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Bonjour Fred, peux-tu te présenter aux lecteurs de Peche.com ?
Frédéric Jullian - Bonjour, j'ai 54 ans et je réside dans les Côtes d'Armor. Je suis un Breton d'adoption, mais je garde mon accent.
Je suis en partenariat sous contrat avec différentes marques : Adventer & fishing, Suzuki, Navicom, Deeper, BSR, Plano, et Abu Garcia.
Je pêche uniquement au leurre en mer ou eau douce. Même si je suis la plupart du temps en eau douce. Par le passé, j'ai beaucoup pratiqué la pêche à la mouche. Mais avec le temps, j'ai basculé sur le côté obscur de la pêche au leurre.
Tu peux nous parler de tes débuts en matière de pêche ?
Frédéric Jullian - La pêche est arrivée tôt dans ma vie, d'abord comme une attirance naturelle pour les activités de plein air plus qu'une passion. C'était un processus solitaire au début puisque personne dans ma famille n'était pêcheur. Mon véritable attrait était pour la nature, la pêche en était un lien logique. Et je crois que si j'ai choisi de pêcher au lieu de chasser, c'est parce que je pouvais décider d'attraper le poisson et de relâcher quand il le faut.
Je mentionne la chasse parce qu'en tant que pêcheur de prédateurs, je considère que je traque le poisson comme une sorte de chasse mais sans la mise à mort obligatoire. Il faut connaître les poissons, ainsi que leur biotope avant de pouvoir les attraper. Même si je passe encore deux mois par an à pêcher en mer en Norvège, je me considère comme un pêcheur en eau douce. Et le poisson que j'aime le plus est celui qui va mordre aujourd'hui. Peu importe l'espèce cela m'apportera de la joie !
Quand, comment et pourquoi avoir accepté d'être Pro-Staff ?
Frédéric Jullian - À l'origine, il y a plus de 15 ans, je suis devenu Pro-Staff parce que la marque avait repéré mon travail de terrain. Comme pêcheur, mais aussi comme organisateur de compétitions. C'étaient les balbutiements du parrainage, mais j'avais en tête de créer les conditions de son développement pas uniquement pour moi, mais pour l'ensemble de la communauté des pêcheurs.
C'est pour cela qu'avec une équipe réduite, j'ai dirigé les compétitions de street fishing en France et en Europe. Nous avons aussi structuré la compétition float-tube et lancé le circuit qui deviendra plus tard le championnat de France officiel avec la création de la fédération sportive. Ensuite j'en a fait mon métier.
Certains partenariats comme Navicom et Deeper durent depuis longtemps. D'autres sont plus jeunes comme Suzuki marine France (5 ans déjà) ou les vêtements Adventer & fishing encore plus récemment. Tous ont en commun une confiance dans la qualité des services, du matériel proposé et un excellent relationnel humain entre nous.
Être ambassadeur, cela veut dire quoi pour toi ?
Frédéric Jullian - Être ambassadeur, ce sont des droits et des devoirs librement consentis. Je mets l'accent sur ça, car cela compte beaucoup pour moi, je choisis mes sponsors et leurs produits autant qu'ils me choisissent. En d'autres termes, c'est un partage entre nous pêcheurs, une marque et un public. Cela me permet de rester authentique dans mes conseils.
Ton plus beau souvenir, ou une anecdote, en tant que Pro-Staff à partager avec nos lecteurs ?
Frédéric Jullian - La pêche est une quête où à la fin c'est le poisson qui décide quand il va mordre. Vous devez donc être prêt à passer des heures interminables sur l'eau pour obtenir la touche que vous attendez. Le temps que vous passez sur l'eau, c'est du poisson !
Cela me rappelle le souvenir d'un brochet qui a gagné sa bataille. C'était un de ces jours de calme plat avec un temps trop agréable et sans touches. Puis un orage s'est installé, l'activité repris doucement. Et après de nombreux brochets suiveurs, j'ai vu cette énorme tête sortir de l'arbre en avalant mon spinnerbait. Immédiatement, vous savez que vous venez de vous atteler avec un vieux poisson expérimenté. Je me souviens que mon cerveau a fait la revue mon équipement pendant que le poisson venait doucement vers nous. Tout allait bien sauf mon pote qui a paniqué en regardant la taille de "cet énorme brochet, plus gros que le plus gros Irlandais », il parlait au lieu d'utiliser l'épuisette.
Un regard sur nous a suffi à ce vieux guerrier pour lancer le combat de sa vie. Vous savez immédiatement qu'il maîtrise son territoire en vous ramenant dans cet arbre où vous avez vu sa tête pour la première fois. Toute tentative de l'arrêter fut inutile, il savait si bien où aller, couper cette ligne pour se libérer à nouveau. Ce jour-là, nous livrons tous les deux un combat, son intelligence et ses connaissances l'emportent sur les miennes. Mais je suis content parce que c'est pour ces moments intenses que je pêche, pour toute l'excitation que les poissons nous offrent, pour tous les gens que je rencontre, pour tous les endroits que je visite. L'eau est l'endroit où je me sens chez moi.
Quel regard portes-tu sur la pêche en France ?
Frédéric Jullian - La pêche en France connaît une situation très contrastée en fonction des endroits. La bonne gestion des milieux ne tient souvent qu'à l'acharnement et à la bonne volonté d'individus ou de petits groupes et nullement au travail de la FNPF. Nous payons 25 ans d'immobilisme, qui aboutissent aujourd'hui à un affaiblissement sans précédent de notre influence en tant qu'utilisateur et défenseurs de nos milieux.
Mais à l'opposé de cet immobilisme, il y a justement la jeunesse de ce nouveau mouvement avec les sponsorisés et les influenceurs qui amortissent la chute de notre sport et renouvellent la pratique en générant un engouement nouveau. Il y a donc un dynamisme indéniable porté par la jeune génération qui contraste avec la gestion timorée de notre instance nationale.
Un conseil pour les pêcheurs qui souhaitent un jour intégrer une Team de Pro-Staff ?
Frédéric Jullian - Allez à la pêche, c'est le premier conseil. Apprenez à maîtriser toutes les techniques et ne soyez pas exclusif, cela augmentera vos chances de suivre des stratégies de marques. Soyez curieux de tout, ne demandez jamais un sponsoring si vous n'utilisez pas déjà les produits. Soyez prêt à perdre des « amis » qui seront jaloux de votre position. Commencez « local » en sollicitant des partenaires locaux qui seront votre caution quand il faudra évoluer si vous le souhaitez. Et surtout aimez partager et faites-vous plaisir !
