Qu'est-ce que la pêche au vif ?
La pêche au vif est une technique visant à séduire les carnassiers tels que les brochets, sandres, perches et silures en utilisant un poisson vivant comme appât. C'est une méthode simple, qui ne demande pas de gros matériels et qui a fait ses preuves depuis longtemps.
La pratique de la pêche au vif peut se faire du bord ou en bateau, au posé ou à rôder. Les deux méthodes sont les mêmes sauf qu'au poser, on reste fixe et à rôder, on recherche les différents postes susceptibles d'abriter les carnassiers.
Cette technique est très ludique et bien souvent nos premiers brochets se sont faits ainsi dès notre plus jeune âge. Il est sûr et certain qu'un brochet préférera un joli gardon ou tout autre poisson bien présenté qu'un morceau de métal ou de caoutchouc. Généralement, en France, la pêche au vif est fermée de début janvier à fin avril.
Du matériel accessible et simple
Pour pêcher le brochet avec un poisson vivant, nous utiliserons une canne assez longue, télescopique ou non entre 3 m et 4 m. Sa puissance variera en fonction des vifs utilisés, mais une canne aux alentours des 10 à 30 g suffit amplement dans la majeure partie de cas, que ce soit pour pêcher en étang ou rivière. Le faible encombrement d'une canne télescopique (60 à 80 cm) sera beaucoup plus facile à transporter au bord de l'eau, surtout si vous souhaitez utiliser plusieurs cannes à vifs.
Le moulinet spinning quant à lui, en taille 3 000 ou 4 000 pourra être avec un frein avant ou un frein arrière voire débrayable. Celui-ci de 8 kg permettra de maîtriser les plus beaux poissons.
Ne vous servez pas de tresse, qui n'a pas d'élasticité, un "simple" nylon Transparent et de 30 à 35/100 sera donc préférable. Vous n'avez besoin que d'une réserve de fil pour lancer notre montage à une dizaine de mètres et laisser à l'élasticité du nylon son travail lors du combat avec le joli brochet qui a bien voulu prendre votre vif.
Les différents vifs
Le brochet est un carnassier qui se nourrit principalement de petits poissons, donc vous n'aurez que l'embarras du choix dans les espèces de vifs à utiliser. La logique est d'utiliser le poisson fourrage en priorité présents dans le plan d'eau ou la rivière que vous pêchez.
Tous les cyprinidés comme les incontournables gardons, ablettes, rotengles, goujons, mais aussi des petites carpes, tanches, brèmes ou chevesnes vous servirons. Mais n'utilisez pas les poissons qui ont une taille légale de capture, ainsi que les espèces susceptibles de provoquer des déséquilibres biologiques, c'est-à-dire les perches arc-en-ciel, les poisson-chats ainsi que les poissons non représentés dans les eaux françaises comme les pseudoras boras, amours et koïs.
Bien évidemment, les espèces protégées en France comme la lamproie de Palmer, bouvière, loche d'étang et de rivière, anguille, et bien d'autres, ne doivent pas être utilisées en tant que vif tout comme les batraciens et les écrevisses, et ce, quelle que soit l'espèce.
La taille des vifs généralement utilisés se situe entre 10 et 15 centimètres, bien que vous puissiez utiliser des gros vifs de 20 à 25 cm dans l'espoir de sélectionner des brochets trophées. Maitre Esox étant un poisson paresseux, il économise ses efforts surtout en hiver où il se déplace principalement pour de grosses proies. Vous pouvez légèrement augmenter la taille de vos vifs lorsque l'eau est froide et la diminuer en été lorsque les brochets se concentrent sur les petits poissons de l'année.
Comment s'effectue la pêche du brochet au vif ?
Une fois le matériel monté et avant le lancer, il est primordial de régler le flotteur. Cela permet de faire nager le vif à la profondeur que vous souhaitez. Le lancer doit se faire en souplesse sur la zone où se trouvent des brochets.
En attendant l'attaque du carnassier, vous pouvez soit rester statique, soit animer l'appât. Dans le second cas, l'idéal est d'effectuer, de temps en temps, quelques tirées afin de séduire les carnassiers. Lorsque le brochet a mordu au vif, le flotteur s'enfonce violemment dans l'eau et la ligne se tire. Il se peut aussi que le flotteur prenne une position à plat du moment que le brochet remonte à la surface de l'eau.
Dans les deux cas, vous devez vous tenir prêt à donner du fil afin que le poisson ne ressente pas une résistance. Pour le ferrage, il doit se faire rapidement.
Les montages de pêche aux vifs
Inutile de se compliquer la vie, de trop charger en ferrailles, car la méfiance des gros brochets les plus aguerris doit être déjouée. Il existe autant de montages de lignes que de pêcheurs de brochets aux vifs.
Le montage le plus prenant est tout de même le montage pater noster, car le poisson peut être régler à la profondeur voulue et il est assez discret.
Pour pêcher à la "calée", le montage pater noster avec l'émerillon du même nom permet au vif, monté en potence, de tourner à 360° comme avec un montage hélicoptère destiné à la pêche de la carpe.
Mais là encore, la simplicité doit-être de mise. Inutile de se compliquer la vie : une ligne avec un flotteur à vif permettra de visualiser l'activité de votre appât. Avec une portance de 5 à 20 g (suivant la taille du vif), le flotteur peut-être fixe ou coulissant et dans ce cas un stop flot ou un simple nœud de ligature en nylon sera nécessaire pour servir de butée supérieure à votre flotteur. Une butée avec une ligature réalisée avec une vieille tresse est à préférer lorsque vous pêchez en grande profondeur (supérieure à la longueur de la canne) afin qu'elle puisse entrer dans les anneaux de la canne.
Le flotteur sera équilibré par une plombée équivalente à la portance de ce dernier. Si votre lest est coulissant, une perle, en caoutchouc mou, sera indispensable pour protéger le nœud de raccord des chocs du lest pendant le lancer de votre ligne.
Un émerillon Rolling à agrafe terminera votre montage et permettra de changer rapidement de bas de ligne. Ce bas de ligne d'une longueur de 50 à 70 centimètres sera en fluorocarbone de 70 centièmes pour garder une bonne souplesse. Le temps des fils d'acier est pour moi révolu, car il n'est pas du tout discret, il est raide et se tord rapidement. Votre fluorocarbone sera l'arme idéale pour garder une discrétion absolue, souplesse et ne cédera pas sous les dents du brochet. Depuis que je pêche ainsi, il y a bien 15 ans maintenant, je me suis fait couper moins de 10 fois et encore par négligence, car je n 'avais pas changé de bas de ligne après une prise.
L'eschage des vifs
Tout comme le montage de la ligne à brochet, vous pouvez attacher votre vif de bien des manières. Pendant très longtemps, les bas de lignes en acier étaient enfilés dans le dos du poisson, à l'aide d'une aiguille à vif dite "aiguille à locher". Ce montage ne permet cependant pas des lancers à grande distance, la peau fragile du vif risque de se déchirer au moment du lancer. Avec cette technique d'eschage, les brochets ont malheureusement la fâcheuse tendance à avaler profondément les vifs ce qui minimise les chances de relâche des plus petits spécimens, notamment ceux sous la taille minimale de capture.
La solution la plus simple consiste donc à piquer l'hameçon, par la gueule du vif puis à ressortir la branche par le nez. Pour le maintenir parfaitement et ainsi éviter qu'il ne se décroche, vous pouvez bloquer la branche de l'hameçon avec une pastille ronde en silicone qui bloquera l'ardillon. De plus, ce montage laissera plus de liberté à votre vif qui pourra ainsi nager plus longtemps.
Le top des eschages pour que les brochets n'engament pas du tout profondément le vif est d'escher le poisson sur un cheveu comme pour la pêche de la carpe.
Comment régler la ligne ?
Le brochet étant un poisson généralement posté au fond et qui chasse à l'affût, il est préférable de pêcher décollé du fond.
Ils occupent généralement des postes bien marqués quelle que soit la saison. Même si vous pouvez pêcher la pleine eau (surtout en été, quand les brochets sont plus mobiles), les abords des structures immergées (bois morts, herbiers ou bancs de nénuphars) sont à prospecter en priorité. En rivière, les remous et contre-courants méritent également d'être soigneusement pêchés, car ils nécessitent moins d'effort pour que les brochets puissent y rester cachés, à l'affût.
Ainsi, si vous pêchez un étang de 2 mètres de profondeur, votre butée devra être réglée afin que votre vif puisse nager à 1,50 m de la surface, soit à 50 cm au-dessus du fond et si les touches se font attendre vous pouvez faire varier la hauteur de nage de votre vif dans la colonne d'eau.
Le flotteur navigant à la surface de l'eau permettra de visualiser la vivacité de votre vif évoluant au-dessus du fond. Si votre flotteur vient à ne plus bouger, cela signifie généralement qu'il est temps de changer de vif même si un poisson mort peut être appétissant pour un carnassier. Un flotteur subitement pris de tressautements est souvent signe qu'un prédateur rôde dans les parages et est annonciateur d'une prochaine touche.
Pour ferrer, lorsque votre flotteur disparaît, il est inutile d'attendre de longues minutes, comme par le passé. Un ferrage ample mais ferme permettra de bien piquer le brochet par la gueule. Pour faciliter le retrait de l'hameçon, vous pouvez utiliser un bâillon pour bien ouvrir la gueule du brochet.
Souvent stigmatisée à tort, la pêche du brochet aux vifs n'est pas synonyme de pêche antique et statique. Vous pouvez également la pratiquer de manière itinérante, avec une ou deux cannes en mode baroudeur afin de prospecter des postes que vous estimez prometteurs pour augmenter vos chances de captures.
Depuis très longtemps, les pêcheurs utilisent des petits poissons pour essayer d'en attraper des plus gros, et ce, quel que soit le type de prédateurs. C'est le principe de la chaîne alimentaire. La pêche aux vifs est et restera une technique toujours d'actualité car terriblement efficace quoi qu'on en dise.
