De journée, mon rod pod flottant est très rapide à mettre en œuvre avec un encombrement très réduit tout en me permettant d'accéder à des zones inaccessibles. Je vous invite d'ailleurs à consulter deux articles consacrés à ce sujet : Aborder la pêche de la carpe en bateau autrement grâce au rod pod flottant et Comment réaliser un rod pod flottant ?
Cette pratique a pourtant un côté très frustrant car je ne compte plus les nuits où j'aurais voulu rester. Cependant, avec cette organisation cela n'est pas possible et serait dangereux de nuit ! Mon challenge consistait donc à trouver un compromis entre cette approche si peu contraignante et la pêche en bateau classique avec tous ses désagréments logistiques qui nécessitent de rester longtemps si on ne veut pas se dégouter de mettre en œuvre tant de matériel !
Les contraintes
Ma première contrainte est l'espace. Autant dire que par mon choix de bateau (2m70), la place pour passer une nuit est vraiment restreinte. Il faut à la fois y dormir, y poser les cannes et avoir un tout petit peu de place pour mettre un ou deux sacs de premières nécessités ainsi que quelques éléments indispensables. Sur le papier, cela paraît toujours simple mais en action de pêche, on se rend vite compte du challenge que cela représente !
Cette contrainte d'espace concerne également le volume disponible dans la voiture. J'insiste aussi sur le fait que tout est à mettre en œuvre sur place (gonflage des deux bateaux…).
Lieux et approche
Pour mes essais, je pratiquerai sur deux lieux à la topographie bien différente. L'un possède des fonds très variés avec beaucoup d'obstacles. L'autre est plus uniforme en profondeur avec beaucoup d'herbiers. Le premier lieu possède un cheptel très dense avec peu de poissons qui sortent du lot. Le second a un cheptel plutôt restreint mais la moyenne de poids est bien supérieure. Par contre Ils sont tous les deux peu accessibles du bord. La pêche à partir d'un bateau apporte un vrai plus. Côté approche, à l'image de cette pratique, j'exercerai une pêche opportuniste. Pas d'amorçage à court, moyen ou long terme (trop éloigné de chez moi de toute façon). Je n'utiliserai que des bouillettes de 20 et 24 mm disposées en spot et associées parfois à des pop-ups pour l'eschage. Là encore, le peu de place à bord m'oblige à aller à l'essentiel et de faire des choix !
Sécurité en 8 points
La pêche en bateau, d'autant plus de nuit, ne doit pas être prise à la légère.
- Elle doit être pratiquée sur des lieux qui le permettent. La petitesse des embarcations utilisées rend cette pratique dangereuse sur des grandes étendues ou sur des fleuves à gros débits.
- La météo doit toujours être consultée avant de s'installer afin d'éviter de se retrouver dans des conditions périlleuses.
- Le gilet de sauvetage ne doit pas vous quitter même en dormant !
- Prévenez toujours quelqu'un de votre localisation.
- Ayez toujours votre téléphone sur vous (dans un étui étanche et flottant !). En cas de besoin vital, cela peut vous sauver la vie !
- Je le répète souvent, vous pouvez porter des waders en néoprène. Ils seront même une aide à la flottaison ! Les bottes sont à proscrire totalement !
- Attention également à la manipulation du poisson ! En effet, l'espace est restreint je l'ai déjà dit. Certains gestes deviennent délicats. Alors attention notamment et ne pas prendre un hameçon dans le doigt (ou ailleurs) en décrochant le poisson ! Là encore sur l'eau, en jouant les équilibristes, cela peut tourner au drame !
- N'oubliez pas non plus d'avoir au moins une rame dans le bateau annexe pour regagner le bord en cas d'urgence et d'avarie moteur.
Organisation matérielle
Elle doit être irréprochable non seulement pour que la pêche ne devienne pas un calvaire mais aussi pour des raisons de sécurité. Une mauvaise organisation rendrait cette pêche de quelques heures inefficace et totalement rédhibitoire. Tout doit être prévu point par point. La nuit du bord, une négligence n'est pas bien grave ! Au milieu de l'eau, les conséquences pourraient être toutes autres. Il ne s'agit pas de vous faire peur mais la prudence est de rigueur.
Dormir
Pour dormir, je ne m'embête pas avec un bedchair. Je dors « en chien de fusil » sur le plancher en nid d'abeille de mon Partner 270. Pour agrémenter le couchage, j'ajoute un matelas autogonflant pour enfant. Idéal ! Ensuite pour pallier à l'humidité, au froid éventuel ou à une petite pluie, j'apporte avec moi une bâche ainsi qu'une couverture. Je me protège également d'un parapluie Sensas disposé en proue. Pas question d'y mettre un biwy ! Trop encombrant, trop long et fastidieux à monter sur un si petit espace ! Mon support moteur me sert uniquement à installer mon rod pod (position parallèle pour gagner de l'espace). De cette façon, il me reste un peu de place pour un ou deux petits bagages (étanches c'est mieux !) ainsi que pour les sacs de conservation.
Mon Freeway 180, lui, est équipé d'un moteur. Il me sert en action de pêche ainsi qu'à tracter/positionner mon 270. Dedans se trouvent mon écho, une boite « petits matos », les appâts, une gaffe plastique (J'y reviendrai), une épuisette en deux brins, une petite ancre et le matelas de réception que je pose sur une planche. Ah cette planche !? Elle me rend de fiers services. Je la bloque sur mon rod pod et quand je prends un poisson, je viens m'amarrer à l'arrière de mon 2,70m. Je la pose ensuite à l'arrière de mon Freeway 180 pour y mettre mon matelas de réception. En proue du bateau, je manipule ainsi facilement le poisson ! Sinon quelle galère ! Le top, sincèrement.
Ah enfin j'oubliais. J'installe toujours une petite lumière sur mon 2,70m que j'allume avant de sauter dans le 180. En cas de brouillard et/ou de nuit très noire, je retrouve ainsi très vite mon QG ! J'enregistre également mon point GPS « Home » pour assurer le coup ! A noter que pour se diriger sur les différents spots, la fonction « Go to » de mon Humminbird Helix 7 est tout simplement géniale !
Et que dire de l'Autochart (explications dans un prochain article).
Les premiers essais
Arrivé sur les lieux, je dois mettre en œuvre pour la première fois ce dispositif un peu spartiate avouons-le. Montre en main, je suis opérationnel en 35 minutes ce qui est tout à fait correct.
Je n'ai plus qu'à partir m'ancrer (en 3 points) où bon me semble et pêcher ! Je tends mes trois lignes et regagne mon Partner 270. Ma nuit sera des plus agitées. Je réaliserai 10 carpes ! Franchement, c'est sportif et plutôt éreintant ! C'est à l'issue de cette première sortie que j'apporterai quelques modifications. Tout d'abord, il est impossible de manipuler correctement le poisson juste avec un matelas de réception. Je l'avais posé à l'arrière du Freeway 180 mais sans rigidité et de nuit, c'est une véritable galère avec un vrai risque pour le poisson mais aussi pour moi (un hameçon dans le doigt et c'est le drame !). C'est ici que ma planche mobile intervient. Ensuite, cette nuit passée était très humide. Je n'avais pas prévu d'abri au-dessus de ma tête. Il me fallait trouver un système compact et rapide à mette en place. Le parapluie Sensas fixé en proue avec deux/trois sandow élastiques fera parfaitement l'affaire. N'oublions pas que c'est de la pêche rapide en bateau et non du camping sur l'eau.
Et enfin, il fallait régler un dernier problème. L'approche autour du Partner 270 avec mon petit bateau était trop incertaine et parfois difficile à réaliser et trop longue. C'est là que la gaffe en plastique joue pleinement son rôle. A un mètre du bateau environ, il est alors facile de s'accrocher de n'importe quel côté en très peu de temps. Un vrai gage de confort et d'efficacité. A noter qu'il est tout à fait possible de réaliser des photos à partir du bateau en fixant l'appareil grâce à un pied boule par exemple. En revanche, afin d'avoir des photos correctes, et lorsque je serai seul, je réaliserai les photos au petit matin une fois le bord regagné !
Quelques modifications
Les quelques réglages exercés lors de la première session apportent un vrai plus. Je toucherai encore plusieurs poissons ! Je vous laisse admirer cette jolie miroir.
En revanche mon organisation matérielle correspond parfaitement à mes besoins et à mes exigences !
Dernière nuit sur ce premier terrain de jeu
Lors de cette nuit, je toucherai enfin un poisson plus costaud au milieu d'autres bien plus petits.
Cela me permet de décider de passer au second lieu.
Vers une autre destination
Changement de décor pour une nuit magique ! Je toucherai cinq poissons dont une commune et une miroir dépassant plus qu'allégrement les 15 kg.
Quelle joie ! A noter que même sur les gros poissons, mon système de réception avec la planche est parfait ! Il est facile de décrocher de tels poissons pour effectuer toutes les manipulations habituelles. C'était pour moi le vrai point noir à régler.
Compacité, légèreté et rapidité
J'ai pris un plaisir extraordinaire à pratiquer cette pêche opportuniste à bord de mon pneumatique, de nuit. J'ai réussi à m'approprier un concept qui me permet d'allier compacité, légèreté et rapidité de mise en œuvre à l'image de mon rod pod flottant réalisé par mes soins. Avec cette organisation matérielle, je suis bien loin des contraintes engendrées par la pêche classique en bateau que je pratique également mais qui ne me permet pas d'enchainer de courtes sessions nocturnes. Je finirai sur un point important à mes yeux. Seules des conditions météorologiques clémentes et agréables permettent ce genre d'approche. Et soyez toujours vigilants à l'aspect sécuritaire !