À partir de la mi-octobre, la saison de la pêche en réservoir débute. En effet, les rivières de premières catégories sont fermées et si l'on veut rechercher la truite, c'est soit sur des rivières de deuxième soit en réservoir.
Un réservoir, est un plan d'eau privé où des truites, souvent arc-en-ciel, sont introduites pour créer un produit pêche pendant la trêve hivernale. Les truites ne sont pas sauvages, mais elles s'éduquent vite et rendent la pêche intéressante pour les pêcheurs de salmonidés ne souhaitant pas « déposer les armes » pendant 6 mois de l'année !
Première sortie de l'année
Il est toujours intéressant de changer de terrain de jeu, et même si nous avons quelques plans d'eau et réservoirs en Bretagne, nous décidons avec mon ami Jean-Marc de réaliser notre première sortie sur ce réservoir. Il se trouve non loin de Saint-Malo, à une heure de trente de Guingamp de chez mon binôme de pêche pour la journée.
Lors de ma première sortie sur ce joli lac, fin décembre 2022, nous avions vécu une très belle journée froide hivernale où les truites avaient été bien actives dès les premiers lancers. Nous avions pris chacun avec Jean-Marc et Kévin plus de 20 truites chacun en variant les techniques.
Des conditions très différentes
Dès notre arrivée, nous enfilons rapidement nos waders et préparons notre matériel pour vite nous mettre à l'eau et réaliser nos premiers lancers, car le jour vient à peine de se lever. Un moment souvent propice où les truites se rapprochent du bord.
Un pêcheur est déjà dans l'eau sur la plage non loin du parking, et il a dû faire reculer les poissons. Tant pis. Nous rentrons également dans l'eau sans faire de bruit, et lançons nos premières mouches avec chacun nos imitations préférées en lesquelles nous avons confiance. Le réservoir de la Sablonnière offre l'avantage de pouvoir pêcher en wadding (pêche en marchant dans l'eau) sur deux grandes plages. Certains pêcheurs, comme nous apprécient d'être dans le même élément que les poissons.
Rapidement, je touche une première truite au streamer, mais qui se décroche au bout d'une dizaine de secondes. Je ne saurai pas si c'est le blanc ou le noir qui aura plu à ce poisson. Une information qui aurait pu déjà me donner une piste. En effet, en réservoir, il faut en permanence rechercher ce que les truites veulent. Les postes. Profondeurs où elles se trouvent. Le type de mouche et leurs animations. Il faut donc sans cesse faire des changements de soies, de mouches et la manière de les ramener pour trouver une des équations. Puis affiner sa pêche. Un petit jeu fort intéressant, car la pêche, c'est avant tout une recherche perpétuelle. Des questions à se poser pour trouver ce qui fonctionne.
Cette truite est tout de même encourageante, mais ensuite plus rien. Les poissons ne s'activent pas en surface. Sont-elles là devant nous ? Ou sur un autre poste ?
Avec mon compère, nous changeons de mouches, de manière de les animer, mais rien n'y fait, jusqu'à ce que je prenne la première avec un worm apps en soie intermédiaire. Un ver aux longues pattes, et pour celle-ci de couleur noire, ramenée en « rolly-polly ». Cette technique où l'on cale sa canne sous son aisselle et on ramène rapidement avec les deux mains, peut être parfois très efficace.
Or, pour le moment, seule cette truite a répondu à cette mouche et animation. Jean-Marc change de coin et se dirige vers l'autre plage.
Je reste à poste et monte ma canne en soie plongeante pour essayer aux boobies au fond. Une technique qui peut permettre de prendre un grand nombre de poissons lorsqu'ils sont proches du fond et/ou tatillons. À part une petite touche timide, aucun résultat.
Les truites bougent en surface en face de moi de l'autre côté du lac, là où Jean-Marc se trouve.
Je me décide à m'y rendre lorsque JM, comme on l'appelle, prend sa première truite. Il est 11 : 00 et il est temps que les hostilités démarrent !
Trouver la pêche
J'arrive sur place et reste sur la berge au poste de la bonde, alors que JM, en wadding, semble avoir trouvé la pêche du moment, je précise, car cela peut changer rapidement, et prend plusieurs truites de rang.
Il me dit : « Chiro rouge ». Les truites sautent et gobent activement ici et là. En effet, bien que l'on ne voit pas d'éclosion, elles semblent bien attablées même si les gobages sont rares et épars !
Je reste avec mon matériel et mes mouches et retente en soie intermédiaire au « worm ». Premier lancer, et une truite s'empare d'une de mes mouches (montage à deux mouches) puis part dans tous les sens, secoue la tête et finie par se décrocher ! En hameçon sans ardillon les décroches sont régulières surtout lorsque les poissons sautent ou donnent de gros coups de tête !
Je continue, mais plus de touches. Jean-marc doit en être à 6 ou 7 truites toujours avec la même mouche, même s'il essaye de monter une autre mouche en dessous de sa potence.
Je monte alors un « chiro » ou chironome, c'est-à-dire la larve du moustique ou vers de vase, sur un montage dit de la corde à linge. Quelques lancers plus tard, une première truite viendra sur le fameux chiro rouge ! J'en décrocherai une autre avec cette technique. Puis je passe en soie flottante avec une « montana » en mouche de pointe, et un chiro en potence. La première prend la « montana » casquée, puis au lancer suivant une truite viendra si violemment prendre une de mes mouches qu'elle me cassera tout le bas de ligne ! Tout est à refaire ! Parfois les touches au chiro peuvent être très puissantes et tout vous embarquer.
S'adapter en permanence à l'exigence des truites
Le « chiro » est une des sources de nourriture les plus importantes dans tous les lacs et étangs du monde, car il constitue la base de la chaine alimentaire. Les truites récemment introduites mais surtout celles qui ont déjà de la « bouteille » et ont été piquées sur diverses mouches, se mettent bien souvent à se nourrir principalement de ces insectes. C'est donc une mouche à utiliser et tester à chaque sortie en réservoir, que ce soit en surface, entre deux eaux ou plus près du fond.
Reste à déterminer la hauteur d'évolution de la mouche, sa taille, son coloris et bien sûr l'animation qui plait aux truites !
Grâce à cette « trouvaille », avec Jean-Marc, nous enchaînerons plusieurs poissons. Puis juste après notre casse-croute du midi, les truites avaient changé soit de postes, soit d'envie ou n'étaient plus actives !
Nous essayons à nouveau différentes mouches. J'en prendrai une sur un streamer blanc casque orange, puis deux sur un blobby jaune canari en « washing line », mais avec aucune régularité. Jean-Marc, de son côté, ne prend, plus rien.
Après cette phase de test et de recherche, je décide de retourner sur l'option « chiro » et d'en monter cette fois deux sur ma soie flottante. Je tente avec deux modèles plus petits en taille (hameçon de 16) et non lestés. Le premier avec une gorge rouge en potence, puisque cette couleur semblait les intéresser, et l'autre en pointe avec un cerclage en kristal flash pearl.
Je décide de lancer plus loin pour voir si les truites n'ont pas reculé. C'est souvent le cas lorsqu'elles ont été pêchées pendant un moment. Il est vrai que nous avions insisté avec mon ami ce matin. Dès mon premier lancer et au bout de seulement quelques secondes, ma soie se tend violemment. Et c'est reparti !
J'enchaînerai un grand nombre de truite qui prendront l'une ou l'autre de mes imitations.
Le vent s'étant levé, ma soie faisait un ventre qui animait mes mouches. Je n'avais pas grand-chose à faire. Juste lancer le plus loin possible, et laisser le vent faire son travail. Lorsque les touches ne se manifestaient pas, je réalisais une grande tirée lente pour faire remonter mes mouches vers la surface et elles prenaient ! Ces touches procurent de superbes sensations et c'est toujours un grand plaisir d'avoir ces tirées violentes sur la soie. Une des raisons d'utilise aussi les montages de chironomes. J'ai passé un super moment !
Jean-marc prendra quelques touches, mais n'arrivera plus à trouver la pêche. Il a préféré chercher de son côté même si nous échangions sur nos stratégies.
Il prendra tout de même deux truites avant notre départ, alors que de mon côté, les truites s'en sont donné à cœur joie une bonne partie de l'après-midi !
La prochaine fois, il se passera peut-être le contraire, et JM prendra plus de truites que moi. Parfois, cela se joue à pas grand-chose. La pêche en réservoir demande de s'adapter sans cesse pour trouver ce que les truites veulent. Leur humeur peut changer rapidement tout comme leur activité.
Une bonne journée entre potes en tout cas. Avec pas mal de poissons à la clef, mais qu'il a fallu mériter !