Rencontre avec Vincent Petit, un président d'AAPPMA militant

Un président d'AAPPMA qui s'engage

Vincent Petit est président de l'AAPPMA La truite du Gapeau, un président militant qui nous délivre son point de vue sur le rôle d'un président d'AAPPMA. Vincent insiste sur le fait de consolider et de développer le monde de la pêche pour assurer un avenir à notre loisir.

Bonjour Vincent, peux-tu nous dire ce qui t'a poussé, un matin, à vouloir devenir président d'une AAPPMA ?

C'est le même moteur qui anime tous les bénévoles. Les bénévoles aiment se mettre au service des autres, faire avancer les choses, créer et animer. Le choix du bénévolat et souvent le choix du sacrifice du temps, sacrifier du temps de travail, du temps de loisir, mais aussi du temps auprès de sa famille et de ses amis. Être bénévole dans la pêche de loisir, c'est accepter d'affronter de nombreux défis. Le défi climatique, le défi sociétal, mais aussi le défi qui consiste à unir les différentes formes de pêche et de pêcheurs.

Avant d'être président d'une AAPPMA, tu es avant tout pêcheur ?

Mon histoire est semblable à tant d'autres. Je suis pêcheur depuis toujours. Comme nombre d'entre nous, je pêche depuis l'enfance. Jeune adulte, et pour me venter un peu, je dirai que j'étais l'un des pionniers de la pêche moderne de la carpe dans les années 80/90. Après de nombreuses années à voyager pour les compétitions de pêche à la carpe, en Roumanie, en Espagne ou en Afrique du Sud et à faire 150 nuits, par an, au bord de l'eau, j'ai vue les pêcheurs de carpes changer et j'ai changé à mon tour. J'ai eu envie de dormir chez moi tout en gardant l'envie de prendre des carpes. C'est alors que je découvre le stalking. Nous étions alors quelques-uns à se lancer dans cette aventure.

Pêcheur depuis toujours
Pêcheur depuis toujours

C'est tout naturellement que, dans les années 2010, je reviens à mes premiers amours avec la truite. Mais, je ne la pratiquerai plus à la mouche. Je découvre la pêche de la truite aux leurres grâce aux leçons de Guillaume Vernet. C'est dans le cadre de la pêche en rivière, que j'ai rencontré, par l'intermédiaire d'un forum, une bande de copains. Je peux citer Alex, Mike, Jean-Pierre, Antonin et j'en oublie. Je m'en excuse. C'est eux qui m'ont fait découvrir d'abord le Gapeau, puis l'AAPPMA La truite du Gapeau et le fonctionnement de la pêche associative en France. Mike, président avant moi de l'AAPPMA, avait besoin d'un relais. Je me suis proposé et les adhérents m'ont confié la tâche de le remplacer comme président.

Président d'une AAPPMA, pour toi, cela veut dire quoi ?

Pour moi, un président doit être le garant de la mise en œuvre d'une politique décidée par le conseil d'administration et approuvée par l'assemblée générale. En plus d'être force de proposition, il doit veiller à la cohésion des équipes et à l'équilibre des choix politiques. Tous les pêcheurs et tous les types de pêche ont une place qui doit leur être garanti. Le président doit être inventif et innovant. Les défis qui nous attendent sont nombreux et nous devons anticiper l'avenir. J'ai dû apprendre, il m'a fallu d'abord comprendre le fonctionnement de la pêche associative. J'ai été en cela bien soutenu par les salariés de la fédération de pêche du Var. Nous avons la chance d'avoir une fédération, qui sous l'impulsion de son président, est forte, bien organisée et force de propositions.

La découverte du Gapeau proche de Toulon
La découverte du Gapeau proche de Toulon

Quel est le rôle d'une AAPPMA ?

La pêche de loisir fonctionne sur une organisation associative. Les prérogatives des AAPPMA et des fédérations sont importantes. Elles ont deux piliers : le développement de la pêche et la protection du milieu. Agrée par l'état, elles ont des devoirs et des droits. Que ce soit en matière de police de l'eau ou de surveillance du milieu elles sont en première ligne. Les AAPPMA sont dépositaires des baux de pêche. Sans eux, il n'y aurait pas de possibilité de pratiquer. Il m'a fallu aussi comprendre les enjeux écologiques et les possibilités d'action qu'offre une AAPPMA dans ce domaine. Pour cela, je remercie mon ami Ludo qui a mis ses compétences et son exemple au service de mon apprentissage et à qui je me réfère régulièrement. J'ai dû aussi créer des relations avec les élus locaux de mon secteur pour obtenir leurs soutiens dans nos projets.

Mais les deux points essentiels, à mon avis, sont :

  1. Écouter et comprendre les besoins des pêcheurs sur le territoire. Savoir ce qu'on doit développer, ce qu'on doit maintenir et ce qu'on doit arrêter. Développer la pêche peut être contradictoire, parfois, avec la préservation du milieu. Les discussions et les échanges permettent de trouver les équilibres nécessaires.
  2. Animer une équipe de bénévoles. Essayez d'imaginer les sacrifices d'un garde-pêche, d'un administrateur ou bien encore d'un membre d'un bureau. La question qui me hante est comment leurs donner la reconnaissance qu'ils méritent ? Être à leurs côtés, les écouter et les défendre. Je n'aurai de cesse d'être fièrement l'un d'entre eux.
L'importance primordiale du bénévolat au sein des AAPPMA
L'importance primordiale du bénévolat au sein des AAPPMA

La pêche de loisir, n'est-elle pas en danger ?

La pêche est une tradition ancestrale, d'abord pour se nourrir, elle est devenue un mode de vie, un loisir, une passion. Depuis une grosse décennie, la pêche est remise en question par une minorité d'animalistes, mais qui ont un accès aux médias puissant. Cette remise en question doit nous interroger et nous devons accepter d'évoluer sans se renier, mais nous devons surtout nous défendre. Nous défendre, c'est d'abord consolider et développer le monde de la pêche pour être puissant, il faut unir. Il faut aussi mettre nos désaccords et nos différences de côté. Et enfin cesser les combats fratricides entre pêcheurs de tout horizon. À nous de trouver ce qui nous rassemble afin de partager un avenir commun.

Nous devons aussi prendre notre place dans le défi de la biodiversité. Soyons les premiers à s'impliquer dans les défis écologiques du futur et ne laissons pas notre place à des utopies punitives qui nous priveraient de notre mode de vie. Nous rapprocher de nos concitoyens non-pêcheurs en communiquant. Nous faire connaître et accepter. Le mode de vie urbain a éloigné les gens de la pêche, mais aujourd'hui, grâce aux médias nous avons l'opportunité de nous faire connaître et de créer une image positive de la pêche. À nous de saisir cette opportunité. Convaincre d'abord notre entourage, puis l'entourage de l'entourage, mais aussi allez au-devant des politiques et des medias, voila notre défi.

Nous prendrons des coups, nous serons attaqués mais aujourd'hui je suis prêt, prêt à supporter cela pour laisser à mes enfants un monde ou la pêche de loisir a toute sa place ! Les AAPPMA ne sont pas seules face à ces combats ! Elles peuvent compter sur les fédérations. Dans le Var, nous avons une fédération forte et nous avons tout intérêt à s'y investir au maximum.

Laisser aux générations futures un monde où l'on pourra encore pêcher
Laisser aux générations futures un monde où l'on pourra encore pêcher

Tu vas continuer à t'investir autant pour la pêche ?

C'est en toute connaissance de cause et des difficultés qui viennent à nous, que je souhaite plus que jamais m'investir de nouveau dans la pêche associative. Si les membres de l'AAPPMA le souhaitent, je serai présent dans l'avenir sur ce magnifique territoire qu'est le bassin-versant du Gapeau. Il sera aussi très important d'unir nos forces au sein de la fédération de pêche du Var et d'y apporter nos compétences. C'est aussi au niveau départemental que se joue l'avenir de nos AAPPMA. Je laisserai à mes filles un monde propre, avec des zones humides, des rivières qui coulent et où la pêche de loisir y restera un mode vie !

Plus d'articles sur le thème