La Loire à Salettes
Un décor ravissant au bord de la Loire sur ce parcours classé en première catégorie, comme une image d' Épinal aux couleurs crues qui donne à ce site un caractère surprenant. J'ai découvert l'endroit récemment. En provenance du Puy-en-Velay, via le Monastier-sur-Gazeille, j'ai dû emprunter la départementale 500 pour y parvenir. Là, j'ai traversé un petit village d'une autre époque, avec sa place en terre battue et sa vieille église romane qui jouxte le cimetière. Puis, j'ai roulé encore quelques encablures pour rejoindre le minuscule parking de deux ou trois emplacements.
Un temps béni
Il était dix heures. Un pêcheur venait de terminer sa partie de pêche et, assis sur la murette qui surplombait la Loire, il cassait la croûte paisiblement. La pêche avait-elle été fructueuse ? Il me répondit que non, mais que cela n'avait pour lui aucune importance. Car sa présence ici, ce jour-là précisément, s'apparentait davantage à un pèlerinage qu'à un véritable plan pour capturer des poissons.
Il me raconta alors que son plus ancien souvenir remontait au temps béni de ses quatre ans, quand son père l'avait emmené pêcher pour la première fois. Et depuis quelques années, il avait pris l'habitude de s'adonner à sa passion sur ce beau parcours à la date de son anniversaire. Le couteau à la main, un morceau de cantal dans l'autre, il était à cet instant précis le plus heureux des hommes. Plongé dans ces souvenirs, il jalonnait sa propre existence en faisant revivre ses chers disparus. Le temps était magnifique, la température douce, les berges de la Loire resplendissantes, et même si d'aventure, la pêche se fut avérée excellente, cela n'aurait rien apporté de plus à son bonheur.
Un modeste chevesne
Je l'ai quitté promptement pour ne pas affecter sa béatitude et je suis descendu jusqu'à la rivière en me frayant un passage dans les vorgines, piétinant les pousses de peupliers et les massifs de menthe sauvage.
Effectivement, les truites furent d'humeur capricieuse et je dus me contenter d'un modeste chevesne. Mais, marcher sur les galets et glisser entre les longues renoncules aquatiques me rendit étonnamment heureux, léger comme l'éphémère qui se joue des vents malins.
