À partir de la mi-avril, un migrateur amphihalin souvent délaissé par le moucheur français remonte en rivière pour boucler son cycle de vie et perpétuer l'espèce, l'alose.
Un cycle complexe
De la même famille que le hareng et la sardine (clupéidés), l'alose se déplace en banc et arrivent sur nos côtes par vagues successives. Après une période de 2 à 7 ans en mer (plateau continental) pendant laquelle elle se nourrira activement de sprats, sardines, athérines et autres petits poissons concernant l'alose feinte, et de plus petites proies pour la grande alose (zooplancton et alevins), avant de remonter en eau douce pour se reproduire.
La Grande alose, alosa alosa présente surtout en Bretagne et Normandie, peut atteindre près de 4 kg pour plus de 70 cm. Sa petite cousine l'alose feinte, alosa fallax, de taille et poids inférieurs (35 à 50 cm pour 1 à 2 kg) remontent dans les cours d'eau de la façade atlantique. En Méditerranée, c'est l'alose feinte, appelée l'alose feinte du Rhône, alosa fallax rhodanensis, une sous-espèce, qui remonte les cours d'eau du pourtour méditerranéen et en Corse.
Dès que la température est suffisante, la reproduction très caractéristique, sous forme de bull (mouvement circulaire à la surface) peut démarrer. Chaque femelle effectue plusieurs pontes avec divers mâles (de plus petites tailles) afin d'assurer sa descendance et un meilleur brassage génétique.
Peu de temps après la reproduction, les géniteurs (de grande alose) succombent quasiment tous de ces ébats. La feinte peut se reproduire 5 à 8 fois au cours de sa vie et effectuer 5 à 10 pontes lors d'une même migration.
Les cadavres de grandes aloses dérivent au grès des courants et se déposent sur le fond, pour ensuite se décomposer et constituer un apport en matière organique qui enrichira le milieu dans lequel les juvéniles d'aloses, les alosons débuteront leur alimentation, avant de rejoindre l'océan où leur croissance sera très rapide.
Leur pêche
Lors de leur remontée, elles sont ralenties voire bloquées en aval de seuils infranchissables ou barrages. C'est là que les pêcheurs les attendent pour tenter de les séduire avec leurs mouches et leurres colorés et brillants.
À l'instar du saumon et de la truite de mer, l'alose ne se nourrit pas. Très agressive, elle défend son territoire et attaque ce qui passe à sa portée.
Une pêche très intéressante qui consiste à trouver leur tenue dans un premier temps, puis de passer à la bonne vitesse et bonne profondeur. La touche est très violente et il faut ferrer aussitôt. Les décrochés sont nombreux du fait de leur bouche cartilagineuse très dure. Les combats sont souvent puissants et parfois acrobatiques. Un vrai régal pour le pêcheur.