Pêcher la carpe autrement : léger au fil de l'eau à la rodée

Nous connaissons tous ce sentiment d'être libre comme l'air, motivé à pêcher où bon nous semble pour nous évader tout en voulant réaliser les objectifs que nous nous fixons. Seulement, cet état d'esprit chez nous pêcheurs de carpes, est souvent mis à mal par un matériel encombrant. Pourtant être léger au fil de l'eau est possible et surtout efficace.

Nous avons souvent beaucoup de matériel lorsque que nous partons en session. Ce matériel divers et varié est quasi indispensable pour aborder certains lieux et avoir des résultats. Alors même lorsque nous nous allégeons afin d'être des plus mobiles, notre pêche donne l'image d'une pratique inaccessible pour les non-initiés ou ceux qui n'auraient pas les moyens ou l'envie d'investir dans du matériel parfois coûteux.

Aux yeux des non-initiés, nos pratiques semblent parfois déroutantes voire inaccessibles !
Aux yeux des non-initiés, nos pratiques semblent parfois déroutantes voire inaccessibles !

Et je ne parle pas du temps nécessaire… J'ai souvenir du gamin que j'étais, partant avec presque rien, accompagné de mon grand-père pour pêcher les carpes « dans les trous ». Que de bons moments passés au fil de la rivière à se déplacer pour trouver les poissons. Je ne souhaite pas que la pêche de la carpe soit réduite, comme on peut parfois l'entendre, aux adjectifs « statique », « encombrante », « coûteuse », « chronophage », « pépère »... Mon challenge va s'attarder à démontrer qu'il est possible de prendre des poissons et donc du plaisir avec très peu de matériel, en très peu de temps et sur des lieux variés. Je serai donc léger au fil de l'eau... dicté par mon instinct et mes observations ; avec comme seul moyen de déplacement, la marche !

Objectif

Réaliser à minima quatre carpes sur quatre eaux différentes en réalisant une pêche à la rodée avec une seule canne, en un temps limité.

Pouvoir traîner son matériel en une seule fois à pied est le meilleur moyen d'être en mode « All Road ».

Léger, on passe partout. Tout tient dans mon Monster Weight Sling et mon Mini Stalking Bag.
Léger, on passe partout. Tout tient dans mon Monster Weight Sling et mon Mini Stalking Bag.

En effet, il est ainsi possible de s'attaquer à de nombreux postes difficiles d'accès ou tout simplement délaissés tant il faut marcher longtemps pour y parvenir. Que ce soit en canal, rivière, lac, gravière, fleuve... en ville ou en pleine brousse, cette approche nous permet d'accéder à des postes parfois vierges ou peu pêchés. Outre cet aspect, elle permet également de prendre à contre-pieds des approches très usitées qui deviennent à la longue contre-productives. Je l'ai exposé plusieurs fois dans mes challenges : le conditionnement positif nous obsède mais nous négligeons bien trop souvent le conditionnement négatif. Et puis cette approche nous oblige à aller au plus près des poissons. Elle nous force à avoir une observation et une analyse plus poussées des comportements de nos compagnes de jeu. Et c'est pour moi l'aspect primordial de notre passion. Il faut parfois être très réactif face aux comportements, aux conditions météorologiques... Le faible volume et la légèreté du matériel que je vais utiliser me permet cela. Ceci devient alors un véritable atout pour des pêches de quelques heures. La pêche devient dans ces conditions un véritable jeu de piste.

Leurrer ou amorcer

Ceci est toujours un dilemme même pour de longues sessions. La pêche à la rodée n'y échappe pas. Cette approche n'exclut en aucun cas de préparer ses coups à l'avance. Ce qui compte dans cette façon d'aborder les choses, c'est la mobilité et la réactivité. Dans mon cas précis, je vais m'attaquer à quatre lieux qui ont chacun leurs spécificités. Je vais donc m'adapter en conséquence. J'amorcerai au préalable sur le canal et sur l'étang. J'y reviendrai plus en détails quand j'aborderai le récit de ces pêches. En revanche, sur la gravière et la rivière, je choisirai d'axer mon approche sur la stimulation.

Le canal, pas si banal !

La monotonie du canal et l'interdiction des véhicules éloignent bon nombre de pêcheurs !
La monotonie du canal et l'interdiction des véhicules éloignent bon nombre de pêcheurs !

Lors de longues balades à vélo dans ma région, j'ai constaté que plusieurs canaux hébergeaient de beaux amours blancs. La pression de pêche y est quasi nulle. En effet, la monotonie des lieux attire peu de pêcheurs et l'accessibilité par la marche en fait reculer plus d'un. Mon premier lieu était tout trouvé. Après plusieurs jours d'observations sur l'un de ces canaux, je constatais que l'activité des amours était à son comble de 14 h à 18 h sur un bief bien déterminé où ils aimaient naviguer tranquillement sur plusieurs kilomètres. J'allais donc venir les pêcher sur ce créneau au moment opportun.

Mais avant d'en arriver là, il fallait préparer le coup. Ces bestiaux mangent énormément et pour les détourner d'un milieu naturellement riche en nourritures, il fallait leur donner à manger en bonne quantité. J'alternerai les postes toutes les heures. J'allais donc adapter mon amorçage en conséquence. Ayant bien remarqué leur comportement, j'ai amorcé 4 postes tenant compte bien évidemment de leur sens de déplacement mais surtout de leurs zones d'alimentation successives (au milieu de certaines zones d'herbiers). A noter que plusieurs centaines de mètres distançaient les 4 postes. J'allais donc, par un amorçage régulier (3 jours à l'avance), essayer de les accoutumer à mes appâts avant de tenter ma chance. Mon amorçage constitué de graines et de bouillettes de la gamme probiotic était déversé une à deux heures avant leur pleine activité alimentaire de façon à ce que la table soit déjà dressée dès leur arrivée (aucun phénomène de peur ainsi).

Le jour J est là !

Je tends ma canne sur le premier poste en dispersant uniquement quelques bouillettes (montage flottant). Je le rappelle. Tout doit tenir dans mon stalking bag donc impossible d'emmener mon mélange de graines (trop lourd et encombrant). Pour être discret, je ramène ma canne assez loin du spot. Premier poste, rien. Pas de départ et pas l'ombre d'une activité. Je pars au bout d'une heure sur le second poste. Ils sont bien là ! Je disperse quelques bouillettes avant de tendre et me recule pour éloigner ma canne. 45 minutes plus tard c'est le jackpot ! J'épuise un bel et gros amour. J'avais pris un moulinet équipé de tresse pour contrer les herbiers. Bien heureusement ! Car extirper un tel poisson de cette jungle aquatique aurait été mission impossible avec du nylon ! Il me restait environ 2 heures de pêche. Je n'enregistrerai pas d'autres touches. « Objectif canal » validé !

Les amours sont devenus les nouvelles barges de ces canaux oubliés.
Les amours sont devenus les nouvelles barges de ces canaux oubliés.

Cap en rivière !

A l'image des canaux, la France regorge de petites rivières. Pour aborder ces lieux, la pêche à la rodée est incontestable. Sur ce type d'endroit, la navigation est impossible et les postes accessibles en voiture sont très peu nombreux. Et pourtant ces rivières nous offrent des centaines de kilomètres de jeu. De plus, y tendre plusieurs cannes pendant des heures est plutôt inefficace. La réactivité et la mobilité doit être de rigueur pour espérer faire quelques poissons.

La rivière est un terrain de jeu extraordinaire. Freedom !
La rivière est un terrain de jeu extraordinaire. Freedom !

A l'inverse de mon approche au canal, je n'ai pas amorcé à l'avance. Discrètement, je vais arpenter pour quelques heures cette rivière en prenant le temps d'observer le moindre indice. Côté eschage, j'utilise des Tigers. Pour stimuler les poissons, j'ai choisi d'amorcer chaque poste où je vais tenter ma chance avec du maïs doux. Appât tellement redoutable d'autant plus sur des poissons peu pêchés !

Ici, la monotonie ne caractérise pas les lieux. Nénuphars, arbres morts, branches tombantes... se succèdent au fil de la rivière. Côté technique, j'exerce une pêche au bouchon afin de visualiser rapidement la touche et de surélever la ligne pour éviter les obstacles ! Du gros nylon est de la partie ! En 3 heures de temps, après avoir fait plusieurs postes, je n'ai quasi rien à signaler ! Quand soudain… le bouchon fonce. Le combat ne dure que quelques secondes. Et oui ! Là ça ne rigole pas car le moindre centimètre laissé entraine la perte du poisson. J'épuise une commune de toute beauté.

Osmose parfaite entre cette commune et son milieu sauvage.
Osmose parfaite entre cette commune et son milieu sauvage.

Ce sera comme sur le canal, la seule touche. « Objectif rivière » validé !

L'étang, autrement.

Je me retrouve cette fois-ci sur un étang très sauvage où bon nombre de spots sont inaccessibles avec beaucoup de matériel.

Les abords de cet étang sont encombrés sur la quasi-totalité.
Les abords de cet étang sont encombrés sur la quasi-totalité.

Concernant mon approche, elle sera hybride. Je m'en explique. Sur cette pièce d'eau de 10 hectares environ, les carpes répondent plutôt bien aux amorçages. Inutile de préparer plusieurs postes au risque que cela soit contre-productif. Je vais donc amorcer (2 jours) un seul poste précis mais que je ne pourrai pêcher qu'une heure maximum. Je pêcherai d'autres spots, sans amorçage préalable, suivant les observations du moment. Mon amorçage est constitué de bouillettes Peach and Mango. Cet appât plutôt puissant d'ordre olfacto-gustatif fera parfaitement l'affaire sur un substrat vaseux. Le spot amorcé l'a été chaque jour vers 10h. J'espère de la sorte avoir une pleine activité de 11h à 12h. Ce spot se situe à 60 m du bord environ et présente une vase plus dense. Cela change quelque peu de la pêche à courte distance exercée sur le canal et la rivière. Pour les autres postes, j'exercerai une pêche de bordure où je disposerai à l'aide de ma fronde quelques bouillettes coupées et accompagnerai mon montage d'un filet soluble rempli de pellets Peach and Mango colorés au préalable d'Add it Fluoro Ink (White) pour avoir un contraste marquant.

Jour J

Je commence ma pêche sur un spot non amorcé de 10 h à 11 h. Je réalise un poisson juste en dessous des 10 kilos. Il est 11h. Je file sur mon spot amorcé où j'espère beaucoup. En une heure de temps, je réaliserai 3 poissons tous au-dessus de 10 kilos.

Quatrième poisson pris sur les lieux !
Quatrième poisson pris sur les lieux !

Mes 2 dernières heures de pêche ne me rapporteront pas de poisson malgré 3 changements de poste. Au final, pas de très gros poissons mais que d'adrénaline. « Objectif étang » validé !

Gravière de caractère ! 

En place sur cette gravière d'une quinzaine d'hectares pour pêcher en bateau, je souhaite réaliser dès mon retour sur les berges une pêche à la rodée.

Venu sur cette gravière pour pêcher en bateau, je finirai par exercer une pêche à la rodée le dernier matin.
Venu sur cette gravière pour pêcher en bateau, je finirai par exercer une pêche à la rodée le dernier matin.

J'ai pu constater lors de ma pêche en boat que certains poissons sautaient très tôt le matin, dans une petite reculée non loin du bord. Ayant pris un peu de retard pour plier tout mon attirail, je ne serai prêt pour la pêche à la rodée qu'à 8 h. Et à 11h, je dois filer ! Je mise tout sur la stimulation. J'arme ma canne d'un Spinner Rig esché d'une pop-up Fluo Spicy Salmon accompagné d'un filet soluble regorgeant de Boost. Avant de lancer ma canne, je prends le temps d'observer l'eau. Au bout de 10 min, un poisson crève la surface à une quarantaine de mètres (dans cette fameuse reculée). Je m'empresse de tendre la canne sur ce qui semble être un beau poisson. Je n'ai pas le temps de la poser par terre qu'elle me démarre dans la main ! Il aura fallu 10 secondes ! J'épuise alors cette miroir au gabarit généreux !

Ce sera mon plus gros poisson pris sur la gravière. Comme quoi il en faut parfois peu !
Ce sera mon plus gros poisson pris sur la gravière. Comme quoi il en faut parfois peu !

Je ne toucherai pas d'autres poissons malgré d'autres postes pêchés. « Objectif gravière » validé !

En conclusion

Au travers de ce challenge, je souhaitais absolument montrer qu'il est possible en quelques heures, de prendre des carpes avec une seule canne sur des lieux parfois en manque d'intérêt halieutique ou pêchés toujours de la même façon. Cela donne un sentiment de liberté inégalé. Avec une certaine réflexion, une observation fine du milieu et une approche adaptée, il est tout à fait possible d'avoir de bons résultats en pratiquant de la sorte. « Il en faut peu pour être heureux !». Qui n'a pas un canal, une petite rivière, un petit étang sauvage proche de chez lui ? Qui n'a pas quelques heures par-ci, par-là ? Le gamin que j'ai été a commencé de la sorte. Et même si l'adulte que je suis devenu parcourt la France entière à traquer de beaux poissons, j'éprouve toujours un très grand plaisir à revenir sur ces lieux, pour quelques heures, avec presque rien !

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