La recherche de secteurs de pêche relativement préservés en France est une mission souvent compliquée mais il reste certains bastions qui, malgré une dégradation générale de la qualité des eaux, semblent être épargnés. Les moucheurs à la recherche des truites et ombres le savent bien, ces poissons étant particulièrement sensibles aux pollutions et changements de conditions. Les parcours de Goumois font partie de ces milieux qui tiennent encore le coup face aux dégâts que nous causons tous. Il y persiste un écosystème diversifié et riche sur le plan entomologique et logiquement piscicole.
A l'époque des constats pessimistes constants (et souvent justifiés), parlons aussi de ces endroits où la nature fonctionne encore, et croisons les doigts (ou mieux, agissons !) pour qu'ils le restent et qu'ils puissent servir d'exemple pour restaurer ce qui est déjà abîmé.
Les espèces présentes
Les truites farios de souche méditerranéenne sont présentes en nombre et jouissent d'une certaine réputation (très justifiée à mon sens) quant à leur méfiance. Les tailles, et donc tranches d'âges, sont toutes bien représentées et les gros spécimens qu'il n'est pas rare d'observer, ont le don de motiver les pêcheurs qui les recherchent spécifiquement.
Les éclosions massives d'insectes à certains moments de la journée leur font oublier leurs craintes mais elles restent très sélectives et sensibles à la présentation des mouches. Ces poissons sont éduqués, bien nourris et évoluent dans de l'eau claire, une somme de paramètres qui offre un beau challenge et une vraie valeur au moindre poisson capturé.
Les ombres constituent un intérêt majeur sur les différents secteurs de par la densité de poissons. Chaque fond de veine d'eau soutenue, chaque lisse ou cuvette créée par une dépression abrite régulièrement des poissons. Malgré la clarté de l'eau, il est parfois difficile de déceler leur présence mais en s'attardant on peut observer leur parcours ou identifier leur poste et s'habituer à les repérer plus rapidement. Volontiers gobeurs, notamment sur les éclosions de trichoptères, ils sont souvent moins difficiles à leurrer que les truites mais restent relativement sélectifs sur l'imitation proposée. Ils sont une bonne alternative quand les truites ne sont pas en activité. Ils peuvent réagir à une mouche bien placée plusieurs fois par opportunisme et permettent donc des captures assez régulières tout au long de la journée.
Les parcours
L'ensemble du secteur est entrecoupé par 2 barrages qui donnent leurs noms aux 2 parcours amont. La présence de retenues EDF nécessite d'être conscient que d'importantes montées d'eau peuvent survenir lors des lâchers.
Le plus amont est le barrage du refrain. Le plus pratique pour le pêcher est de se stationner à l'usine électrique du Refrain et de choisir ensuite de pêcher la partie amont ou aval qui offre 2 profils bien différents.
La partie amont est encaissée et large d'une dizaine de mètres. De gros blocs de pierre sont parsemés dans le lit de la rivière (ainsi qu'au bord) ce qui rend l'endroit assez physique à pêcher. Les différents rochers forment petits courants et piscines où se tiennent les poissons. C'est le parcours le plus technique à prospecter à la mouche mais le spectacle offert vaut le détour.
La partie aval est plus ouverte et la rivière s'élargie nettement pour former une alternance de rapides et de grands lisses. Il est plus facile d'accès que la partie amont et il convient de suivre le chemin de randonnée jusqu'en aval de l'île sous la centrale électrique pour trouver les sentiers très praticables qui mènent à la rivière. Il faudra changer de berge pour prospecter la partie la plus aval du parcours qui devient plus profonde et moins intéressante à la mouche.
Le barrage de la Goule marque le début du deuxième parcours. Pour s'y rendre il faut viser Charmauvilliers et descendre la rue de la Goule, tourner à droite à la petite chapelle du bief d'Etoz puis continuer jusqu'au bout de la route pour se garer.
Vous aurez alors le choix de remonter ou descendre pour trouver un enchainement de postes très marqués. L'accès aval est cependant très facile en suivant le chemin de randonnée qui descend vers la rivière après une centaine de mètres. La rivière coule également ici dans une vallée très encaissée, et même si certains postes attirent l'attention, le dénivelé rend certaines parties dangereuses d'accès. Ne risquez pas une chute pour quelques poissons, il y'en a pratiquement partout ailleurs.
Le secteur de Goumois, le plus aval est également le plus étendu. En suivant la route de la forge du côté français vous pourrez avoir un accès facile à des kilomètres de rivière en aval de Goumois. La partie Amont est accessible en rejoignant la petite route Curtelot et offre un bon kilomètre pêchable avant d'être bloqué par un dénivelé et un engorgement de la rivière infranchissable.
Les techniques à mettre en œuvre
Presque toutes les techniques de pêche à la mouche peuvent être pratiquées tant que l'approche du poisson se fait dans la plus grande discrétion.
Vu le profil et la taille de la rivière, une canne de 10 pieds soie de 4 semble être une alternative intéressante pour une bonne polyvalence. Le bas de ligne sera à adapter selon la technique choisie avec une pointe en 12/100.
La pêche en sèche y est souvent praticable il convient cependant de soigner la présentation, et pour de meilleurs résultats, de maitriser le lancer courbe qui permet de présenter la mouche avant le fil pendant la dérive.
La pêche en nymphe à vue est également envisageable, particulièrement quand la rivière est claire. Les nymphes céramiques en hameçon de 18 ou 20 peuvent faire la différence pour pêcher petit mais profond. Une légère animation permet parfois de décider un poisson difficile mais il faut l'effectuer au bon moment et avec la bonne amplitude au risque d'obtenir le résultat inverse et de voir fuir le poisson repéré.
La nymphe au fil y est praticable également mais pourquoi ne pas s'essayer à la technique de nymphe au fil plaqué de Marcel RONCARI inventée spécialement pour cette rivière et dont l'efficacité est souvent surprenante. La détection des touches n'est pas simple au départ, le bout de la soie fait office de détecteur et doit être graissé. La moindre variation de dérive, aussi petite soit-elle, indique qu'un poisson a pris. Une arme redoutable pour prospecter les veines d'eau du Doubs à distance.
Le tandem sèche-nymphe s'avère être une bonne alternative pour les périodes de plus faible activité des poissons. Un tavanas de taille moyenne suivi d'une pheasant tail évoluant entre 2 eaux peuvent parfois permettre de tirer son épingle du jeu quand c'est difficile.
Infos pratiques :
- Les hébergements :
Hôtel taillard
Hôtel du Doubs
Le camping municipal de la forge (au bord de la rivière)
Airbnb
- Les permis :
L'AAPPMA la franco- suisse n'étant pas réciprocitaire il convient de s'acquitter d'un droit de pêche supplémentaire :
La carte hebdomadaire lorsqu'on est détenteur du permis national et timbre EGHO :46€ (13,10€ journalier)
Sans permis national le prix est de 59€ hebdomadaire (17€ journalier)
Les permis peuvent être achetés en ligne sur le site de la fédération de pêche du Doubs ou chez les dépositaires.
- Les niveaux d'eau :
Pour avoir une idée du niveau de la rivière la consultation de Vigicrue s'avère très utile. Pour la pêche à la mouche un niveau entre 10 et 25m3 par seconde est à privilégier.
Pour plus d'information sur la réglementation en vigueur sur les parcours consulter le site de l'AAPPMA la franco-suisse.