Mon grand-père avait l'habitude de dire : « poisson vu, poisson foutu ! », dans le sens ou lorsqu'on voit un poisson, il y a de fortes chances pour qu'il nous ait vu aussi… Une affirmation qui se vérifie souvent néanmoins, il est tout à fait possible de réussir à leurrer des poissons sans que ceux-ci nous aient repérés préalablement, à la seule condition de soigner son approche et d'observer une certaine méthodologie.
Prenez le temps de l'observation
Une fois que vous avez localisé un poisson, il ne faut pas se précipiter. L'idéal est de bien identifier l'espèce de poisson repérée. Carnassier, truite, poisson blanc… Vous avez normalement déjà une idée concernant les espèces en présence et potentiellement visibles, mais il est parfois difficile d'identifier clairement un poisson donc prenez le temps, surtout si le poisson reste stationnaire. Observez-le. Est-ce qu'il s'agite ou est-ce qu'il est posé au fond ? En attente d'une proie qui tombe dans l'eau ? En chasse ? il faut prendre le maximum d'indices pour décider le poisson à mordre dès le premier coup. Beaucoup de poissons effectue des « rondes » avec une fréquences digne d'un métronome. Observez bien leurs passages et leurs rondes pour lancer au moment le plus opportun. Très régulièrement, vous allez même voir remonter ou arriver de nulle part un poisson plus gros qui partage le poste du poisson repéré ! Prenez votre temps.
Adaptez le leurre et sa présentation
Il faudra adapter sa présentation et son leurre en fonction de l'espèce et de ces observations. Dans tous les cas, pour les pêches à vue, il est toujours bon d'appliquer le downsizing, un concept que nous avons déjà évoqué et qui est très efficace sur les poissons difficiles. Il s'agit de réduire la taille de son leurre, pour obtenir moins de déplacement d'eau, moins de stimuli et une présentation ultra naturelle proche des proies des espèces ciblées. Le coup parfait consiste à donner au poisson ce qu'il attend : une sauterelle, une grenouille, un fruit, un petit poisson, un vers…
Il faut ensuite prendre le temps de bien se placer pour pouvoir lancer. Faites attention derrière vous, sur les côtés, au-dessus… avoir un geste franc mais pas trop brusque.
Le lancer de ce leurre léger doit être très précis et efficace. Il n'y a en général pas beaucoup de place pour les ratés, le poisson se méfiant vite et refusant d'attaquer. L'idéal est de lancer devant le poisson, mais pas dessus. S'il y a du courant, il faut s'en servir comme d'un atout pour que celui-ci amène naturellement votre leurre vers le poisson convoité. Pareil avec le vent, qui est cependant plus difficile à gérer…
Par défaut, évitez de réaliser trop d'animations. J'ai tendance à laisser faire et si le poisson ne se décide pas, j'essaye de donner vie lentement à mon leurre. Soyez près à « sacrifier » la capture d'un poisson modeste s'il monte en premier sur votre leurre au détriment d'un poisson plus gros. Retentez votre chance en lançant plus près de ce gros poisson. La compétition alimentaire peut décider les gros sujets parfois récalcitrants à prendre votre leurre.
Ne succombez pas à l'empressement
Une fois qu'un poisson s'intéresse à votre présentation et s'en empare, soyez là encore attentifs et évitez la précipitation malgré l'adrénaline. Un ferrage trop hâtif et l'hameçon ne se loge pas dans la gueule du poisson qui n'avait pas prit en bouche entièrement votre imitation. De même pour le ferrage trop tardif. Certains poissons aspirent et recrachent dans le même mouvement de gueule, et en un éclair, votre leurre. Dès que le poisson se tourne ou que votre leurre disparait, ferrez fermement !