Culture carpe, découvrez le film « Les enfants du bord de l'eau »

© Grégory MARTIN

Le film « Les enfants du bord de l'eau » fut le dernier opus d'une histoire commencée avec le film « Une voix au-dessus des roseaux » partie 1 et 2. Il finalisait un projet précieux à Frank et à moi-même.

Écoutez cet article

L'histoire de ces films commence en 2012 au forum de Montluçon où nous nous sommes rencontrés avec Frank (Frank PIZON, le réalisateur). Il m'avait ce jour-là exposé le scénario d'un moyen métrage qu'il avait à cœur de mener à bien. À la lecture du synopsis, je me suis rendu compte que Frank avait retranscrit non seulement une partie de son histoire de pêcheur, mais aussi, sans le savoir, une partie de la mienne. Il avait pleinement mis en écriture tout ce qu'il ressentait, tout ce que je ressentais… Notre histoire devenait commune.

Ainsi, de cette rencontre, Frank réalisa le film en deux parties intitulé « Une voix au-dessus des roseaux ». La première partie retrace l'histoire d'un pêcheur revenant sur les lieux de son enfance. La seconde, quant à elle, s'attarde sur l'adolescence de ce pêcheur. Ce film est une pensée pour nos grands-pères respectifs, morts trop tôt et qui nous ont transmis le virus de notre passion.

Frank et Kiki lors du tournage.
Frank et Kiki lors du tournage.

Une voix au-dessus des roseaux

Avec le temps, seuls les souvenirs restent. Une citation de Lois Lowry dit : « Ce qu'il y a de pire quand on détient les souvenirs ce n'est pas la douleur. C'est la solitude dans laquelle on se trouve. Les souvenirs sont faits pour être partagés ». Nos souvenirs communs pouvaient maintenant être partagés grâce à « Une voix au-dessus des roseaux ».

Ce partage allait même se faire à travers l'Europe de l'Est en étant diffusé sur une grosse chaîne thématique « Chasse et pêche » sur quatre pays : Hongrie, République Tchèque, Slovénie et Roumanie. Une belle aventure de voir ainsi partir ses images à l'International ! De par la réalisation de ce film, nous avons ressenti un certain apaisement, un certain soulagement… Un premier hommage était rendu à nos grands-pères et cet hommage ne se limitait pas à l'hexagone !

Part 1 :

Partie 1.
Partie 1 à retrouver en bas de l'article.

Part 2 :

Partie 2.
Partie 2 à retrouver en bas de l'article.

Un dernier opus sous le signe de la transmission

Mais cette histoire n'en est pas restée là ! Nous tenions, Frank et moi à exprimer au travers d'un dernier opus le partage et la transmission qui avaient fait de nous les pêcheurs et les personnes que nous sommes. Pour cela, l'histoire du film « Les enfants du bord de l'eau » allait se construire autour du partage de la passion de la pêche entre un père et son fils. Par des images de choses simples de la vie au bord de l'eau, il fallait faire remonter différemment des souvenirs d'enfance.

En somme, nous voulions mettre à l'honneur ce que beaucoup avaient vécu. Notre passion est en quelque sorte une école de la vie, une école de la nature où le partage et la transmission sont les vecteurs essentiels. Ce partage et cette transmission, mis à l'honneur dans le film, entretiennent les souvenirs de nos premières pêches qui permettent de prolonger le lien avec nos anciens. C'est concrètement une manière de faire vivre ce qu'ils nous ont appris.

Les enfants du bord de l'eau.
Les enfants du bord de l'eau à retrouver en bas de l'article.

Synopsis

C'est l'histoire d'une transmission de générations en générations, celle de la passion de la pêche. Au cœur de la France, un père et son fils perpétuent au bord de l'eau cette tradition avec le même esprit de partage. Tous les petits riens qui font la grandeur de la vie au bord d'une rivière ou d'un étang sont l'occasion pour eux de vivre la force de l'instant avec complicité.

Un public touché

Même si ce moyen métrage met à l'honneur ce que l'on a vécu et représente un petit bout de notre histoire, il renvoie à beaucoup un petit morceau d'eux-mêmes. Nous avons ainsi reçu nombre de messages exprimant ce retour en enfance avec des mots forts tel que « frissons », « larmes », « émotions », « amour »… Ces messages nous ont extrêmement touchés d'autant qu'il n'est jamais simple d'exprimer ce que l'on ressent. MERCI pour tout cela.

La vie internationale du film

Le film « Les enfants du bord de l'eau » est sorti début 2016 en avant-première au Pays-Bas lors du salon de la carpe de Zwolle dans le cadre du ECFFT (European Carp Fishing Film Tour) organisé par Carpzilla.

Le film a ensuite été projeté dans une vingtaine de salles de cinéma allemandes et autrichiennes (Munich, Frankfort, Berlin,…). Pour l'évènement, le film a été tout spécialement traduit et doublé dans la langue de Goethe.

Un grand merci à Mark Dörner de Carpzilla de nous avoir fait confiance, mais aussi à son petit-neveu Max qui a talentueusement doublé notre film en studio d'enregistrement en Allemagne. Nous savons par retour de Mark que le film a été fortement apprécié dans les salles d'Outre-Rhin.

Et en France ?

En France, le film a été soutenu par le Groupement National Carpe. Il est d'ailleurs sorti officiellement lors du 14ème Forum international de la carpe et du silure de Montluçon. Fernand De Castro, Président du GN Carpe, et les membres de son équipe ont ainsi souhaité (et nous les en remercions sincèrement !) soutenir le film et les messages qu'il véhiculait.

Depuis cette avant-première française, le film est disponible gratuitement sur Viméo (Retrouvez l'intégralité des films en bas de l'article).

Le film a été diffusé en conférence et lors de la nuit des courts-métrages.
Le film a été diffusé en conférence et lors de la nuit des courts-métrages du forum de Montluçon.

Pour la Ligue contre le Cancer !

« Les enfants du bord de l'eau » et l'intégralité d' « une voix au-dessus des roseaux » ont été édités en DVD. L'ensemble des bénéfices a été reversé à La Ligue contre le Cancer. Nous tenions absolument avec Frank à mener ce projet au bout : valoriser notre passion, retranscrire ce que nous ressentions, rendre un hommage à nos grands-pères respectifs et participer à lutter contre cette fichue maladie qui nous a enlevé trop tôt ceux qui ont fait naître notre passion de la pêche.

Plein de petits clins d'œil

À l'heure où la nostalgie du vieux matériel continue plus que jamais de se faire ressentir, nous voulions avec Frank faire revivre musettes, cannes, épuisette, panier siège, de nos grands-pères. Tous ces objets que nous regardions avec émerveillement, envie et interrogations quand nous étions gamins se retrouvent maintenant à l'écran. Ces objets sont les témoins muets d'un passé proche avec une odeur particulière, des histoires, un vécu…

Ah, s'ils pouvaient parler ! La petite remorque qu'utilise Killian pour se rendre seul à la pêche aussi a une histoire… C'est celle d'un ami, Christophe, avec qui j'allais au Canal quand j'étais ado. J'avais sensiblement la même. Mais l'inscription No Kill apportait un plus indéniable pour véhiculer ce message qui nous était déjà si cher. Le calepin où écrit Killian n'est autre que celui de Frank où sont recueillies les informations du jeune pêcheur qu'il était. Le souci du détail a donc largement guidé le choix des accessoires du film !

Petite remorque d'un ami d'enfance.
Petite remorque d'un ami d'enfance.

Le Berry et le Bourbonnais à l'honneur

Les lieux où se déroule l'histoire se trouvent dans le Berry et dans le Bourbonnais. Terres où tout a commencé pour nous et où nos grands-pères nous ont donné ce virus plein de valeurs. À l'époque, nous arpentions les rivières pour pratiquer la pêche à la boulée à la recherche de jolis goujons, la pêche à la pâte pour séduire les ablettes et les gardons ou encore la pêche à la pipée (à la sauterelle)… C'est ainsi que la rivière Allier et ses affluents sont les témoins de souvenirs inoubliables tout comme les étangs de la forêt de Tronçais ou encore la rivière Petite Creuse.

La pêche de la carpe que ce soit en étang ou en rivière se traduisait tout simplement par une pêche au bouchon avec un eschage à la patate ou au maïs. Et ce n'est pas par hasard que Killian utilise ces techniques pour prendre avec efficacité sa jolie carpe dans le film lorsqu'il part pêcher seul avec sa carriole. Depuis, la pêche a sacrément évolué, mais tout cela reste ancré dans nos têtes. Killian n'a eu qu'une seule touche, mais la bonne ! Je pense qu'il a touché un des plus beaux poissons de l'étang voire le plus gros.

Cette pièce d'eau abrite surtout beaucoup de petites carpes. Et bien « Kiki » a réussi à séduire un poisson joliment proportionné. Nous assistions à ce coup de ligne avec un certain émerveillement et nos souvenirs passés n'étaient pas très loin pour nous tous devenus adultes. En silence, nous nous identifions à lui, gamins. Rappelez-vous la fierté que nous avions à conter nos premières sorties de pêche en solo. Et que dire de celle exprimée par nos anciens à notre écoute. Séquence émotion…

Un vent de fraîcheur et d'inattendus a soufflé sur le tournage

La 2 CV camionnette qui apparaît dans le film nous a été prêtée par Jean qui était un ancien instituteur de mon école. C'est avec son gendre Vincent que je me suis rendu sur les lieux du tournage pour rejoindre Frank, Killian et son « vrai papa » Christophe Reveret. Le trajet a été épique ! En effet, nous avons failli ne pas arriver ! Le moteur menaçait de s'étouffer... Vincent était sans cesse en train de jouer du starter pour éviter la panne.

Arrivés sur les lieux, la deudeuch était en pleine forme pour le tournage. Et bien croyez-le si vous le voulez, mais le retour a encore été digne d'une épopée ! Retour à 40 km/h max… Je pense qu'elle jouait sa star. Être filmée oui ! Mais très réticente pour le reste. Les 30 km ont été très longs.

Heureusement, cela reste de beaux souvenirs, de même que la scène où je suis avec Killian dans la voiture qui s'est réalisée avec de franches rigolades. Killian était plutôt amusé de mon incompétence à conduire cette deudeuch récalcitrante. Il a dû penser que je n'avais pas le permis de conduire ! Je pense qu'il s'en souviendra pour un moment !

Et puis comme dans tout tournage, il y a des surprises ! Certaines scènes n'étaient pas prévues dans le scénario. L'enrichissement vient au rythme de l'imprévu. Par exemple, le moment où Killian s'emmêle dans les arbres reflète parfaitement ce que nous vivions avec nos grands-pères qui avaient au fil du temps acquis cette redoutable patience, indispensable à la transmission.

La scène lorsque nous cassons la croûte est très symbolique également. Au bord de l'eau, nos grands-pères avaient une certaine fierté à nous voir manger avec tant d'ardeur. Ils avaient, qui plus est, la possibilité de nous donner ce dont nous avions besoin. Et cela n'avait pas de prix pour une génération qui a connu la guerre et la misère. Sachons ne pas l'oublier.

Pensée pour Jojo, l'arrière-grand père du film qui nous a quitté en cette année 2022.
Pensée pour Jojo, l'arrière-grand-père du film qui nous a quitté en cette année 2022.

Killian, un pêcheur passionné

Il me faut réserver les mots de conclusion à Killian, mon fils dans l'histoire du haut de ses six ans. C'est un véritable passionné de pêche qui a bien grandi depuis. Il avait déjà pour son âge une maîtrise certaine de cet art. Ce virus, c'est son papa Christophe qui lui a transmis. Moi, je ne suis que le « papa du film ».

Cependant, dès les premiers instants de tournage, une certaine complicité s'est instaurée entre nous deux. Pas facile pour un petit bout de cet âge de faire comme si j'étais son vrai papa. Il a pleinement joué son rôle. Sa spontanéité, son amour pour la pêche, son envie de bien faire et de faire plaisir ont su transformer le tournage en un véritable et sincère moment de partage. Que ce soit Frank derrière la caméra ou moi à ses côtés, nous avons vu l'émerveillement dans ses yeux. La transmission est belle !

Mon fils Paul qui a l'âge de Killian dans le film. La transmission continue.
Mon fils Paul qui a l'âge de Killian dans le film. La transmission continue.

Installez-vous et profitez :


Les enfants du bord de l'eau - The Children of the Waterside - Kinder der Wasserufer from Frank Pizon on Vimeo.

Plus d'articles sur le thème