcher plus creux et lentement, pêcher avec de plus gros leurres, là encore il n'est pas pertinent de faire des généralités. Pêcher avec de plus gros leurres répond à une certaine logique qui montrera néanmoins ses limites en fonction des contraintes.
Au regard de ma propre pratique, il serait plus juste de dire qu'il faille plus régulièrement utiliser de gros leurres en hiver sans qu'il s'agisse de l'approche adéquate en toutes situations.
Les gros leurres en réponse à plusieurs facteurs
En effet, l'utilisation de gros leurres va répondre à plusieurs facteurs et pas seulement à celui du ratio gain d'énergie/énergie dépensée. L'emploi de gros leurres peut se justifier dans une démarche de sélection des prises mais aussi pour coller à la taille des proies en présence. Ce choix peut également être motivé par le type de biotope pêché.
Je vais beaucoup plus facilement dégainer un gros leurre dans de grands espaces, et cela dans le but de me faire remarquer, et privilégier l'emploi d'un Rubber Jig par exemple, pour skipper sous des frondaisons de berges creuses et encombrées. On peut encore choisir de pêcher gros pour répondre à une contrainte liée à la pression de pêche. Dans ce dernier cas, pêcher gros peut s'avérer nécessaire pour déclencher des poissons apathiques car trop habitués à voir défiler des leurres de taille « standard ». Je vous invite d'ailleurs à lire un article que j'avais rédigé sur le sujet "Brochet en plan d'eau : comment faire la déifférence face à la pression de pêche ?".
En résumé
Tout cela pour dire que la taille des leurres est un critère important à prendre en compte, qui plus est en hiver mais qui, pour m'aider à choisir mes leurres en hiver, passera généralement en troisième position derrière le fait de pêcher plus en profondeur et plus lentement. C'est d'ailleurs souvent le fait de pouvoir pêcher lentement qui va prévaloir dans mes choix.
On verra dans la suite de ce reportage consacrés à la pêche du brochet aux leurres en hiver que certains leurres de taille modeste s'en sortent mieux que les gros en conditions hivernales. En clair, en hiver, sortez les gros leurres mais n'en abusez pas forcément parce que s'ils seront particulièrement efficaces dans de nombreuses situations, ils ne sont pas la panacée.