Salut Mathieu, ta réputation de pêcheur technique et de redoutable compétiteur te précède. Peux-tu nous parler de ton parcours dans la pêche pour ceux qui ne te connaissent pas encore ?
Mathieu Cabar – J'ai 23 ans et ai été sponsorisé dès mes 13 ans (par la marque Gunki ndlr). J'ai pris part à ma première compétition à 12 ans, en float-tube, compétition que j'ai eu la chance de gagner, ce qui m'a donné véritablement le goût pour cela. Je tiens d'ailleurs mon record brochet depuis cette date avec un poisson de 109 cm, un record que je n'ai jamais réussi à battre depuis ! J'ai ensuite fait de la compétition jusqu'à mes 20 ans. J'ai été champion de France -18 ans plusieurs fois et ai obtenu de bons résultats sur le Championnat de France Général et notamment le titre de champion de France. Au bout d'un certain nombre d'année j'ai eu l'impression d'en avoir fait un peu le tour. A partir de là, j'ai fait quelques compétitions bateau avec Christophe Decours. On avait fini 2ème au National Bass notamment. J'ai ensuite enchaîné sur les compétitions bateau avec David Bourdet. Nous avons eu de très bons résultats ensemble jusqu'en 2019, année à partir de laquelle nous avons arrêté. A titre personnel, je voulais avoir plus de temps pour aller à la pêche pour moi, me faire des petits trips de pêche entre potes, ce genre de choses. J'ai quitté la Team Gunki en novembre 2020 car j'avais la volonté de créer ma propre marque. Tout s'est très bien terminé.
Justement, question simple, pour quelles raisons avoir choisi de monter ta propre marque ?
Mathieu Cabar – D'abord, j'ai une nature d'entrepreneur, je n'aime pas particulièrement le salariat et j'aime être autonome. Aussi, j'ai toujours apprécié participer aux projets de création lorsque j'étais sponsorisé par Gunki et que je faisais part de mes idées sur certains produits. A partir d'un moment j'ai voulu être créateur de A à Z de mes propres produits et éprouver une certaine fierté de voir des pêcheurs utiliser et prendre du plaisir à utiliser du matériel que j'avais créé.
J'ai l'impression que depuis un an environ, tu as pris une nouvelle direction dans ta pêche en te focalisant principalement sur la truite et plus particulièrement la recherche de grosses truites. Pourquoi la truite ?
Mathieu Cabar – C'est vrai qu'avant j'étais focalisé sur le Bass… Pareil que pour les compétitions, j'ai commencé à éprouver un peu de routine sur ce poisson, donc j'ai eu envie d'explorer d'autres voies. Pour moi, la truite est le poisson le plus intéressant à pêcher en light. C'est un poisson à la fois lunatique et qui offre des combats de fou dans le courant. Et puis l'environnement montagneux est assez incroyable également… C'est un tout, l'ambiance, le fait de pêcher un nouveau lac pour la première fois et n'avoir aucune idée de la robe des poissons qui y nagent et le découvrir seulement lorsque j'en prends un, etc. Et puis il existe de nombreuses manières de pêcher ce poisson, ça change tout le temps ! Je pêche toujours un peu le Bass et y reviendrais certainement davantage plus tard mais à l'heure actuelle, je ne prends plus autant de plaisir qu'avant sur ce poisson. Je préfère bien plus pêcher une grosse truite en light qu'un bass, même solide, sur du gros matériel.
En parlant de grosses truites, je sais que sur les réseaux sociaux on ne fait que rarement de capot, mais quand même, tu as un sacré rendement sur les gros poissons !
Mathieu Cabar – C'est toujours pareil, c'est ce que je vise le plus donc j'en prends. Je cherche les rivières et les lacs d'altitude à gros poissons et je passe la plupart de mon temps sur ce genre de zones-là donc à un moment ça paye. Ce n'est pas une question de bon pêcheur ou pas. En amont je fais un gros travail de recherche des zones à grosses truites et c'est vraiment ce qui fait la différence. Tu couples ça avec une maîtrise qui augmente avec le temps et tu arrives à ce résultat.
Et puis tu ne dois pas avoir peur de te déplacer non plus j'imagine ?
Mathieu Cabar – C'est sûr ! Je fais beaucoup de route pour pêcher au bon endroit, c'est clair.
Pour en revenir à Morpho, est-ce que tu peux nous parler un peu des produits que tu proposes ?
Mathieu Cabar – Concernant la canne, baptisée Papallona S-212 ML, je voulais une canne avec une action vraiment particulière qui conviendrait à la pêche de jolis poissons. Une canne à la fois légère mais avec une grosse réserve de puissance, une action Fast pour amortir les coups de tête et limiter les décroches et au style un peu vintage typé truite. J'ai commencé à travailler sur cette canne. J'ai mis 18 mois pour la créer, 18 mois au cours desquels j'ai fait faire 7-8 prototypes. Une fois le modèle final en main, je me suis dit pourquoi pas monter ma marque. L'idée derrière ce modèle de canne était également d'avoir une canne polyvalente qui puisse couvrir l'ensemble des pêches de la truite que l'on peut pratiquer en France. De par ses mensurations (2,12 m et 2,5-14 g), on peut l'utiliser en rivière, en lac et occasionnellement en petit ruisseau même si ce n'est pas optimal.
Il y a également les cuillères ondulantes qui ont la particularité d'être en nacre.
Mathieu Cabar – La création de ces ondulantes en nacre vient en réponse à une problématique précise que j'ai eue lors d'une session en lac de montagne au cours de laquelle les truites suivaient beaucoup sur les ondulantes en métal mais ne venaient pas prendre à la descente car les ondulantes coulaient trop vite. Du coup, j'ai réfléchi à un matériau moins dense pour rester efficace sur cette phase. J'en suis venu à penser aux coquillages, à la nacre, en plus des reflets qu'elle produit. J'ai testé, ça m'a plu, et en plus, personne ne l'a jamais proposé en France. Cette matière avait déjà été mise en avant dans d'autres pays mais pas du tout pour ce type d'approche technique. C'est un produit qui vient en complément des poissons nageurs, des ondulantes en métal, etc.
Donc le choix de la nacre répond bien plus à une contrainte purement technique qu'esthétique ?
Mathieu Cabar – Oui, totalement. Les ondulantes en nacre que je propose ne sont pas des leurres que l'on va utiliser tout le temps, au contraire. Ce sont des ondulantes qui vont pleinement s'exprimer à la descente. Si on les ramène vite en linéaire, elles ne tiennent pas, elles ne sont pas faites pour. Elles vont en revanche exceller sur des poissons à vue, sur lancers précis sur des postes bien marqués, leur descente est fabuleuse. C'est un produit très technique dont finalement assez peu de monde comprend l'utilisation.
En complément, j'ai sorti des ondulantes en métal de 14g pour pouvoir lancer loin, plus fines et au galbe plus prononcé que ce que l'on trouve habituellement sur le marché.
J'imagine que tu as des projets dans les tuyaux ?
Mathieu Cabar – Oui, notamment celui d'une nouvelle canne. Après un modèle polyvalent, l'idée est de proposer un produit technique plus spécifique à un usage. Je travaille sur une canne typée grandes rivières et lacs de montagne de 2,40 m pour 5-18 g de puissance. Ça fait 5 mois maintenant que je teste ce nouveau modèle notamment à l'occasion d'un trip en montagne au cours duquel nous avons beaucoup filmé. Nous avons des images folles, notamment le suivi d'une truite sous l'eau, une touche en direct au drone, etc. C'était magique ! Je précise que même si nous avons pêché avec mon matériel, il s'agit bien plus de la vidéo d'un trip entre potes qu'une vidéo promo pour marque. La vidéo de ce trip devrait sortir fin juin.
Justement, tu parles de ta marque dont le logo est un papillon. Il y a nécessairement une explication derrière ce choix ?
Mathieu Cabar – Depuis que je suis petit je suis passionné par les papillons, j'ai même voulu devenir entomologiste. Après, je voulais faire quelque chose qui se démarque en termes de logo, qu'il s'agisse du motif comme de la couleur, et qui sonne bien. Le morpho est un papillon bleu. J'avais trouvé le motif et la couleur qui tranchaient vis-à-vis de ce que l'on a l'habitude de voir dans la pêche et la bonne sonorité ! Ce n'est donc pas quelque chose qui a forcément un sens, c'est plus pour moi, comme un petit rappel à ma jeunesse.
Est-ce que tu penses extrapoler ton travail à d'autres univers, d'autres poissons ?
Mathieu Cabar – Oui mais pour l'instant ce ne sont que des idées lointaines car c'est très coûteux. A ce jour je ne vis pas de ça, j'ai un job 35h par semaine à côté. Dans un premier temps j'élargirai ma gamme truite pour ensuite me diriger vers les pêches finesse de la perche et du chevesne et pourquoi pas partir ensuite sur des pêches plus fortes du Bass, du brochet, etc. J'ai ça en ligne de mire mais ce n'est pas du tout un objectif que je me suis fixé.