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Pas de marche arrière possible
Avec un ami, nous sommes partis une semaine à bord d'un radeau sur la Loire. C'était l'occasion de relever un défi personnel, mais aussi et surtout d'échanger nos téléphones contre nos cannes à pêche ! Contrairement à la pêche du bord, où l'on est contraint aux spots que l'on choisit, nous avions l'effet inverse : pas de marche arrière possible sur un radeau ! En une semaine, nous sommes donc passés sur tous les spots sur 100 km de rivière. Ainsi, sans bruit de moteur tout en étant surélevés (comme on pourrait l'être sur un bateau), nous pouvions passer discrètement au-dessus des poissons.
Des conditions météos très changeantes
L'été 2023 a été très variable, entre fortes chaleurs et pluies intempestives. Durant nos 6 jours de dérive, nous avons eu droit à tous les temps. Nous sommes partis juste après deux semaines de fortes pluies (particulièrement intenses et anormales pour un mois de juillet habituel) et nous avons pu profiter durant nos 5 premiers jours d'un changement radical : grand soleil, presque aucun nuage, et plus de 30 °C à l'ombre ! Pas vraiment des temps rêvés pour pêcher efficacement… Le dernier jour a été radicalement différent, avec un temps très bas et de la pluie sur la fin de la journée.
Toutes ces précisions sont importantes, car comme vous allez le voir juste après, ces temps très changeants ont fortement conditionnés la tenue des poissons et notre pêche par la même occasion !
Tenue et activité des poissons
De manière générale, nous pouvons décrire un schéma général composé de 3 à 4 zones qui se suivent et se ressemblent (ou presque) :
Zone 1 : Faibles profondeurs.
Ce sont souvent des zones avec d'importantes accélérations de courant. Ces zones sont souvent remplies de roches. En amont de ces zones, nous retrouvons parfois très peu d'eau, avec de grands bancs de sable. Cette première zone est souvent très riche en barbeaux. Ils se déplacent en bancs constitués parfois de plusieurs centaines d'individus.
Zone 2 : Profondeurs moyennes.
Ces sont souvent des zones riches en herbiers, et par la même occasion en poissons : carpes, chevennes, brochets, perches et aspes sont en vadrouillent dans ces zones. L'aspe aime tout particulièrement aller et venir entre les zones de courant et des zones herbeuses riches en poissons blanc.
Zone 3 : Profondeurs importantes, les fosses.
Parfois, on retrouve directement après des zones de forts courants ces fosses. Comment facilement les repérer sur une carte : suivez le courant et le tracé de la Loire. Pratiquement, à chaque fois que le courant vient frapper à 45 degrés une berge formant un « virage », vous retrouverez une fosse plus ou moins profonde. Ces zones abritent souvent des silures, mais aussi des sandres qui cohabitent assez bien avec ces géants d'eau douce.
Les deux espèces principalement recherchées au cours de notre périple étaient l'aspe et le silure. En étant toute la journée (de 9 h à 19 h) sur l'eau et toute une semaine durant, nous avons pu directement observer suivant la météo les mouvements des poissons d'une zone à une autre.
Lors des 5 premiers jours, le soleil était très haut dans le ciel et l'ambiance était presque suffocante. Les aspes étaient donc très difficiles à leurrer. Il fallait se lever tôt pour espérer prendre un poisson, le coup du matin étant plus productif (à notre goût) que le coup du soir par de trop fortes chaleurs.
En passant sur les zones profondes, nous pouvions systématiquement voir des silures, regroupés en boules de plusieurs dizaines d'individus, et très peu actifs également. En effet, lorsque les températures montent trop brutalement, les poissons sont à la recherche de fraîcheur et on les retrouve donc dans les fosses, là où les eaux sont les plus fraîches. Par la même occasion, nous avons pu observer de très gros sandres (90 cm et plus) accolés parfois à des silures de plus de 2 mètres dans ces fortes profondeurs (la Loire état peu profonde en été, les profondeurs supérieures à 3 mètres sont déjà des fosses).
Lors de notre dernier jour, cependant, avec l'arrivée de la pluie, d'un voile nuageux et de la baisse des températures, nous avons pu constater que les silures avaient quitté les fosses. Nous n'en reverrions plus… Par la même occasion, les aspes se sont réveillés et sont restés bien actifs toute la journée, nous offrant régulièrement les montées d'adrénaline tant recherchées à la touche !
Moralité, en été, quand il fait très chaud, profitez, vous aussi, des fraîcheurs matinales. Lorsqu'après un épisode de fortes chaleurs, il se met à pleuvoir, prenez votre imperméable, et sortez vos leurres ! Vous aurez sans doute de belles surprises…