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Le fonctionnement d'une chasse en mer en surface
La pêche sur chasse consiste à naviguer, observer et se déplacer rapidement sur les chasses de poissons visibles. Les prédateurs encerclent les bancs de petits poissons ce qui a pour effet de les concentrer. En poussant les proies vers la surface, ils les acculent littéralement à cette barrière naturelle et foncent tour à tour dans le banc pour l'éclater et se saisir des individus les plus désorientés.
Comment repérer une chasse ?
On repère ces chasses de loin (parfois plusieurs kilomètres) grâce aux éclats qu'elles provoquent mais surtout grâce aux oiseaux qui, avec leur point de vue du ciel, repèrent très efficacement les bancs de proies poussés vers la surface.
Le déroulement de la pêche consiste en beaucoup d'observation. On passe souvent de longues heures à scruter l'horizon dans l'espoir d'un indice d'activité. On suit les oiseaux quand ils se regroupent (certains radars peuvent détecter les regroupements d'oiseaux), on attend patiemment le coup de feu que va déclencher la première chasse repérée et finalement… 300 mètres à 15h, c'est du thon !! Tout le monde s'accroche et on part plein gaz vers ce bouillon qui se forme.
Une bonne approche, une condition à la réussite
L'approche des chasses est un élément crucial de la réussite. Il convient d'être très réactif car les chasses. Si certaines peuvent durer plusieurs minutes, la plupart ne tiennent que quelques dizaines de secondes. Il faut arrêter le bateau assez loin pour ne pas effrayer les poissons mais suffisamment proche pour pouvoir lancer sur la chasse. L'anticipation de la direction que prennent les poissons et du sens de dérive du bateau permettent de se maintenir le plus longtemps possible à portée de la zone pêchante.
Certaines approches bien réalisées permettent parfois de caler le banc de proies sous le bateau et de se retrouver ainsi au milieu de l'action. Quand on voit tomber son leurre dans ce bouillonnement, le temps s'arrête.
Souvent après la chasse une pluie d'écaille en suspension dans l'eau atteste du carnage qui vient d'avoir lieu. Malgré la frénésie alimentaire que constitue ces chasses, les poissons peuvent être très sélectifs sur les leurres et l'animation, mais quand on a trouvé, le sport peut commencer !
La pêche sportive à son paroxysme
Rarement le terme de pêche sportive ne prend un tel sens que lorsqu'on engage un combat avec un thon. Il faut ferrer fort ! (non, plus fort que ça !!) Les premiers rushs sont rapides, longs et épuisant pour le pêcheur, malgré des freins puissants bien serrés ! Une ceinture de combat est indispensable. Au-delà d'un certain poids on n'a pas le choix que de passer la canne au risque de tétaniser complètement et de perdre le poisson (ou la canne).
Ces poissons sont si puissants qu'on cherche plutôt les petits qui offrent de beaux combats mais ne laissent pas (ou moins) de courbatures aux pêcheurs et permettent d'enchainer les prises plutôt que de combattre 5 heures avec un monstre.
L'importance d'une bonne manipulation du poisson
A l'arrivée au bateau il faut manipuler ces poissons avec soin. Un thon qui va être relâché ne devrait pas monter à bord sous peine de le voir couler à pic dans les abimes sans grande chance de survie au moment du release.
Si vous voulez une photo souvenir, prenez-la dans l'eau, le combat donne souvent chaud et le climat méditerranéen s'y prête bien. Attention également à vous pendant la manipulation ces poissons sont vifs, anguleux et puissants ça peut laisser des entailles (une paire de gants n'est pas superflue).
La valeur ajoutée du Moniteur Guide de Pêche
On mesure assez vite l'importance de faire appel à un guide pour pratiquer cette pêche complexe qui requiert une bonne connaissance du territoire et de la technique à mettre en œuvre. Il saura également vous orienter vers d'autres pêches quand les conditions de vent ne permettent pas de s'exposer au large ou que les poissons ne sont simplement pas présents.
On peut, à l'abri dans une baie s'essayer à la pêche du loup, du barracuda, de la sériole ou même des daurades coryphènes présentent autour des DCP, ou pêcher plus profond à la recherche des pagres et des dentis. Autant d'alternatives passionnantes pour sauver une journée.
Je me suis toujours dit que je garderai la pêche exotique pour plus tard dans ma vie de pêcheur, que c'était trop cher, que je n'avais pas besoin de me rajouter une autre addiction pour une technique de pêche supplémentaire, que mon truc c'est l'eau douce…
Quand on m'a proposé pour la première fois d'aller pêcher sur chasse en Méditerranée, je ne me rendais pas compte qu'en acceptant je venais de mettre un pied dans quelque chose que je m'étais interdit. Le piège était bien pensé. La Méditerranée ça n'est pas si loin et les images qu'on a de la pêche exotique rappellent plus les paysages tropicaux que le port de Toulon. Je n'avais alors pas conscience que les ingrédients étaient tous réunis pour trouver des sensations similaires aux destinations les plus prestigieuses. Je me suis fait avoir… mais ne regrette rien.
Point sur le matériel
Cette pêche nécessite tout d'abord un bateau bien motorisé (>70 Cv), maniable et stable dans les vagues afin de pouvoir se déplacer rapidement sur les chasses.
Un ensemble canne de 2,40 m (entre 50 et 80 livres) et moulinet avec un grand ratio de récupération et un frein fort (10 kg) garni de 300 m de tresse en 50-80 livres feront le travail.
Les leurres à privilégier sont les jigs, minnows, leurres souples et poppers entre 8 et 20 cm selon l'espèce prédatée par les thons. L'armement de ces derniers est essentiel, il faut souvent réarmer les leurres du commerce en hameçons simples très solides (1 à 3/0 selon la taille du leurre).
Les agrafes sont à proscrire, l'utilisation d'un anneau brisé couplé à un émerillon rolling évite beaucoup de déconvenues et permet d'éviter les décroches dues à l'effet de levier du leurre pendant le combat (on peut également doubler les anneaux brisés entre le leurre et les hameçons ou faire l'usage d'assist hooks pour minimiser ce problème).
Le montage à privilégier consiste à fixer entre 1,50 et 3 m de shock-leader de 150 lbs de résistance en bas de ligne. Ce dernier offre une élasticité au montage pour compenser les rushs puissants et éviter la casse. Il est également discret et relativement résistant à l'abrasion. Le nœud de raccord le plus sûr pour ce genre de pêche est le nœud FG. Il n'est certes pas le plus facile à réaliser mais son efficacité n'est plus à prouver.
L'utilisation d'un fish-grip est indispensable pour maintenir le poisson et le manipuler dans de bonne conditions).
Saisonnalité et législation
La saison de pêche de loisir pour le thon s'étend généralement du 1er juin au 15 octobre.
Une demande d'autorisation de « pêcher-relâcher » doit être adressée à la Direction Interrégionale de la Mer Méditerranée pour la pêche en No-Kill.
Pour pouvoir conserver un poisson il faut faire une demande de bague et une demande d'autorisation permettant la capture, la détention à bord et le débarquement du thon rouge.
La conservation des poissons peut être effectuée entre le mois de juillet et le mois d'août ainsi qu'entre le mois de septembre et le mois d'octobre selon les années. La maille est fixée à 30 kg ou 115 cm.
Les bonites et pélamides ne sont pas sujettes à une maille et ne nécessitent pas de démarche particulière. Il faut cependant se méfier de la ressemblance entre les juvéniles de thons rouges et les bonites. Une erreur qui peut coûter très cher !
Avant tout, il est nécessaire de se renseigner auprès des affaires maritimes pour respecter la législation en vigueur sur votre lieu de pêche et au moment précis.