Il faut dépasser ce stéréotype qui nous colle sans cesse « au cul des cannes ». Comme si finalement nous étions condamnés à attendre inexorablement. Non, la pêche ce n'est pas uniquement cela et surtout elle ne doit pas le devenir. Nous devons provoquer la chance. J'aime cette citation de W. Churchill : « La chance n'existe pas ! Ce que vous appelez chance c'est ce que certains accordent aux détails les plus infimes ! ». Tout est dit non ? Alors pour ce challenge, je me retrouverai au bord de l'eau pour plusieurs heures mais serai complètement actif dans ma pêche. Le rappel qui me paraît être une des bases de notre passion sera le maître mot de ce défi. Il sera le chef d'orchestre qui va imprimer le rythme de ma pêche et des touches, espérons-le !
Objectif
Réaliser au moins 4 poissons en 2 x 12h en pratiquant une pêche de rappel à la sortie de l'hiver.
Les contraintes et variables auxquelles je serai confronté pour ce challenge sont les suivantes :
Règles du jeu :
- 2 cannes seulement + 1 canne à spoder et une autre à sonder
- 2 x 12h
- 2 lieux à la topographie complètement différente
- Appâts illimités
- Pêche de rappel obligatoire. Amorçage toutes les heures minimum même de nuit.
- Au moins deux poissons sur chaque lieu
- Seuls les poissons de plus de 10 kilos comptent
- Pêche du bord uniquement
- Etape 2 si et seulement si étape 1 réussie
Mon challenge se déroulera en 2 phases de 12H, soit 24H au total. La première étape se passera de jour alors que la seconde aura lieu de nuit. Ces deux sessions ne seront pas consécutives et ne se dérouleront pas sur le même lieu. Elles devront en revanche se dérouler toutes les deux au mois de mars.
Les lieux
1) Un étang du Centre
Le terrain de jeu de ma première étape accuse une superficie de 10 ha environ. La pression de pêche n'est pas très importante. La moyenne n'est pas très élevée mais plutôt correcte. C'est un lieu que je pratique occasionnellement. J'avoue en choisissant cet endroit, qu'un poisson me trotte dans la tête. Pas énorme mais une écaillure de toute beauté.
2) Une gravière bourguignonne
Cette gravière fait une dizaine d'hectares. Les fonds y sont très changeants et marqués. La pêche peut y être très compliquée. La densité de poissons y est plutôt faible mais quelques gros poissons colonisent les lieux. Le poids médian est plutôt élevé.
Programmation
- 2ème dimanche de mars de 7h à 19h.
- Dernier week-end de mars : samedi à dimanche de 20 h à 8h.
Approche
Comme la règle l'impose, je vais pratiquer une pêche de rappel. Cela consiste à déverser une quantité d'appâts choisie à intervalle régulier. Mais mon approche sera quelque peu différente sur les deux lieux abordés.
Sur l'étang qui présente un fond vaseux, donc foncé, j'utiliserai une amorce semi liquide type zig agrémentée de bouillettes broyées et de pellets. Cette amorce aura une couleur à dominante blanche afin de contraster au maximum avec le fond.
Au début de la journée, j'amorcerai avec une quantité d'environ 2.5 kg puis pratiquerai un rappel toutes les 30 minutes environ. Pour accentuer l'aspect visuel et attractif, je fixerai, sur le plomb de mon montage, de la pâte réalisée avec du mix Add It Full Hemp coloré en rose. Rose sur blanc ! J'adore ! Le montage choisi est un chod qui a l'énorme avantage de pêcher parfaitement sur fond vaseux.
Pour amorcer (au départ) et pour rappeler ensuite, je vais utiliser un Spomb. Je ne fais pas cela par hasard. Les carpes de ces lieux répondent très bien au bruit du spod qui claque en surface et notamment quelques poissons déjà croisés. Pourquoi ? Conditionnement positif très certainement.
Sur la gravière, l'histoire est toute autre ! La discrétion est de rigueur. Le spod est à oublier complètement ! Il fait trop de bruit et les habitantes de cette eau le fuient comme la peste (ou devrais-je dire la virémie !). Je n'utiliserai donc que des bouillettes de 15 et 20 mm. A mon arrivée, je poserai un petit kilo d'appâts. Je rappellerai jusqu'à 1h toutes les 30 minutes, puis toutes les heures jusqu'au petit matin. Histoire de mettre en jeu et en concurrence quelques belles des lieux ! La quantité de bouillettes au rappel sera de deux poignées environ. Une ligne sera placée au centre de l'amorçage et l'autre en périphérie. Côté montage je fais confiance cette fois-ci à un Blow Back Rig et un Multi Rig.
Un dimanche de mars
La journée s'annonce ensoleillée. Les températures des derniers jours sont plutôt clémentes avec des pointes à 14°C. Le soleil a réchauffé davantage les zones exposées Sud, Sud-Ouest. J'ai donc choisi d'amorcer et de tendre mes lignes sur une berge présentant ce profil. A mon arrivée vers 7H, je commence par mélanger et mouiller mon amorce : de l'Eazi Spod Sticky Sweet. Pour augmenter l'effet dispersant, je mouille l'ensemble avec du lait et du Boost Pro de la gamme probiotic. Pour parfaire le tout, j'y ajoute des bouillettes broyées ainsi que des pellets de la même gamme. Je spode d'emblée 2/3 KG d'amorce. Je rajoute par la suite et ce toutes les 30 minutes l'équivalent d'un Spomb. Vers 10H beaucoup de « bouillons » remontent sur le coup. Vers 11H, premier départ. Un joli poisson aux couleurs automnales rejoint mon tapis de réception. Cependant celui-ci n'accuse pas les 10 kilos. Poisson remis à l'eau, je m'empresse de rappeler l'équivalent de deux Spomb d'amorce. Le compteur n'est toujours pas débloqué. 30 minutes plus tard, alors que je viens à peine de rajouter un Spomb, un nouveau départ survient. 12H environ : poisson épuisé. C'est une magnifique miroir avec un joli groin.
Compteur débloqué ! Ça commence à prendre tournure ! Pas de temps de latence. Je rajoute 2 Spomb. C'est la dose que j'ai prévue après chaque départ. Jusqu'à 13H30 je continue à spoder à intervalle régulier. 13H45 : troisième départ ! A la pesée, elle fait plus de 10 kilos. C'est le troisième poisson de cette première étape mais le deuxième poisson validé.
Alors que l'hiver prend fin, l'amorçage rythmé semble activer les poissons. Je rajoute encore 2 Spomb. Je rappelle toutes les 30 minutes jusqu'à 16h15 sans enregistrer de touches. 16H30 : départ. Le poisson se décroche après quelques minutes de combat ! Je remets 2 Spomb après avoir relancé. 16H55 : départ à nouveau. Le combat est vraiment différent. Ça sent la torpille. Et quelle torpille ! C'est le poisson que j'attendais tant. Je la glisse dans l'épuisette. Je suis bouche bée devant cette fully!
J'avais auparavant capturé ce poisson. Et déjà sur un amorçage rythmé au Spomb ! Elle aime le bruit celle-ci c'est sûr ! Troisième poisson validé.
Bilan de la première étape : lors de cette magnifique journée ensoleillée de mi-mars, j'enregistrerai 5 départs pour au final 4 poissons dont 3 validés et une décroche. J'accède donc au dernier niveau (on se croirait dans un jeu vidéo, LOL). Pour réussir mon défi, il me reste à faire 2 poissons de plus de 10 kilos sur la gravière. Ce n'est pas une mince affaire car elle demeure très capricieuse surtout en cette période.
Nuit du samedi au dimanche : un rappel adapté
Comme je le disais précédemment, l'approche sur cette gravière est toute autre. En effet, les poissons sont très méfiants et ne sont pas réceptifs au bruit. Il est par conséquent hors de question de pratiquer le rappel avec un Spomb. Trop bruyant ! Seuls les bouillettes de différents diamètres et mon cobra seront de la partie pour rappeler.
Je suis en pêche vers 20H, l'heure d'hiver ayant laissé place à l'heure estival. Je pose environ 1 kilo de bouillettes IF1. Mes deux lignes eschées d'un bonhomme de neige sont placées : l'une au centre de l'amorçage, l'autre en périphérie. Pour pratiquer ma pêche de rappel, j'ai choisi une zone peu profonde présentant un large et long plateau. La profondeur y est d'à peine 2 mètres. La nuit s'annonce douce et le soleil des jours précédents a favorisé le réchauffement de cette zone. Ma plus grande crainte en pratiquant le rappel sur ces lieux, est de mettre en euphorie les brèmes présentes ! Qui ne tente rien n'a rien ! Certe, mais ce qui devait arriver, arriva ! Après plusieurs rappels, j'enchaîne les touches de brèmes. Et bien évidemment, sur la canne placée au centre de l'amorçage. Malgré la fatigue je tiens bon. Elles finiront peut-être par agacer les carpes. Croisons les doigts ! Jusqu'à 00H, je n'ai pris que des « plateaux » !! 00H25 : juste avant mon rappel, j'enregistre enfin un départ. Toujours sur la canne placée au milieu de l'amorçage. Cette fois-ci c'est du sérieux. Le poisson épuisé est plus que correct.
Et d'une !! Mon objectif n'était plus très loin! Sans le savoir le meilleur m'attendait... Je rappelle avec 4 poignées de bouillettes environ. 1H : deuxième départ ! Je prends un gadin mémorable mais j'arrive tout de même à prendre la canne en main. Quelques minutes plus tard, j'épuise une magnifique commune. Ce sera le plus gros poisson de ce challenge.
Cette fois-ci c'est la canne placée en périphérie qui m'apporte ce joli trophé… Et de 2 ! Les brèmes auront fini par déguerpir pour laisser place à deux beaux sujets. Je continue mes séances de rappel. Alors que je me suis endormi pour quelques minutes, une touche en yoyo me réveille. Ça sent la brème. Et bien non ! Il vient de se passer un « truc de fou ». Alors que je saisis la canne, je m'aperçois que la seconde est complètement détendue. Je n'avais tout simplement pas rallumé le détecteur. M……de ! Un départ s'était tout simplement produit. Le poisson avait fini par casser la ligne dans un obstacle mais l'émerillon du montage s'était repris dans l'hameçon de l'autre ligne. On peut utiliser tous les superlatifs que l'on veut, c'est inimaginable ! C'est une commune de 8 kilos mais quel souvenir, non ?!
Bilan de la seconde étape
J'enregistrerai 3 départs dont une de moins de 10 kilos. Et surtout une anecdote à raconter encore et encore. Car au final c'est souvent ce genre de souvenir halieutique qui reste indélébile. Bon, soyons honnête… je retiens également cette commune aux dimensions généreuses qui de surcroît m'a permis d'atteindre mon objectif !
Conclusion
Cette pêche de rappel, plutôt éprouvante (surtout de nuit), m'aura rapporté 7 poissons dont 5 de plus de 10 kilos. Ce challenge rythmé est validé ! Je retiendrai que nos approches manquent parfois de simplicité et d'action. La pêche de rappel est devenue, je le trouve, délaissée (hors compétiton). A tort je pense. Être actif n'est pas uniquement une question de mobilité. La pêche au coup par laquelle nous avons quasiment tous commencé est riche d'enseignement, ne l'oublions pas. Et le rappel, entre autres, en fait partie. Nous n'avons tout simplement rien inventé. Alors parfois restons simples dans nos approches mais pas simplistes… Nos résultats ne s'en porteront pas plus mal. RAPPELez-vous en !
