Au moment où j'écris ces lignes, il y a un projet d'arrêté visant à réduire les possibilités de pêche pour les loisirs sur l'espèce lieu jaune. La consultation publique court jusqu'au 10 mars 2024. Pour bien comprendre ce qui se joue avec ce projet, cela va bien plus loin qu'une simple mesurette, comme on nous en a souvent imposé jusqu'à présent, voyons exactement ce qu'il en est.
Sur quoi se base ce projet d'arrêté ?
Il suffit de mettre la justification écrite dans le projet, je cite « En raison du manque de données, les prises récréatives ne sont pas incluses dans l'évaluation ; toutefois, l'évaluation actuelle s'est avérée robuste à une série d'hypothèses sur les niveaux de captures récréatives ». On croit rêver, manque de données et hypothèses, les gens qui nous sortent ces textes ne travaillent pas de façon scientifique. On ne se rappelle que trop bien les chiffres faux, reconnus par IFREMER, qui ont servi à mettre en place la réglementation loisirs sur le bar, cela a fonctionné, alors pourquoi ne pas recommencer.
Si l'espèce est vraiment en danger, un moratoire pour tous, pêcheurs pros et récréatifs, pendant la période de reproduction permettra à l'espèce de se refaire la cerise. Le pillage des frayères a continué et continue toujours sur le bar, on sait où ces mesurettes mènent, c'est juste la confiscation d'une ressource commune au profit de quelques-uns.
Ces pêches d'hiver pour les loisirs sont essentielles pour la pérennité de l'industrie récréative. Fabricants nautiques (bateaux, kayaks …) Guides de pêche, tourisme, marques de leurres, cannes, moulinets, habillement dédié, etc … Des milliers d'emplois dépendent de ce créneau de la pêche de loisirs et c'est tout un pan de cette économie déjà fragile qui risque de s'effondrer.
D'autres voies possibles
Il y a pourtant d'autres voies que celle-ci, voici quelques exemples et il y en a bien d'autres :
- Remonter la maille légale de prélèvement, actuellement ridiculement basse. À 30 cm, aucun poisson ne s'est encore reproduit. Une maille de prélèvement pour tous, autour de 45/50 serait plus en adéquation avec la biologie de cette espèce.
- Un quota loisir, par exemple, 3 poissons par pêcheur et par jour ou un quota mensuel. Mais ce quota mensuel serait plus compliqué à mettre en place et nécessiterait la mise en place d'un carnet de captures (le permis mer ne devrait pas tarder à voir le jour, même s'il portera un autre nom …).
- La mise en place de zones sanctuaires, totalement interdites à toutes formes de pêche.
- Ne pas mettre en place le principe du no kill sur cette espèce qui supporte mal la décompression, ce serait sacrifier bon nombre de poissons. Ça va à l'inverse de l'effet escompté…
- Bien sûr, un renfort des contrôles sur l'eau ou à l'arrivée à quai serait un plus.
Ce ne sont là que quelques idées couchées sur le papier, il y en a bien d'autres et ce sont juste des idées de bon sens. Il serait temps que les décisions soient prises autour d'une table où toutes les parties intéressées seraient réunies pour travailler dans le sens de la protection de la ressource, arrêtons toutes formes de corporatisme où certains lobbies font les lois.