Une météo capricieuse pour la journée de mon apprenti
Novice en la matière, Joël a parcouru ce matin une soixantaine de kilomètres pour être à l'heure du lieu de rendez-vous. Il arrive avec une vingtaine de minutes d'avance et vient à ma rencontre, au bord de l'étang de Morthemer où je suis en train de préparer l'agencement du poste et le matériel pour cette journée pluvieuse.
Après les salutations et présentations, nous nous hâtons de finir les préparatifs pour préserver le matériel et les appâts de la pluie. Ensuite, c'est place à l'amorçage et à la mise en place des lancers.
Pour ce début de saison, j'opte pour un tapis de graines sur deux zones différentes. Quelques jours avant, j'étais venu en reconnaissance et je n'avais pris seulement que deux poissons dans toute la journée. La première zone de pêche sera sur notre gauche en bordure, où une cassure se forme sur un fond pierreux et la seconde en pleine eau. Par-dessus ce tapis, on y adjoindra quelques bouillettes écrevisse de 14 mm de ma fabrication puis c'est au tour d'y placer correctement nos lignes.
La pêche se fera avec quatre cannes, deux sur chaque zone avec des bouillettes sur cheveu de la même conception en 20 mm boostées.
Une attente de courte durée
Pendant l'attente des touches, les poissons se font rapidement voir sur la zone de pleine eau par leurs fouilles et nous commençons l'enseignement du matériel, du montage des bas de lignes et la connaissance des nœuds de pêche.
Contre toute attente, un des lancers de bordure se manifeste et ce sont les bips du détecteur de touches qui empressent Joël d'aller prendre en main le lancer et de ferrer. La canne se cintre et le moulinet crie sous le rush puissant du poisson. Le combat est rude pour mon stagiaire qui réussit à fatiguer une magnifique carpe commune. Certes, elle n'est pas énorme, mais la pêche, c'est avant tout du plaisir.
Une fois, la pesée et les clichés effectués ainsi que la remise à l'eau du poisson faite, nous n'avons même pas le temps de relancer la ligne qu'un second poisson démarre en pleine eau et mon hôte reprend le combat. Mais après quelques minutes, le poisson se décroche, Joël garde quand même le sourire. La relance effectuée ainsi qu'un petit rappel d'amorçage, nous reprenons la théorie jusqu'au casse-croute de 10 h à l'abri des parapluies bien utile sous cette pluie continue.
Des touches en continu
La fin de matinée se passera sous les mêmes hospices et l'après-midi continuera de même avec tout de même une légère baisse d'activité. Les carpes sont actives, elles fouillent, sautent et déroulent les lignes.
J'aurais même le loisir de filmer Joël en train de combattre un poisson de 11 kg 500. Au total, il sortira tout de même 9 carpes dont le poids oscillera entre 5 kilos et 11 kg 500 pour un seul poisson de décroché. Après chaque départ, on remettra une dose de graines et la ligne sera retendue dessus avec 5 ou 6 bouillettes de rappel sur un fil soluble.
Mais quand on analyse la pêche du jour, on constate que la stratégie employée était bonne, et que sur les 10 départs enregistrés, 8 se font sur la zone de bordure. Il est vrai que cette zone est pierreuse avec une cassure nette et une bonne profondeur d'environ deux mètres, c'est l'endroit où elles viennent s'alimenter le plus.
Toutes ces touches, tous ces combats et la météo capricieuse ont eu raison de Joël. La fatigue commence à le gagner et comme il a de route, à 16 h, il décide de plier les gaules.
Des témoignages qui font plaisir
En-dehors de prendre du plaisir à guider, enseigner, partager sa passion et faire prendre du poisson, le plus gratifiant dans notre métier sont les retours des clients. Il est vrai que les clients apprécient beaucoup qu'on leur transmette les photos et vidéos prises lors de leur journée, ce qui est aussi un souvenir supplémentaire pour eux.
Le fait de faire prendre des poissons est un plus, mais le contact humain, les bons repas partagés, la bonne humeur apportée, l'enseignement font que les gens reviennent pour se perfectionner ou apprendre une autre technique.
Depuis, j'ai eu le plaisir de revoir Joël pour une sortie de pêche aux silures et que je vais avoir encore le loisir de le guider très prochainement.