Bonjour Fred, on va faire simple et entrer directement dans le vif du sujet. C'est quoi French Touch Fishing ?
Fred Miessner – FTF c'est d'abord une passion pour la pêche aux leurres qui a commencé avec Lucky Craft, une marque japonaise pour laquelle j'ai travaillé à l'époque avec Thomas Vogels (Chef produit Illex ndlr) et David Mery (Fish Connection ndlr) jusqu'en 2009, date à laquelle j'ai créé French Touch Fishing.
Quelle idée se cachait derrière cette volonté de créer ta propre enseigne ?
Fred Miessner – L'idée était de développer des marques qui n'étaient jusque-là pas présentes en France, des marques innovantes qui incarnaient de nouvelles manières de pêcher, la nouvelle génération de pêcheurs.
French Touch Fishing est très marquée par les codes de la rue, une culture street que vous avez largement véhiculée.
Fred Miessner – La société étant basée à Paris, cette volonté de faire découvrir ces nouvelles marques s'est combinée avec l'envie de ne pas attendre le week-end pour aller à la pêche, et a donné naissance à ce que j'ai appelé le Street Fishing. De la même manière qu'il y avait le Street Ball pour le basket, j'ai mis un nom sur une pratique. Les choses que nous allions mettre en place trouvaient donc également leurs origines dans la rue, cette pêche que tu peux pratiquer en bas de chez toi, très rapide où l'on va utiliser de petits leurres souples pour maximiser les chances de faire un poisson. Le terreau parfait pour l'arrivée dès 2009 de Reins, une marque inconnue en France que j'étais allé dégotter au Japon.
Effectivement, parmi les manières de pêcher dont FTF s'est fait l'écho, il y a en bonne place les pêches Finesse de la perche, entre autres.
Fred Miessner – Avec le Reins Rockvibe Shad en 2 pouces associé aux têtes plombées Aji Meba, pour 15€ tu avais une pochette de 20 leurres souples et 5 TP 100% made in Japan qui permettaient de faire de la perche à gogo ! C'était parfait pour les enfants que se mettaient à la pêche sans passer par la case « pêche au coup » et, comme je le disais, pour le street fisher qui souhaitait s'assurer de prendre du poisson même sur de courtes sessions.
Et puis, FTF fait partie de ses marques qui ont contribué à redorer l'image du chevesne, poisson dénigré à l'époque et considéré comme une truite de seconde zone.
Fred Miessner – En parallèle des pêches finesse, il y avait également la pêche à vue que j'affectionne énormément. J'avais analysé que l'on pouvait prendre des chevesnes avec des imitations d'insectes flottants et notamment avec l'Aiba Mushi de Tiemco, que l'on a distribué très tôt. Les seuls qui faisaient cela au Japon à l'époque, c'était Tiemco. Nous avons été précurseurs sur les spoons à truite également avec la Lightning Wobbler de Tiemco que nous avions lancée dès 2012, bien avant que l'Area soit répandue. Cette cuillère fait partie des références qui sont restées longtemps au catalogue sans trop bouger car nous n'avions pas la force de frappe pour communiquer largement auprès du grand public.
Certainement, mais French Touch Fishing a néanmoins marqué son époque, que ce soit sur les approches techniques comme sur la manière de communiquer.
Fred Miessner – On était petits mais on avait des idées, on était très actifs. On avait notre blog, la FTF Fishing School, etc. L'idée était de faire connaître des nouvelles techniques, des nouvelles tendances, comme la pêche en casting et notamment le Bait Finesse mais également le Big bait ! En 2009, avec Deps on avait le Silent Killer puis en 2016, les gros shads Svartzonker montés sur Shallow Rig, des leurres avec lesquels on pouvait aller pêcher le brochet le week-end. Toujours cette alternance pêche en Street Fishing et pêche dans la grande nature la plupart du temps en bateau.
Une manière de vivre la pêche qui dépasse totalement le cadre qu'imposait jusque-là sa pratique, la pêche comme un vrai style de vie.
Fred Miessner – Avec William Fichard (créateur de la marque Big Fish 1983 ndlr) nous avons amené l'aspect "Lifestyle". Le Street Fishing est une intégration dans notre mode de vie se traduisant notamment par le fait de ne pas devoir s'habiller spécifiquement pour aller à la pêche, parce qu'après tu peux retrouver tes potes autour d'un verre en terrasse par exemple. La pêche ne se limitait donc pas à la technique, elle devenait quelque chose de culturel. Je suis vraiment fier de cet esprit, cet héritage que j'ai réussi à faire perdurer au fil des années. Lorsque j'étais au collège, j'avais honte de dire que j'allais à la pêche, alors que mon fils est connu sur les bords de Seine comme étant « Ferdinand le pêcheur ». Le Street Fishing est dorénavant intégré dans la culture urbaine au même titre que le skate. Arpentant la ville la canne à la main et les pieds sur le béton, ce n'est pas par hasard qu'une marque comme New Balance nous a choisi comme ambassadeurs.
Lorsque tu regardes derrière toi, que tu fais le point sur le chemin parcouru, tu nourris donc une certaine satisfaction ?
Fred Miessner – Reconquérir les jeunes via la pêche en ville… Tu m'aurais fixé ce challenge-là il y a 20 ans, je t'aurais pris pour un fou. Aujourd'hui, et quoi qu'il se passe, je suis fier de laisser ces traces derrière moi, cette signature FTF qui est d'amener des nouvelles techniques, des nouvelles marques et des nouvelles tendances. Mon autre passion, tu l'auras compris, c'est de dénicher des marques ! Et l'histoire de FTF se poursuit avec le lancement du Pro Shop.