Un défi à relever
Cela fait plus de 20 ans que j'habite en Bretagne, et chaque fin d'automne et début d'hiver, nombreux sont mes amis pêcheurs (aux leurres) qui me proposent d'aller pêcher le calamar de nuit.
C'est bien pour passer un moment entre potes qu'ils y vont, mais aussi dans un but gastronomique. Le calamar, cuisiné à l'armoricaine est en effet un délice et de ce fait se retrouve très convoité à cette période de l'année. En Bretagne, c'est une tradition d'aller les pêcher à cette époque et de nombreux pêcheurs se retrouvent chaque année dans les ports ou sur les jetées de la majorité des départements bretons.
Dans mon cas, le but était tout autre. Prendre un calamar à la mouche n'était pas un rêve, loin de là, mais plutôt un pari entre amis. Après avoir refusé à maintes reprises, il y a quelques années, j'ai décidé de relever le défi. Car affronter en pleine nuit, le vent et le froid pour prendre ce céphalopode, est bel est bien un challenge.
Quid du calamar ?
Le calamar est un mollusque céphalopode de la famille de la seiche que l'on appelle aussi encornet, chipiron, ou encore supion dans le sud de la France. Sa pêche se pratique principalement à la turlutte. La recherche du calamar se fait principalement de nuit dans la plupart des ports français. Dans le Finistère, les meilleurs spots se trouvent sur Brest, Douarnenez et la presqu'île de Crozon, à la marée montante lors de fort coefficient, surtout lorsque la mer se déchaîne et que les calamars se concentrent et se rapprochent des côtes.
Le matériel pour rechercher le calamar à la mouche
Concernant le matériel, j'utilise une canne mer d'action rapide en soie de 8, afin de lancer sans trop de problème dans le vent le montage assez lourd et volumineux.
J'emploie la plupart du temps une soie flottante prolongée par une pointe très plongeante de 3 mètres puis d'un bas de ligne court de 1 mètre pour rester prêt du fond en 30-35°. Afin de pouvoir soulever le calamar si vous êtes en surplomb (c'est souvent le cas).
Ce montage permet d'animer verticalement plutôt qu'horizontalement qu'avec une soie plongeante. Il fait donc remonter suffisamment la mouche vers la surface lors de mes grandes tirées de la même manière qu'une turlute.
Une soie plongeante S4, terminée par un bas de ligne court de 80 cm en 30° cela peut également fonctionner.
Pour les mouches, je n'avais rien trouvé sur internet ni dans la littérature. J'ai donc dû me creuser les méninges pour arriver à reproduire une imitation de turlutte colorée.
Pour ce faire, j'ai montée des tube-fly avec différents matériaux, qui viennent s'emboîter sur un autre tube sur lequel j'ai fixé un panier (hameçon spécial pour turlutte). C'est un peu de bricolage, mais cela reste assez simple.
Ce montage permet d'avoir le panier (hameçons multiples) en queue et donc de pouvoir piquer le calamar dès qu'il vient poser ses tentacules sur la mouche.
Les coloris de mouche-tube qui ont fait leur preuve : mauve, violette, chartreuse, orange
Quelle technique utiliser pour pêcher le calamar à la mouche ?
La technique est assez simple, il suffit de regarder comment font les pêcheurs à la turlutte ! Ils dandinent leur turlutte du bout du scion, de bas en haut tout en recherchant la bonne hauteur d'eau afin de trouver leur profondeur de nage.
Il faut faire de longues pauses qui semblent souvent déclencher l'attaque. Les prises se font généralement entre deux eaux, mais il n'est pas rare d'observer, sous les lampadaires, les calamars venir chasser en surface dans les bancs d'alevins. Dans ce cas, il est possible de lancer à vue sur les calamars en activité dans le but de les séduire et de les voir opérer ce qui est toujours intéressant et amusant. J'ai donc reproduit ce que faisaient mes amis mais avec mon matériel mouche.
Après avoir lancé dans une zone où des calamars sont susceptibles de venir, je laisse couler la pointe de ma soie, et le bas de ligne un bon moment. Je compte le nombre de secondes pour essayer de trouver ensuite, en cas de touche, la profondeur où ils se trouvent. Puis je continue à pêcher dans cette zone.
J'exerce de petites tirées sèches et rapides suivi de très longues pauses. Je procède de la même manière pendant toute la durée de la longueur de soie sortie.
Tous ces calamars ont pris la mouche lors de pauses, à la redescente, avec des tirées plus ou moins sèches. Le plus gros (avec un corps de plus de 40 cm) tirera assez fort. Et en expulsant l'eau de son siphon me fera une belle tirée, mais il ne faut pas se voiler la face, le calamar n'a rien d'un « poisson » de sport. Mais dans l'assiette, c'est délicieux. Et oui, pas trop de no-kill sur cette espèce !
L'action de pêche reste lente, la touche lourde comme si l'on avait un sac au bout de la ligne ou que l'on était accroché sur le fond, et le combat peu intéressant. La seule satisfaction que j'en ai retiré, c'est d'avoir réussi à en prendre quelques-uns à l'aide de mes mouches maison fabriquées pour l'occasion.
Néanmoins, j'avoue être assez étonné des couleurs et j'en arrive à trouver cette bestiole jolie malgré ces airs de « rencontre du troisième type » ! Les reflets sont de couleurs multiples et l'œil intriguant est d'une rare beauté!
C'est un défi de plus de relevé et une espèce de plus de validée.
Recette de cuisine du calamar
En Bretagne, le calamar est souvent cuisiné à l'armoricaine c'est à dire à l'aide des ingrédients suivants : oignons, ails, vin blancs, bisques de homard, tomate concassées, 1 verre de cognac et de l'huile d'olive.
Tout le secret réside dans la cuisson afin qu'ils deviennent fondants et non « élastique » !
À voir le nombre d'adeptes au bord de l'eau par mauvais temps, c'est visiblement un mets de choix !