Salut Jean-Baptiste, peux-tu dans un premier temps te présenter aux lecteurs de Pêche.com Magazine ?
Jean-Baptiste Vidal -Bonjour, je suis Jean-Baptiste Vidal, j'ai bientôt 46 ans et je suis basé dans le Finistère depuis l'an 2000 après avoir vécu sur Paris et dans le sud de la France. Je pêche depuis l'âge de 4 ans. J'ai commencé par la pêche au coup, puis au lancer à 12 ans et à 15 ans je me suis mis à la mouche en rencontrant un passionné qui m'a enseigné cette technique sur le Vicdessos dans l'Ariège.
Je suis Moniteur Guide de pêche depuis 2006. J'ai guidé 8 ans à l'étranger où je réalisais des saison (entre 7 à 9 mois par an sur les deux hémisphères) pour le saumon atlantique en Russie sur la mythique Ponoi River, ainsi qu'en Islande sur plusieurs rivières, le brochet en Irlande, les truites de mer géantes de Terre de Feu sur le fameux Rio Grande – Argentine, et le golden dorado en Argentine et Bolivie. Depuis 2014, je me suis installé comme Moniteur Guide de pêche en Bretagne, exclusivement à la mouche où je propose différentes prestations tout au long de l'année.
Pourquoi es-tu devenu guide de pêche ?
Jean-Baptiste Vidal -La pêche a toujours fait partie de ma vie et a pris de plus en plus de place au fur et à mesure des années. C'est plus qu'une passion. C'est un mode de vie. J'ai fait mes études dans l'aquaculture et l'environnement et obtenu deux BTS, puis travaillé 5 ans au sein de la Fédération Départementale de Pêche et de Protection du milieu Aquatique du Finistère. En 2003, je passe le BP JEPS « Pêche de Loisir » pour continuer mes missions d'animation pêche au sein de la FD.
En 2005, pendant mes congés, je pars en Islande découvrir le métier de guide pour une agence locale. Je découvre une vraie vocation et fais la rencontre d'un manager Argentin qui va changer ma vie. Fin 2005, je pars en Argentine pour guider au dorado. Depuis, je suis guide à temps plein. Ce métier-passion me permet d'être très souvent au bord de l'eau, de partager ma passion, mon savoir-faire et mes connaissances avec d'autres passionnés tout en les sensibilisant à la protection de l'environnement.
Quels types de produits de guidage proposes-tu ?
Jean-Baptiste Vidal -J'enseigne exclusivement la pêche à la mouche, des pêcheurs débutants aux confirmés et experts.
La Bretagne détient un réseau hydrographique, exceptionnellement dense et diversifié. Pour la truite, j'emmène mes clients sur une large sélection de magnifiques rivières sauvages en Bretagne sud. Il est possible de pêcher à toutes les techniques qu'offre la PALM et très tôt en sèche. En arrière-saison, je guide aussi en réservoir qui permet de continuer à pratiquer sa passion, et travailler ses techniques de lancer, approches…
Un poisson emblématique de la Bretagne, est le saumon atlantique. J'ai donc tout de suite axé mes guidages sur cette espèce fabuleuse et passionnante suite à mes expériences internationales. J'emmène mes clients sur les meilleures rivières de Bretagne que sont l'Ellé, le Scorff, le Léguer, l'Aven, l'Elorn. Je me déplace en fonction de la saison pour emmener mes stagiaires au bon endroit au bon moment.
Moins connu et recherchée, je guide également pour la grande alose qui est un migrateur passionnant, très combatif et plus facile à prendre que le saumon. Elles offrent des sensations garanties !
Depuis 2018, je guide aussi en eau salée après avoir beaucoup pêché en exotique le bonefish, permit et tarpon sur les flats. La pêche du bar était une évidence. C'est aussi un poisson emblématique de la Bretagne.
Je propose une prestation inédite en France. La pêche en estuaire de très gros bars à vue du bord à la mouche toujours. Une pêche 100 % à vue où l'on traque des bars de 2 à plus de 5 kg dans moins d'un mètre d'eau à l'instar de la pêche des flats. Une pêche vraiment passionnante, très technique. Le challenge ultime !
Je guide également en bateau, grâce à mon Carolina Skiff, équipé avec un moteur électrique à l'avant qui me permet de faire des approches discrètes, de réaliser de belles dérives et de pêcher dans peu d'eau. Nous pratiquons une pêche au streamer et mouches de surfaces très intéressante et technique dans des cadres sublimes d'estuaires, de rias, et sur la côte entre Quimperlé et Quimper.
En automne, je propose aussi la pêche du brochet du bord ou sur mon bateau très pratique pour cette traque de jolis brochets dans peu d'eau.
Toute l'année, je propose également des stages d'initiation et de perfectionnement au lancer pour cannes à deux mains, switch et une main.
Qu'est-ce qu'être guide de pêche pour toi ?
Jean-Baptiste Vidal -Être guide de pêche, comme je le disais plus haut, c'est transmettre sa passion, son savoir-faire, ses connaissances et compétences concernant la pêche, mais aussi les poissons et leur écosystème. S'adapter à chaque stagiaire pour leur apporter ce qu'ils recherchent au niveau technique de pêche et de lancer, sans parler de la prise qui est la cerise sur le gâteau. C'est aussi partager de bons moments, expériences, histoires de pêche et de voyages.
Être guide, c'est un métier à part entière, car lorsque l'on n'est pas sur l'eau, il faut gérer son entreprise. Marketing, communication, salon, mailing, réseaux sociaux, comptabilité, etc..
Tu pêches ou pas lorsque tu es en guidage ?
Jean-Baptiste Vidal -Non, je ne pêche jamais en guidage, car je m'occupe à 100 % de mes stagiaires. Je peux faire des démonstrations ou parfois prendre une canne quelques instants pour trouver la pêche (surtout en bateau), mais c'est rare.
On ne peut pas bien s'occuper de ces stagiaires si on est en action de pêche, notamment en eau douce. En mer, en bateau, c'est différent. Mais un guide ne devrait pas pêcher.
Que fais-tu lorsque tu ne guides pas ?
Jean-Baptiste Vidal -Je vais à la pêche ! En effet, les guides pêchent peu. Donc dès que l'on a l'occasion, il faut y aller. Mais bien souvent, c'est aussi dans le cadre du travail pour prospecter des nouveaux coins, tester des produits, mouches. Prendre des photos pour les réseaux sociaux et média, mais aussi dans mon cas pour la future rédaction d'articles.
En plus de mon activité, j'écris des articles pour différentes revues, m'occupe de mon « business », et passe du temps avec ma famille.
Quel regard portes-tu sur le guidage en France ?
Jean-Baptiste Vidal -En France, le guidage se développe de plus en plus, car il répond à une demande. Les Français commencent à plus faire confiance aux guides et à avoir recours à leurs services. Ce qui n'était pas encore trop le cas il y a 10/15 ans. De plus en plus de pêcheurs se rendent compte que l'on gagne du temps en prenant un guide. Soit pour apprendre plus vite, soit pour être au bon endroit au bon moment et avec les bonnes techniques et mouches.
Depuis la COVID, les gens souhaitent de plus en plus pratiquer des activités de plein air et se retrouver dans la nature.
Concernant notre métier, il mériterait d'être mieux structuré, organisé et devrait se professionnaliser encore plus pour avoir des niveaux de prestations identiques et ce peu importe la technique pratiquée. Des tarifs adaptés à nos compétences et aptitudes, mais aussi à nos responsabilités, et notre temps de travail.
La FFMGP fait un gros travail pour professionnaliser notre métier afin qu'il soit mieux compris et pris en compte par les institutions. Concernant les centres de formation sur la formation BP JEPS « Pêche de Loisir », je pense qu'il y en a trop ou en tout cas qu'il sort trop de guides chaque année. Le milieu sature vite et la demande reste relativement faible. Le diplôme devrait aussi être plus élevé et/ou découpé en plusieurs niveaux (animateur, guide, formateur) ou techniques (leurre, mouche, coup,…).
Des progrès sont donc encore à apporter pour en faire une profession reconnue et fiable au niveau national.
Le tourisme pêche devrait aussi se développer et les guides faire partie intégrante d'une économie touristique locale. Certaines AAPPMA et Fédérations vont dans ce sens, mais le chemin est encore long.
Quel(s) conseil(s) aurais-tu à donner aux personnes qui souhaiteraient se lancer dans cette aventure ?
Jean-Baptiste Vidal -Il faut bien faire la part des choses avant de se lancer. C'est un métier à part entière qui demande de nombreuses compétences et pas seulement dans la pêche. Il faut savoir gérer son entreprise, faire du marketing, de la communication, de la comptabilité, savoir où et comment trouver ses clients, etc. Cela prend beaucoup de temps d'être à son compte, et demande un engagement important parfois au détriment de sa vie de famille.
Être guide de pêche c'est un très beau métier, mais en contrepartie on pêche beaucoup moins. Un guide ne doit pas pêcher pendant ses guidages et cela peut être frustrant. Être guide de pêche, c'est accompagner, former de nouveaux pêcheurs (débutants) et aider au perfectionnement les pêcheurs avertis. Il faut déjà avoir « roulé sa bosse » et être prêt à se mettre en retrait derrière son stagiaire et ne plus pêcher, ou pêcher par procuration je devrais dire. Avoir beaucoup de patience, est une des plus grandes qualités. Savoir s'adapter à ses « clients », savoir transmettre ce que l'on sait avec pédagogie. Si on est prêt à faire cela, alors il faut se lancer.
En tant que pêcheur quel est ton rêve ?
Jean-Baptiste Vidal -J'ai toujours eu beaucoup de rêves. C'est ce qui motive et donne envie de se dépasser. J'en ai accompli un certain nombre, mais j'en ai encore et toujours à réaliser. Pour moi, c'est toujours de découvrir de nouvelles espèces et destinations.
Après avoir pêcher dans 20 pays du monde, canne à mouche en main, il me reste encore certains poissons que j'aimerais prendre et donc aussi des pays et des cultures à découvrir. Sur ma « bucket list » comme disent les américains, j'ai en 1er la steelhead en Colombie-Britanique, en 2ème le peacok bass en Amazonie, en 3 ème prendre une GT aux Seychelles, mais d'autres encore comme le taimen en Mongolie ou encore le bar rayé au US. Il faudrait plusieurs vies pour tout faire !
Merci Jean-Baptiste, on te souhaite d'accomplir tous tes rêves.