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Un enjeu politique
Les différentes fédérations départementales ont leur propre avis sur les déversements en période de pré-ouverture ou durant la saison de pêche. Pour autant, une grande majorité prône de tels lâchers pour maintenir un grand nombre de pêcheurs. Dans certains départements, les fédérations financent ces lâchers répétés et les jugent d'une grande utilité.
Un enjeu économique
Il faut savoir que le budget des Aappma est le plus souvent minime et permet à peine de faire fonctionner l'association. Dans certaines Aappma, la rétribution de la fédération, sur une carte de pêche à quelques centaines d'euros, ne dépasse pas les 5 euros… Autant vous dire que pour assurer une bonne gestion d'une Appma, il faut avant tout malheureusement gérer le côté financier.
Limiter ou arrêter complétement les lâchers de truite auraient pour conséquence directe une perte massive de sociétaires et donc un budget encore plus restreint.
Une bonne façon d'initier les pêcheurs
De très nombreux pêcheurs ont découvert la pêche en pratiquant avec un adulte qui les a amené au bord d'un cours d'eau pour pêcher sa première truite arc-en-ciel. Il est certain que les lâchers permettent d'initier assez facilement les jeunes pêcheurs. Un intérêt majeur quand on sait qu'un enfant qui prend du poisson à de grandes chances d'être piqué à l'hameçon pour le reste de sa vie.
Une énormité pour les puristes
Renouvellement de génération ou changement de mentalité ? De plus en plus de pêcheurs, amateurs de la pêche de la truite fario sauvage, regrettent la présence de ces truites parfois qualifiées de « truites de bassine » sur leurs parcours.
Une truite sauvage est plus difficile à attraper et sa beauté n'a d'égale aux poissons parfois déformés des piscicultures. Il est clair que le plaisir de pêcher et de leurrer une truite sauvage ne peut se comparer à la prise d'une truite déversée la veille.
De plus sur certains biotopes, la présence de truites de pisciculture peut être dommageable aux populations endémiques, ce qui est une hérésie pour la protection des espèces sauvages.
Un contre-coup pour le No-kill
Inutile de se voiler les yeux, la majorité des pêcheurs qui prennent du plaisir à pêcher ces truites de lâcher prennent aussi du plaisir à les manger, et c'est leur droit. Pour autant difficile de prôner et de faire évoluer la pratique du no-kill sur ces poissons qui de toute façon n'ont que très peu, voire même pas du tout, de chances de survivre à moyen terme.
Alors que faire ?
Il reste difficile de trancher un tel débat si l'on veut contenter tous les pêcheurs qui pratiquent la pêche en eau douce. Les enjeux politiques et économiques sont importants et prennent souvent le dessus. Réhabiliter la pêche de la truite arc-en-ciel en lui donnant une meilleure image peut être une solution. Ainsi, il est possible de créer des parcours jeunes (réservés uniquement aux jeunes pêcheurs donc) sur lesquels de tels lâchers auront lieu. Un bon moyen d'initier les enfants à la pratique de la pêche.
Le développement des compétitions de pêche de la truite en area fait aussi partie de l'amélioration de l'image de la pêche des truites de pisciculture. Des pêcheurs de renom prennent un malin plaisir à leurrer ces truites dans un esprit de compétition convivial.