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Bonjour Thierry, nous sommes heureux de te rencontrer pour en savoir un peu plus sur ta section pêche !
T. Cendrier : bonjour Benjamin, ça me fait aussi extrêmement plaisir, car il s'agit d'un projet qui me tient beaucoup à cœur et dans lequel je m'investis beaucoup.
Quel est le dispositif existant et quels sont les objectifs ?
T. Cendrier : il s'agit donc d'une section sportive ayant pour intitulé « Pêche et nature ». De la même manière que les autres sections sportives plus traditionnelles, elles concernent les 4 niveaux du collège, donc de la 6ème à la 3ème à raison de 3 heures par semaine. Elle est composée de 20 élèves, 5 par niveau de classe.
Les objectifs de la section sont évidemment l'apprentissage de différentes techniques de pêche aux appâts et aux leurres sur le plan technique et stratégique. S'il est évident que réaliser quelques captures au cours des sorties est important pour les enfants, l'essentiel est surtout qu'ils soient capables d'identifier les facteurs de présence et d'activité des poissons et de maîtriser les bases nécessaires pour être autonomes et réinvestir leurs compétences et connaissances en dehors de l'école.
Mais les objectifs ne sont pas seulement halieutiques, et l'ambition est non seulement de (re)connecter les élèves au milieu naturel, d'en comprendre le fonctionnement et les enjeux et d'appréhender la pêche comme une activité support pour développer des compétences interdisciplinaires.
Quel est le fonctionnement de la section ?
T. Cendrier : un créneau de 3 heures le vendredi après-midi est dédié spécifiquement à la section sportive. Lors du premier et du troisième trimestre, les élèves commencent par un travail théorique, principalement sur la maîtrise du matériel et la technique, puis par une mise en pratique sur le bord du Blavet. Ils sont répartis en deux groupes. Les plus jeunes pêchent à la grande canne avec Marcel Le Boulh, le bénévole de l'Aappma de Pontivy et les plus grands découvrent la pêche aux leurres avec moi.
Le second trimestre est axé sur des travaux théoriques et interdisciplinaires.
Comment est née l'idée ?
T. Cendrier : à la suite du confinement, les activités physiques possibles en EPS étaient considérablement réduites. Nous avons fait beaucoup de marche le long du Blavet et je me suis rendu compte que le milieu aquatique intéressait de nombreux élèves. Ils scrutaient l'eau et me parlaient de pêche.
Nous avions la possibilité de créer une section sportive à ce moment-là, la situation géographique du collège et la présence d'une Aappma locale dynamique constituaient alors une conjoncture idéale pour lancer le projet. J'ai soumis l'idée à ma cheffe d'établissement et l'équipe pédagogique qui ont tous immédiatement donné un avis favorable.
Les élèves prennent part à d'autres activités que la pêche ?
T. Cendrier : oui bien sûr ! En dehors de la pratique de la pêche, les élèves en fonction de leur niveau de classe participent à des activités interdisciplinaires variées. Tout d'abord, tous les vendredis, un membre de la section doit rédiger un bilan de la journée pour le site du collège.
Mais il y a aussi des activités plus ponctuelles, notamment pendant le second trimestre. les 4ème et 3ème assemblent leur canne à pêche pendant que les plus jeunes réalisent un carnet du pêcheur en anglais.
Ils vont aussi participer à une écriture de poésie sur le thème de la nature avec la professeure de français, une rencontre avec l'archiviste de Pontivy ayant pour thème l'histoire des écluses du Blavet, une décoration de leurres avec la collègue d'arts plastiques. L'étude d'une maquette sur le bassin versant du Blavet ou encore des relevés de hauteur d'eau à Quiberon pour comprendre le phénomène des marées en compagnie du professeur de physique.
Au programme, il y a aussi l'étude la laisse de mer, de la faune et de la flore de l'estran ou encore de la qualité de l'eau d'un ruisseau à proximité du collège, à travers des mesures chimiques de l'eau et la présence de larves. Les champs d'application sont très nombreux et toutes les disciplines scolaires peuvent alors prendre part au projet.
J'imagine que ce n'est pas simple sur le plan logistique dans un établissement scolaire ?
T. Cendrier : non, c'est vrai que ce n'est pas évident à mettre en place et cela nécessite une organisation contraignante pour l'ensemble de l'établissement, c'est donc un projet qui doit être accepté de tous. Au-delà de la création du projet et de la mise en place d'emploi du temps permettant un fonctionnement interne viable et équilibré pour toutes les classes, il faut aussi trouver des partenaires. Ainsi, nous avons mis en place un partenariat avec l'Aappma de Pontivy et la fédération du Morbihan, mais aussi ponctuellement avec le CFA de Caulnes qui forment les futurs guides de pêche.
Pour le matériel, comment vous êtes-vous organisé ?
T. Cendrier : l'aspect matériel n'est pas simple ! Contrairement aux autres activités sportives, le besoin en matériel spécifique est important et le collège a dû puiser dans ses fonds propres pour financer les déplacements notamment lors des sorties.
Mais j'ai pu aussi compter sur la présence de distributeurs généreux qui ont tout de suite adhéré au projet et qui ont permis avec des dotations très importantes un fonctionnement efficace et durable de la structure.
Ainsi, le groupe Shimano Europe fournit pour chaque élève un ensemble canne et moulinet garni en tresse et une sélection de leurres. Mais ce n'est pas tout car la société Rodhouse a aussi offert à chaque enfant le matériel nécessaire pour assembler sa canne à pêche. Enfin, Delalande et Flashmer se sont aussi montrés très généreux en leurres, accessoires, épuisettes et autres matériels divers.
Je suis fier qu'à travers cette section des acteurs emblématiques de la pêche en France se soient réunis autour d'un même projet pour permettre à une future génération de pêcheurs de pratiquer avec du matériel de qualité et en quantité confortable.
Encore un énorme merci à eux et à leurs représentants, car sans leur soutien, la mise en place d'une telle structure aurait été compliquée.