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Origine de la pêche en mouche noyée
Même si la pêche à la mouche a été inventée certainement bien avant cela, les premiers écrits sur cette pratique remontent à 200 ans après Jésus-Christ, des hameçons déguisés recouverts de laine et cerclés de plumes de coqs servaient déjà à capturer des poissons, qui devaient être des truites d'après la description.
Depuis, la pêche à la mouche a certes évolué, mais la pêche en noyée est restée proche de cette première description.
Les Anglais ont grandement participé au développement de cette technique pour pêcher les chalk-stream et les nombreux lacs (ou lochs). Encore aujourd'hui, nos mouches noyées sont issues des modèles britanniques, mais ont localement été modifiées pour s'adapter aux eaux françaises.
Dans les campagnes de l'hexagone, les paysans pêcheurs utilisaient la pêche en noyée pour prendre des truites et améliorer leur alimentation. Certains en faisaient même une activité secondaire en vendant leurs poissons pour gagner un peu d'argent ou faire du troc. Ceci avait encore lieu en France, il y a un peu moins d'un siècle.
On appelle cette technique la mouche noyée par opposition à la pêche en mouche sèche, où ces dernières flottent à la surface pour imiter des insectes en train d'éclore. L'emploi de crin de cheval comme bas de ligne, à l'époque, rendait la flottaison des mouches quasiment impossible. Elles évoluaient donc sous l'eau, d'où le terme « noyée ».
Comment pêcher en mouche noyée ?
La technique consiste à faire évoluer 1 à 3 mouches sous la surface à différentes profondeurs et hauteurs d'eau pour imiter des larves aquatiques. On prospecte ainsi différents coins de la rivière en lançant vers l'aval, c'est-à-dire en descendant le cours d'eau.
Le bas de ligne est généralement constitué d'une mouche de pointe (mouche la plus éloignée du pêcheur), une mouche dite intermédiaire et d'une sauteuse (la plus proche de la surface).
Ces mouches ne sont généralement pas lestées, mais la mouche de pointe est montée avec un corps plus épais et dense, souvent vernis, pour être la plus « lourde » et immerger le train de mouche. De nos jours, certains pêcheurs dont je fais partie, montent une bille sur la tête de la mouche pour rajouter du poids.
La mouche de pointe est donc la mouche la plus lourde, ce qui permet de tendre le bas de ligne. La mouche intermédiaire est souvent plus fine que celle de pointe, plus légère, et un peu plus touffue, et la sauteuse est une imitation entre une mouche sèche ou une émergente qui sera bien souvent juste en dessous de la surface.
Ces mouches imitent donc différents types et stades de larves. L'idée est de les faire dériver au grès des courants pour « peigner » les postes à truites en ayant trois stades de mouches et hauteurs de nage.
De nos jours, la plupart des pêcheurs n'utilisent qu'une ou deux mouches, rarement trois. Cela permet notamment d'éviter de s'emmêler.
Pour pêcher en mouche noyée, il est recommandé d'utiliser une vieille soie WF flottante ou à pointe intermédiaire.
Personnellement, j'utilise des soies flottantes auxquelles je rajoute des pointes de différentes densités appelées polyleader ou versileader. Ceci me permet de m'adapter à la hauteur d'eau des postes et en fonction de l'activité des poissons. Plus les eaux sont hautes et froides, plus il faut pêcher près du fond et lentement. Plus les eaux baissent et se réchauffent, plus on pêche près de la surface et dans des veines de courant plus rapide.
Animations ou pas ?
Même si votre train de mouches va « travailler » quasiment seul dans le courant qui fera vivre vos mouches, des animations peuvent être utilisées pour déclencher des touches.
Selon la configuration du secteur de pêche, l'animation est parfois inutile, car la variation des courants (vitesse et intensité) fera pêcher vos mouches.
Cependant, sur les coins plus lents ou parsemés de postes créés par de roches notamment, animer ses mouches peut faire la différence en attirant l'attention des poissons, ou créer des touches réflexes. On appelle cela l'aguichage. Bien maîtrisé, il permet souvent de prendre plus de poisson en rajoutant plus de vie aux mouches à des moments clefs.
Les animations consistent à exercer des tirées et relâchés qui feront respectivement, monter et redescendre vos mouches, accélérer ou ralentir la dérive. Il est possible aussi de faire de petits strips (tirées courtes en continu) pour une fois de plus modifier la nage de vos imitations. Le pêcheur pourra donc faire vivre et travailler ses mouches à sa guise et à bon escient.