Comment le reconnaître
Le congre commun ressemble étrangement à une gigantesque anguille. Il a un corps très allongé, presque cylindrique et comprimé latéralement dans sa partie postérieure. Sa tête, légèrement sous-développée, a le museau allongé et un peu pointu. Sa mâchoire supérieure est plus longue que celle inférieure. Ses deux mâchoires sont armées de petites dents plus ou moins identiques en taille, recourbées légèrement et très tranchantes.
La bouche est grande, bordée de lèvres épaisses et les yeux sont nettement plus gros que ceux de l'anguille. Sur le dos, la longue nageoire commence juste après les nageoires pectorales en s'élevant progressivement. Les nageoires pectorales, insérées au-dessus de modestes fentes branchiales, sont bien développées.
Sa robe est revêtue d'une peau non-écailleuse, épaisse et recouverte de mucus. Sa teinte varie en fonction des fonds de son habitat, généralement grise brunâtre, plus sombre sur le dessus. La longue nageoire dorsale est d'un gris blanc et les nageoires pectorales sont rayées de gris sombre.
Méfiant de nature, ce serpent de mer sait aussi se montrer très curieux, et à l'inverse de l'anguille, il ne fuit pas les bruits, il semble même attirer par eux. Tout ce qui se produit de bizarre autour de sa tanière éveille sa curiosité, mais aussi tout ce qui se passe en surface l'attire irrésistiblement tout comme ce qui émet des sons ou des vibrations.
Comportement et répartition en France
Paresseux de nature, le congre reste à longueur de temps sur les fonds rocheux, vaseux ou sablonneux. Son activité est surtout nocturne, et elle rappelle dans un certain sens celle de l'anguille. En effet, durant le jour, le congre reste caché et presque inactif dans son trou rocheux ou en profondeur sur le sable et la vase.
Comme un autre de ses semblables, la murène, il est très agressif par temps sombre ou la nuit quand il va chasser. Il devient un prédateur avide, prêt à attaquer tout ce qui bouge aux alentours, poissons, crustacés et mollusques.
Présent dans toutes les mers bordant la France, deux autres espèces de congres existent en méditerranée, le congre à grand nez et le congre des Baléares. Ces deux espèces sont plus petites et n'excèdent pas les 40 à 50 cm.
Alimentation, reproduction et habitat
Prédateur vorace, le congre mange des poissons de toute sorte, sardines, maquereaux, bogues, saupes, il attaque aussi les céphalopodes et les crustacés dont il casse la carapace grâce à sa robuste dentition.
Autre point commun avec l'anguille, le congre se reproduit qu'une seule fois dans sa vie, mais il reste sur son habitat. À la fin de croissance, le congre arrive à environ 2 m de long pour un poids de 20 à 30 kilos, mais il peut dépasser 3 mètres pour 70 kilos.
Le congre se rencontre souvent près des côtes, parmi les rochers et les écueils immergés, près des quais portuaires et des digues. Il vit à une profondeur pouvant variée de quelques mètres à 100 mètres puis descendre à plus de 1000 mètres, trouvant refuge dans les profondeurs.
Le matériel pour pêcher le congre
Côté matériel, il va falloir sortir du lourd pour combattre notre partenaire de jeu.
Depuis la côte, quais ou digue, on utilise des cannes type surf de 4 à 5 m de long avec un moulinet adéquat garni de nylon de 40 à 60 centièmes sur lequel un solide bas de ligne sera mis en place. Vu la taille et la robustesse de notre partenaire de jeu, inutile de vous dire qu'une puissance de canne de 150 grammes minimum est vivement conseiller.
Depuis une embarcation, des cannes relativement courtes seront nécessaires pour une bonne maniabilité uout en restant puissantes. Celles-ci ne devront pas excéder 2,50 m et une puissance de 250 g est le minimum. Si vous pouvez, les moulinets à tambour tournant sont plus adaptés pour cette pêche des plus sportives.
Dans les deux cas, une action de pointe ou semi-parabolique est à privilégier pour combattre aisément les congres à la défense redoutable.
Les bas de ligne à congre
Pour les bas de lignes, il faut des accessoires qui attirent le visuel, émettant des vibrations pour éveiller la curiosité et surtout très solide. Rien ne sert de mettre du câble d'acier, un nylon de minimum 100 centièmes suffit à contrer la dentition du congre et surtout le nylon même de forte taille sera souple et mobile dans le courant, ce qui sera bien mieux pour déjouer la méfiance des congres.
Les perles phosphos jaune, rouge, verte et bleu attireront sa vision tandis que l'octopus attirera sa curiosité par ses vibrations. Vous pouvez remplacer l'octopus par une palette de cuillère de bonne taille. Vous pouvez placer 1 ou 2 hameçons de 4/0 à 6/0 simple, je conseille quand même les circle hook qui sont bien forts de fer et très recommandés dès lors que l'on s'attaque à la pêche des gros poissons.
Le coulisseau assurera le bon déroulement du départ sans résistance du plomb, ce qui évite que les congres ne recrachent l'appât par faute de résistance de la ligne. Une longueur de 1,50 m à 2 m permet à celui-ci de vivre dans l'eau, d'onduler au gré des courants et d'attirer davantage notre hôte.
En bref, vous l'aurez compris, il faut un bas de ligne tape à l'œil, qui émet des vibrations et surtout du costaud.
Les appâts et les fonds
Le congre étant un carnassier hors pair, vous n'aurez que l'embarras du choix en matière d'appâts. Au menu, vous lui proposerez sardines, maquereaux, sèches, encornets, tacauds ou tout reste de poissons que votre poissonnier sera content de vous céder.
Vous pouvez utiliser les poissons vivants en appât tels que les saupes, bogues, tacauds, mulets ou encore maquereaux fraîchement pêchés. Ces derniers doivent être eschés avec soins pour conserver leur vivacité.
Vous rechercherez les congres surtout sur les fonds rocheux où ils vivent dans les failles, creux ou sous les roches. La profondeur de pêche étant variable, car le congre se trouve aussi bien dans 1 mètre d'eau que dans 50 ou 100 mètres et bien plus encore. Je vous conseille néanmoins les plateaux rocheux compris entre 7 et 15 mètres de fonds.
La touche et le combat
Dès la touche, le ferrage doit intervenir rapidement pour piquer l'hameçon au ras des lèvres sous peine qu'il ne l'engame complètement jusqu'à l'estomac. Si vous utilisez des hameçons circle hook, ne ferrez pas, mais commencez à pomper sans violence dès que le poisson fait plier le scion de la canne.
Le combat sera puissant et intense. En bateau, je vous conseille d'utiliser un baudrier de combat pour les plus gros spécimens qui ne manqueront pas d'user de votre force pour parvenir à ses fins. Pour le hisser sur l'embarcation, saisissez le bas de ligne à la main une fois le congre bien fatigué et tirez dessus. Faites très attention à ses mâchoires et à sa dentition redoutable.
La morsure du congre peut entraîner de graves blessures aux mains des pêcheurs imprudents. Utilisez des gants et une pince pour défaire les hameçons de sa bouche et n'oubliez jamais de le manipuler avec précaution pour la photo sous peine qu'il ne vous rappelle à l'ordre.