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Bonjour Flavien, peux-tu dans un premier temps te présenter aux lecteurs de Pêche.com ?
Flavien Malemprée -Bonjour, je m'appelle Flavien Malemprée. J'ai 50 ans, je suis marié et père de deux enfants. Je pêche depuis mon enfance dans le Nord Cotentin, en Basse-Normandie. Fils et petit-fils de pêcheur à la ligne, ma maman était également vendeuse dans un magasin de pêche. Ma fille, mon frère, mon neveu sont aussi des pêcheurs à la mouche. Une famille de Gaulois pêcheurs quoi ! (rire).
La région dans laquelle je vis est une province historique et culturelle. C'est aussi un magnifique territoire où l'on peut pratiquer beaucoup de pêches différentes : pêche de la truite, des migrateurs, des carnassiers et bien sûr, des poissons marins comme le bar. Le Nord Cotentin comporte à lui seul 600 km de côtes marines. Le parc naturel régional du Cotentin et du Bessin, d'une superficie de 1 466,5 km², est traversé par de nombreux de canaux, rivières et cours d'eau. Entre la Douve, la Vire, la Taute, la Saire… il y a de quoi faire !
Gamin, j'ai commencé par pêcher au toc en compagnie de mon frère sur le Trottebec, petite rivière pas très loin de chez mes parents. Elle était jadis sauvage et les truites y étaient reines. Malheureusement, l'urbanisation a détruit cette magie. De temps en temps, j'aime aller observer les quelques truites qui survivent dans ce petit cours d'eau.
Mes premiers pas en tant que pêcheur à la mouche se firent vers l'âge de 12 ans, toujours avec mon frère qui était déjà un pêcheur à la mouche très aguerri. Il m'enseigna les bases. À 16 ans, je fis mes premiers pas à la mouche en mer après avoir vu des cassettes vidéo où l'on pouvait voir Billy Pate pêcher d'énormes tarpons. Pour moi, ce fut un déclic. À l'époque, nous ne trouvions aucune canne, moulinet ou soie pour pratiquer cette pêche en France, on en trouvait seulement aux Etats-Unis. Du coup, je me mis à la recherche des poissons marins avec une canne à mouche de rivière.
Depuis une dizaine d'années, j'ai la chance de voyager dans différents pays : Sénégal, Irlande, Espagne, Pays-Bas, Norvège, Islande, Cuba, Mexique, Etats-Unis et bien d'autres encore. Tous ces voyages m'ont permis de m'affirmer en tant que pêcheur, car j'ai pu expérimenter différentes techniques de pêche à la mouche.
Tu es l'auteur du livre Le Bar à la Mouche, pourquoi avoir décidé d'écrire un tel livre ?
Flavien Malemprée -Pêcheur passionné depuis presque quarante ans (ouille, ça fait mal), je me suis consacré à la quête de ce fantastique poisson. De par sa morphologie, son comportement, il est un réel chalenge pour un pêcheur désireux de sensations fortes. Petit à petit, je me suis spécialisé dans la recherche du bar en wading sur les « flats » normands et en bateau.
J'ai toujours été une personne qui aime partager et transmettre un savoir. Je ne fais pas partie de ces pêcheurs où tout doit rester secret. J'aime les relations humaines et je pense que les connaissances doivent être partagées avec un maximum de pêcheurs et transmises aux générations futures.
Je suis quelqu'un de très actif sur les réseaux sociaux. Les internautes ont commencé à suivre mes publications en me posant des questions sur mes techniques, mon approche de pêche ou de montage de mouche. Mes amis et mon entourage m'ont suggéré d'écrire un livre. D'après eux, j'avais beaucoup de choses à transmettre. L'idée a tranquillement germé dans ma tête.
L'écriture est un travail solitaire, la publication d'un livre constitue un long chemin parsemé d'embûches diverses et variées. Je n'ai pas écrit ce livre pour la notoriété, il faut savoir rester humble, il y a de nombreux talents et de bien meilleur que moi.
Lorsque la pandémie est arrivée en France, tout le pays a été stoppé net. On ne pouvait plus rien faire et surtout nous ne pouvions plus aller pêcher. Je me suis alors mis à écrire. Pour moi, l'écriture a été un bon moyen pour continuer à m'évader.
À ma grande surprise et contre toute attente, plus de cent cinquante livres ont été vendus dès le premier mois de sa sortie. Au mois de mars 2022, il a fait partie des numéros un des ventes de livres spécialisés et de nombreux lecteurs m'ont contacté par Internet pour me féliciter sur la qualité de l'ouvrage. Le succès a été tel que, lors de mon passage au salon de pêche à la mouche de Carhaix, je me suis retrouvé en rupture de stocks : j'avais tout vendu en quarante-cinq minutes ! Il y a même des pêcheurs qui sont venus spécialement au salon pour faire ma rencontre, obtenir une dédicace ! Un truc de dingue !
Peux-tu nous présenter plus précisément ton livre ?
Flavien Malemprée -Le livre Le Bar à La Mouche s'adresse à tous les pêcheurs néophytes ou confirmés, désireux de découvrir ou de se perfectionner dans la pêche sportive du bar à la mouche. Dans cet ouvrage, j'ai essayé de partager toutes les techniques que je pratique : choix du matériel, stratégies à adopter en fonction des conditions de pêche, fiches de montages… Le tout est illustré par de nombreuses photos et peintures de mon ami Romain Dieul, artiste peintre et talentueux pêcheur sans qui cette aventure n'aurait pas été possible.
Plusieurs de mes amis m'ont fait l'honneur de participer à ce projet : Franck Ripault, Colin Macleod, Philippe Dolivet, Vito Rubino, Miguel Angel Fuentes et Laurent Kieff. Tous ont ainsi apporté une touche personnelle, philosophique ou artistique. Le but de ce livre, outre le fait de répondre à différentes questions sur la pratique de la pêche sportive du bar à la mouche, est aussi de récolter des fonds pour les reverser dans leur intégralité à l'association de Défense des Milieux Aquatiques (DMA).
Le livre fait 224 pages. Il est disponible en librairie, sur les plateformes du web ou chez bookelis.com ainsi que chez quelques détaillants de pêche comme Riverstone.
J'ai fait le choix d'une impression à la commande. Il faut donc compter environ 7 à 8 jours avant de le recevoir. Il n'y a pas de stock, étant en autoédition le coût aurait été trop élevé.
Les fonds récoltés sont reversés à une association, tu peux nous en dire plus ?
Flavien Malemprée -Oui bien sûr ! Beaucoup de pêcheurs ont conscience que les ressources marines sont menacées. De nombreuses pratiques de pêche sont dangereuses pour l'avenir de la biodiversité, comme par exemple la pêche au chalut sur les zones de frayères à bar, l'utilisation de filets dans les estuaires pour pêcher les poissons migrateurs…
Étant un pêcheur soucieux de l'environnement et de la préservation des espèces marines, je voulais aider à ma façon afin que ces pratiques cessent. Du coup, j'ai regardé ce qui se faisait dans diverses associations pour trouver celle qui correspondait au mieux à mes convictions. Après quelques contacts, mon choix s'est arrêté sur la Défense des Milieux Aquatiques (DMA).
Cette association créée en mai 2017 sous le nom de l'Association de Défense des Ressources Marines (ADRM), a changé de nom en juillet 2020 pour devenir la DMA. Elle regroupe des pêcheurs passionnés et le nombre de ses adhérents ne cesse d'augmenter. L'association est reconnue en tant qu'association d'intérêt général.
La DMA mène des actions qui ont une visée globale en alertant l'opinion publique et les différentes administrations sans privilégier tel ou tel acteur économique ou social. Elle a remporté des batailles juridiques importantes : la fin du chalutage des pélagiques sur le plateau de Rochebonne dans le golfe de Gascogne, sanctuaire pour la reproduction des bars en 2019 et plus récemment, la suspension des deux arrêtés de pêche fluvial des poissons migrateurs dans les Landes et les Pyrénées-Atlantiques par le tribunal admiratif de Pau. Pour plus de détails, j'invite les lecteurs à aller voir sur le site de la DMA (www.defencedesmilieuxaquatiques.org).
Tu pêches exclusivement à la mouche ? Quel a été ton parcours ?
Flavien Malemprée -J'ai expérimenté plusieurs techniques de pêche : pêche au coup, à l'anglaise, la carpe en batterie, la truite à l'ultra léger, la pêche en surfcasting au tambour tournant et bien sûr, la pêche à la mouche.
Mon frère et moi avions créé un club de pêche à la mouche dans les années 80. Quelques années plus tard, je me suis intéressé à la pêche en surfcasting au tambour tournant. J'ai alors créé un club que j'ai dirigé pendant plusieurs années, ce qui m'a permis de participer à de nombreuses compétitions en France. En parallèle, j'écrivais des articles de pêche dans le magazine « Surfcasting Bord&Bateau». J'ai également participé à plusieurs reportages pour Vidéo pêche et pour l'émission « une pêche d'enfer » sur France3.
Au milieu des années 90, j'ai collaboré avec la société Buldo comme conseiller technique en conception de matériel de pêche, ce fut plutôt cool comme expérience !
Ensuite, j'ai eu ma période de pêcheur à la carpe. Je suis devenu adhérent d'une association qui voulait développer cette technique dans le Calvados, l'Orne et la Manche. À cette époque, on m'avait confié la responsabilité du secteur Manche afin d'obtenir de nouveaux parcours de pêche à la carpe.
À un moment de ma vie, j'ai voulu avoir davantage de temps pour pêcher. J'ai dû arrêter l'associatif. Il y a deux ans, j'ai rejoint l'équipe de la société MTX fishing comme conseillé technique en conception de cannes à mouche.
Tu as d'autres projets ?
Flavien Malemprée -Honnêtement, je ne sais pas encore, car la vie de famille est importante. Mes proches m'ont déjà beaucoup soutenu pour ce livre, notamment mon épouse qui a fait toute la relecture. Je ne la remercierai jamais assez pour tout ce temps passé à me soutenir, j'ai vraiment beaucoup de chance ! Suite à des demandes venant de l'étranger, je souhaiterais aussi faire traduire mon livre en anglais pour toucher un plus large public et récolter ainsi plus de fonds pour la DMA. Mais là, c'est une autre histoire et un budget non-négligeable (s'il y a des traducteurs bénévoles, je suis preneur !)
Bien sûr, j'espère continuer à partager avec de nouveaux pêcheurs au travers des réseaux sociaux et diverses organisations de pêche.
Je suis également un éternel rêveur et j'aimerais bien découvrir de nouveaux pays, pêcher de nouvelles espèces de poissons, comme le Dorado ou le Tiger fish. Je pense aussi retourner aux Etats-Unis dans les années à venir pour en connaître un peu plus sur le bar rayé.