Cette année, exceptionnellement, je ne pourrai pas faire l'ouverture le samedi et j'avoue ne pas me souvenir la dernière fois que cela m'est arrivé !
Pour des raisons familiales et personnelles, j'ai donc fait mon ouverture dimanche après avoir donné un coup de main à un ami le matin. Je n'arriverai au bord de l'eau qu'à 13 :00.
De toute façon en cette saison, je ne pêche quasiment qu'entre 11 : 00 et 16 : 00, car les poissons s'activent souvent sur ce créneau. Et à la mouche, c'est le meilleur moment de la journée, mais j'aurais bien aimé y être plus tôt !
Des conditions compliquées pour la mouche
Cela faisait longtemps que l'on n'avait pas eu autant d'eau pour l'ouverture ! Et ce n'est pas qu'un coup d'eau. Les rivières en Bretagne sont dans les champs depuis déjà quelque temps du fait d'un hiver très arrosé ! Pour la mouche, mais je pense même pour n'importe quelle technique, les niveaux sont donc très tendus et vont rendre la pêche compliquée tellement le débit est important. Les truites vont devoir trouver de petites zones moins courantes pour sortir s'alimenter sans perdre trop d'énergie.
Des conditions donc inhabituelles, mais de bon augure pour la suite de la saison ! On ne va pas se plaindre d'avoir trop d'eau !
Les premières truites de l'année. La saison est lancée !
Je choisis donc un coin que j'adore pêcher pour l'ouverture, qui se trouve à 5 minutes de chez moi. Le secteur est dégagé, un peu plus large et avec de belles zones d'amortis où les truites aiment bien se poster en début de saison. Un coin parfait pour la mouche et notamment la nymphe au fil (NAF) qui est une des meilleures techniques pour le début de saison en attendant que les truites s'activent un peu plus.
Je sors de la voiture et mange mon sandwich tout en scrutant l'eau. Il n'y a pas de temps à perdre. J'en ai déjà assez perdu !
Le soleil printanier me réchauffe le visage. C'est très agréable. Quelques mouches volent au-dessus de l'eau et annonce de belles conditions. J'avale mon casse-croûte le plus vite possible car je trépigne d'impatience !
Une fois équipé avec mon waders, vestes , chest-pack, etc.. Je sors ma canne lorsqu'une averse inattendue me tombe sur la tête. Je me réfugie dans ma voiture, car d'énormes gouttes de pluie et surtout de la grêle s'abattent au-dessus de moi ! Les giboulées de mars sont bien là ! Encore un peu de patience...
Cela va durer un bon quart d'heure et j'ai bien peur que cela compromette ma partie de pêche.
Une fois terminée, je sors et monte vite fait ma canne de 10 pieds soie de 3 pour la NAF, et y rajoute ma pointe en 15° et ma nymphe fétiche pour débuter la session. Cette nymphe en ORL (Oreille de lièvre) avec un tag orange est vraiment très efficace dans les eaux un peu teintées de début de saison. Je choisis une bille cuivre de 3,8, car ça pousse !
Troisième dérive, alors que je reprends connaissance de mon matériel et du lancer de ces grosses nymphes bien lestées, mon fil tressaute. Un ferrage réflexe, et la première truite de la saison frétille au bout de la canne. Ah, que c'est bon de toucher son premier poisson aussi rapidement et surtout de sentir à nouveau cette sensation au bout de la canne. Je suis ravi ! Elle est combative malgré sa maigreur. Et oui, les truites ne se sont pas trop nourries pendant cette période de trêve, et il est temps qu'elles reprennent des forces. Elle saute deux fois, mets des coups de tête, puis je l'attire vers moi pour la prendre en main. La saison est lancée !
En ce début de saison, il faut trouver les veines pas trop rapides et un peu profondes où les truites aiment se poster. La lecture de l'eau est assez facile, surtout par fort débit. Il faut pêcher le plus lente du plus rapide. C'est-à-dire les veines annexes aux veines porteuses. Les bordures de berges lechées par un petit courant sont aussi de très bons postes car elles offrent des caches à proximité de zone où passera de la nourriture. Il est aussi important de tester différentes configurations de rivière pour voir les postes les plus intéressants. De même pour les mouches, sauf si vous connaissez déjà vos secteurs et l'efficacité de certaines mouches.
Je continue et quelques lancers plus tard, encore une autre truite viendra intercepter ma nymphe ORL. Les tapes sont franches et on sent qu'elles ont besoin de se nourrir avec ces eaux hautes et froides. Il faut qu'elles se refassent une santé. Les eaux sont un peu piquées, mais pour le moment tout va bien. Je vais enchaîner les truites et en sortir 6 en moins d'une heure. Chaque touche est franche et je vois bien mon indicateur bouger, ou ralentir dans le courant. Les ferrages réflexes sont toujours là et je reprends petit à petit de l'aisance dans le lancer de nymphes en tungstène. La précision et mes dérives s'améliorent à chaque lancer.
Montée des eaux et fin de partie de pêche !
Alors que je suis à l'aise et content de renouer avec cette pêche de la truite que j'affectionne tant, les eaux montent et se colorent ! J'avais monté quelques jours auparavant plusieurs streamers pour la pêche au fil. Je m'empresse d'en monter un, car les eaux vont certainement vite devenir trop sales. L'activité semble se calmer, et je n'aurai que deux touches sur mon streamer jig. Deux coups de fusil impossibles à ferrer !
Les eaux sont maintenant beaucoup trop sales pour pouvoir espérer toucher quelques truites à la mouche. Je suis déçu, car j'avais prévu mon après-midi pour voir différents secteurs pour pêcher, mais aussi aller découvrir si la tempête Ciaran n'a pas fait trop de dégâts sur mes coins de pêche et de guidage. En Bretagne, nous avons été très touchés par cet évènement qui a couché une quantité très importante d'arbres et de branches. Chaque AAPPMA a effectué un travail de recensement des arbres à enlever que ce soit pour la pratique de la pêche, donc l'halieutisme, mais aussi pour l'aspect sécurité des pêcheurs, mais également hydraulique. Un travail colossal va devoir être fourni par les pêcheurs et les collectivités pour remettre en état les rivières et nos campagnes. Cela devrait prendre plusieurs années tant les préjudices sont importants !
N'hésitez pas à contacter votre AAPPMA pour donner un coup de main que ce soit pour l'entretien des cours d'eau, mais aussi pour d'autres actions. Nous pêcheurs sommes adhérents à des associations et il est important de s'entraider, plutôt que de simplement consommer notre loisir égoïstement. Pensez-y.
