Que ce soit en mer ou en eau douce, sur des maquereaux ou des perches, nombreux sont les pêcheurs qui ont des souvenirs de pêches exceptionnelles sur des bancs de poissons et tous savent que ces espèces, parmi tant d'autres, aiment à évoluer en groupe. Si les animaux et poissons y compris adoptent bien souvent ce comportement grégaire c'est qu'ils y trouvent un intérêt. Essayons de comprendre ce phénomène et comment il évolue au cours du temps.
Les bancs de poisson fourrage
De nombreuses espèces de petits poissons vivent en groupe et leur rôle dans la chaîne alimentaire est bien davantage celui de proies que de prédateurs. Je pense tout particulièrement à ces fameux bancs de baitfishs que les pêcheurs de carnassiers cherchent bien souvent.
Pour eux, vivre en groupe est une question de survie, car non seulement il s'aident dans la recherche de nourriture, mais l'effet de groupe est aussi leur meilleur moyen de protection face au prédateur. En effet, plus les paires d'yeux sont nombreuses, plus il est facile pour un banc de poisson fourrage de détecter un danger, de passer l'alerte et de réagir rapidement et efficacement. De plus, ce groupe, par ces mouvements, empêche les carnassiers de se focaliser sur une proie précise et d'une certaine manière assure davantage la survie de l'individu en tant que tel.
Par ailleurs, pour les espèces pélagiques, principalement en mer, ce comportement grégaire leur permet aussi d'assurer des déplacements économiques et de limiter les dépenses d'énergie. A la manière d'un peloton dans le tour de France, le déplacement du groupe créé un courant qui favorise les déplacements.
Les bancs de prédateurs
Si les poissons vivent en groupe c'est aussi car ils y trouvent un intérêt alimentaire.
Le groupe permet non seulement de rechercher la nourriture plus facilement mais aussi de développer des stratégies de chasse commune.
Ce qui détermine alors la taille d'un groupe de prédateurs est alors la quantité de nourriture disponible dans le milieu au regard des individus qui le compose. En effet, tant que le ratio intérêt (nourriture disponible)/ Taille du groupe est positif, les poissons y demeurent mais quand ce ratio s'inverse, la structure du groupe change, ce qui implique que dans un groupe, les individus sont globalement de la même taille car ils ont alors les mêmes besoins, et que plus ils grossissent, plus le nombre d'individus qui le composent diminuent.
L'importance du milieu
La taille du milieu, mais surtout la quantité de nourriture qu'il produit et la population de poissons qu'il abrite sont déterminantes dans la structure des bancs de poissons prédateurs. Ainsi, dans deux milieux différents ont peut trouver des bancs, de perches par exemple, tout à fait différents en taille et en nombre.
Des individus de même taille
Les bancs de poissons regroupent des poissons de même taille car les besoins de chacun sont identiques et donc l'intérêt qu'il porte au groupe aussi. Des individus plus gros ont des besoins en nourriture plus importants et le ratio Intérêt/Apport (au groupe) perçu est alors différent que pour un individu plus petit.
Par ailleurs, au sein d'une même espèce, un individu peut être prédateur et proie et le cannibalisme est un comportement très courant chez les poissons. Ainsi, si des bancs de poissons regroupent des individus de même taille, il n'est cependant pas impossible, pour une même espèce, de trouver deux bancs distincts à proximité, l'un de petits poissons et d'autre de plus gros.
Des groupes plus restreints avec le temps
A mesure que les poissons grossissent, les besoins en nourriture deviennent plus importants. Si celui-ci n'évolue pas, alors le groupe devient un problème car une concurrence alimentaire se crée. Ainsi, le groupe se scinde car chaque prédateur n'y trouve plus un intérêt suffisant. Voici donc la raison majeure pour laquelle les gros sujets vivent en très petits bancs ou sont presque solitaires.
A contrario, comme nous l'avons évoqué précédemment, dans un milieu exceptionnel avec une quantité de nourriture très importante, il est possible de trouver des bancs de gros sujets très importants car ils y trouvent simplement leur compte et la grégarité redevient alors digne d'intérêt.