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Bonjour Damien, peux-tu dans un premier temps te présenter aux lecteurs de peche.com ?
Damien Rollin -Je m'appelle Damien Rollin, j'ai 37 ans, je suis né et vis à Port-Saint-Louis-du-Rhône, petite ville à l'extrémité du delta de la Camargue, plus précisément à l'embouchure du Rhône.
Docker de profession depuis 2011, je pêche depuis ma plus tendre enfance et ai commencé à pratiquer la pêche sportive au leurre dès l'âge de 13 ans. Animé par ma passion, j'ai en parallèle à mon activité professionnelle, passé un BPJEPS de « Moniteur-guide de pêche » avec une extension « pêche en mer ».
Pourquoi es-tu devenu guide de pêche ?
Damien Rollin -La première des raisons est de pouvoir transmettre ma passion et mon savoir dans les règles de l'art. En effet, quoi de plus gratifiant que de pouvoir faire découvrir une pratique sportive qui plus est, dans un environnement camarguais très particulier ? Transmettre des valeurs à des publics différents, mais qui partagent le même intérêt pour la pêche, est un défi au quotidien.
Quels types de guidages proposes-tu ?
Damien Rollin -Dans mon activité de guide, j'ai développé plusieurs styles et techniques de pêches correspondant aux différentes espèces ciblées, et ce, selon les saisons.
Par exemple, la traque du loup (bar) en buzzing ou avec stickbait requièrent des techniques, des animations, mais aussi des observations totalement différentes, toujours en adéquation avec le milieu dans lequel j'amène mes clients. Sinon, pour la traque du thon rouge de Méditerranée, je propose de guider soit sur chasse au popper, soit au broumé à l'aide de sardines en guise d'appâts.
Qu'est-ce qu'être guide de pêche pour toi ?
Damien Rollin -C'est tout d'abord s'adapter aux différents niveaux des pêcheurs que je guide, et ce, pour tenter de répondre au mieux à leurs attentes, tout en tenant compte des contraintes de météo, de sécurité, ou autre.
Être guide, c'est être à l'écoute, se rendre disponible mentalement et faire surtout preuve de patience et de pédagogie même s'il est clair que pour moi, il est important tant que faire se peut, de réunir sur la même sortie, des pêcheurs de niveaux équivalents ou presque. En effet, cela évite les frustrations, et favorise l'acquisition de technicités particulières.
Dans cette Camargue qui m'entoure au quotidien, il est clair que pour moi, être guide, c'est aussi sensibiliser les pêcheurs locaux ou venus d'ailleurs, à cette faune et cette flore encore sauvage mais tellement fragile.
Tu pêches ou pas lorsque tu es en guidage ?
Damien Rollin -Tout dépend des espèces recherchées et des techniques appropriées. Par exemple, sur de la pêche au leurre (loup ou thon) je ne pêche jamais, préférant me concentrer sur les défauts des clients et le cas échéant les conseiller au mieux pour les rectifier.
Pour les novices, je me consacre totalement à la transmission de la gestuelle pour qu'ils acquièrent le plus rapidement la technique proposée. Par contre, pour traquer le thon au broumé, je mets en place un travail collaboratif bien précis avec les clients. Ainsi, tout le monde participe aux différentes étapes jusqu'à la touche. Là, je donne bien évidemment la canne aux clients pour le combat et les sensations qui en découlent.
Que fais tu lorsque tu ne guides pas ?
Lorsque je ne travaille pas sur les quais ou en guidage, j'ai créé mon entreprise de fabrication de cannes à pêche personnalisées (Rollin Revolution Rods) pour répondre au plus près à l'attente des pêcheurs.
Dans cette aventure, j'ai la chance d'être suivi par la société Rodhouse. Pour le passionné de pêche que je suis, cette collaboration avec la marque me permet d'échanger avec d'autres rodbuilders expérimentés et d'acquérir d'autres savoirs pour me permettre de me perfectionner.
Par ailleurs, je commence à m'intéresser aussi à la construction navale dans un atelier basé à Port-Saint-Louis. Enfin, je fais aussi partie d'un club de pêche (Port-St-Louis-Fishing-Club) qui met en place toute l'année, des activités de pêche au leurre à destination des écoles de la ville.
Quel regard portes-tu sur le guidage en France ?
Damien Rollin -Le métier de guide a évolué et s'est développé, ce qui démocratise totalement l'activité de pêche auprès des nouveaux publics. Cela permet de découvrir ce sport, mais aussi aux plus aguerris de continuer à progresser, à apprendre de nouvelles choses, que ce soit en mer Méditerranée, dans l'Atlantique et bien évidemment dans les différents cours d'eau douce du territoire national.
La multiplication des guides et la concurrence qu'elle engendre ont un effet très positif en cela qu'elles obligent les professionnels du guidage à s'améliorer continuellement pour acquérir les nouvelles techniques, mais aussi et surtout, à suivre l'évolution des différentes réglementations.
Quel(s) conseil(s) aurais-tu à donner aux personnes qui souhaiteraient se lancer dans cette aventure ?
Damien Rollin -Au vu de mon propre parcours je ne peux qu'encourager tout futur guide à franchir le pas. Bien sûr, il faut être conscient de l'investissement demandé (et pas que financier), de l'engagement, de la masse de travail que cela représente et bien évidemment des responsabilités qui ensuite en découlent. Par contre, je peux aussi témoigner qu'une fois le défi relevé, le plaisir et la satisfaction des clients qu'ils soient débutants ou confirmés, sont les meilleures récompenses qu'on puisse avoir.
À titre personnel, j'ai fait pas mal de sacrifices pour en arriver là, mais l'excitation et la joie d'un enfant ou d'un adolescent qui vit sa première attaque de loup en surface, qui le ramène au bateau avant de lui rendre sa liberté, laisse pour lui, mais aussi toujours pour moi, un souvenir impérissable.
En tant que pêcheur, quel est ton rêve ?
Damien Rollin -La question est à la fois intéressante et quelque peu embarrassante pour moi, car j'ai l'impression de vivre au quotidien le rêve que j'avais quand j'étais enfant : celui de pêcher à ma guise dans un environnement que j'aime et que je n'aurai de cesse de faire découvrir. Ceci étant dit, il est vrai qu'aller combattre un thon géant sur les côtes du Massachusetts, au large de Cape Cod, serait la cerise sur le gâteau et me permettrait d'écrire une nouvelle page.
