Rockfishing à la Japonaise
Le rockfishing est une technique qui compte en France toujours plus d'adeptes. Cette pêche en mer légère du bord permet de cibler un grand nombre d'espèces de poissons. Il ne s'agit d'ailleurs pas forcément de poissons de roche, c'est pour cela que je préfère le terme de « light game» (littéralement « jeu léger »), qui est le terme donné par les japonais pour désigner ce qui chez nous est nommé « rockfishing ». Ce terme est plus juste à mon sens, car il définit en deux mots ce qu'est vraiment le rockfishing. Un jeu avec le poisson, peu importe sa taille, léger et subtile pouvant se révéler très technique.
Les Japonais ont deux approches assez distinctes du « light game ». L'une concerne la traque du « Mebaru », un petit poisson de roche ressemblant à une rascasse, se pêchant près du fond et l'autre concerne la pêche du fameux « Aji », qui n'est autre qu'une espèce de chinchard. Ce dernier se traque en pleine eau avec du matériel très spécifique. Le schéma de pêche des japonais est heureusement transposable chez nous, et nous aurions tort de nous priver de la pêche de ce poisson, aussi technique que fun !
Aji fishing
Le « Aji fishing » est une pêche très populaire au japon et ce pour de nombreuses raisons. Comme chez nous, le chinchard est omniprésent toute l'année, même l'hiver ! C'est l'une des raisons pour laquelle je pratique très souvent la pêche du chinchard durant les mois froids, lorsque toute les autres espèces de poissons marins (ou presque) boudent nos leurres. Outre son omniprésence et son activité hivernale, le chinchard est un poisson qui peut se révéler technique et subtil à leurrer mais qui est surtout très combatif.
Sur du matériel light, c'est très amusant et plaisant et le chinchard procure de belles sensations. Comme évoqué un peu plus haut, le chinchard est un poisson très populaire et les Japonais développent du matériel (cannes et leurres) spécifiquement pour la traque de ce petit carangidé, c'est dire si l'engouement est réel !
Mœurs du chinchard
En France, nous avons deux espèces de chinchards : le chinchard commun (Trachurus Trachurus) et le chinchard à queue jaune encore appelé sévereau (Trachurus Mediterraneus). La chance que nous avons par rapport aux japonais, c'est que nos chinchards ont une taille légèrement plus grosse que le chinchard japonais (Trachurus Japonicus, le fameux aji…) du pays du soleil levant. Notre chinchard peut atteindre les 50 cm, ce qui en fait un adversaire très combatif.
Le chinchard est un poisson pélagique qui est présent toute l'année sur nos côtes, aussi bien en hiver qu'à la belle saison. C'est un petit carnassier grégaire qui a l'habitude de chasser en banc aux embouchures et dans les ports à la faveur de la nuit. Le chinchard possède de gros yeux qui lui permettent de bien chasser la nuit. Pour se nourrir, le chinchard procède presque systématiquement en aspirant ses proies à l'aide de sa gueule très fragile et relativement petite. Quand il chasse en surface, on le reconnaît presque tout de suite, car on entend ces aspirations caractéristiques. Le chinchard se nourrit de petits poissons, alevins et de petits crustacés.
Si vous avez la chance de leurrer ce fabuleux petit poisson, prenez toutes les précautions nécessaires : en le sortant de l'eau à l'aide d'une épuisette et en écourtant son séjour hors de l'eau. Le chinchard se manipule assez difficilement : il s'agit d'une vraie pile électrique qui tremble sans arrêt et grogne (c'est assez comique d'ailleurs) ! Les Japonais utilisent une pince plate en plastique pour s'en saisir, car le chinchard, en plus d'être tout le temps en mouvement, possède des rayons de nageoires épineux et leur piqûre est vraiment désagréable…
Une pêche portuaire
Comme évoqué précédemment, le chinchard est un poisson qui se pêche principalement dans les ports. Qu'il s'agisse de ports de plaisance ou de ports de commerce, des précautions sont à prendre, en commençant par savoir si le port où vous désirez en découdre est autorisé à la pêche. Ce n'est pas toujours le cas et la pêche n'est parfois pas tolérée au sein de l'enceinte des ports. Un passage par la capitainerie s'impose donc afin d'être sûr de pouvoir pratiquer votre loisir favori, même de nuit. Il serait tout de même dommage de mettre fin inopinément à une partie de pêche, tout cela parce qu'on vous a demandé « gentiment » de partir pêcher ailleurs… Qui plus est, ce n'est pas très agréable.
Une fois que vous êtes sûr que la pêche est autorisée, d'autres précautions s'imposent. Prenez soin de bien repérer les cordages, chaînes et autres structures qui sont dans l'eau. Sans cela, votre session peu vite tourner court tant les accrochages et pertes de leurres peuvent être nombreux ! Attention aussi à ne pas tenter le diable avec des lancers trop difficiles à exécuter, notamment près des bateaux de plaisance. Il n'est en effet jamais bien agréable pour un plaisancier de retrouver des hameçons sur son bateau et c'est l'une des raisons de l'interdiction de la pratique de la pêche dans certains ports…
Les ports restent néanmoins de super terrains de jeu, avec de très nombreuses structures (quais, pontons, pieux, bateaux…) qui abritent inévitablement du poisson. C'est aussi un bon refuge pour les alevins et juvéniles, qui attire mécaniquement les prédateurs comme le chinchard. Pour attraper des chinchards, le mieux est de prospecter sous les lampadaires, luminaires et autres spots lumineux qui éclairent l'eau. En effet, la lumière rassemble les poissons et en plus, ces zones éclairées permettent de mieux voir votre leurre évoluer.