Des conditions mitigées
Après une période de trêve de janvier à mars, qui correspond à la reproduction des bars, fin mars début-avril, les passionnés de la pêche de ce poisson retournent à la côte et en estuaire pour tenter de prendre les premiers poissons de l'année.
Contrairement aux années antérieures, le printemps est plutôt maussade avec beaucoup de vent ici en Bretagne et d'importantes précipitations. Des conditions peu ensoleillées les eaux se réchauffent peu, et les bordures des estuaires que j'aime fouler également. Souvent peu propice à une saison précoce. Il va falloir encore attendre un peu pour avoir plus régulièrement des bars notamment en estuaire.
Premiers bars aperçus en estuaire
Fin mars, une belle journée s'annonce et même si on vient tout juste de reprendre la pêche de la truite avec l'ouverture qui s'est déroulée le 9 mars, j'ai déjà envie de traquer le bar à vue en estuaire. Je me débrouille pour trouver un créneau malgré tout ce que j'ai à faire à cette période.
Je vais tout d'abord sur l'estuaire que je pratique le plus, et à part un bar de belle taille aperçu très brièvement, je ne vois rien d'autre. Je décide d'aller sur un de mes nouveaux coins préférés découvert la saison dernière. Là, idem, peu de poissons sur les bordures. Les mulets sont bien arrivés, mais les bars semblent très peu nombreux.
Après plus d'une heure sans voir la moindre nageoire, je tombe sur un très gros bar, certainement un résident (qui reste toute l'année en estuaire) qui vient chasser dans un banc de petits alevins, mais qui se déplace très vite. Lorsque je le revois, il est à 4 mètres de moi. Je lui expédie rapidement mon imitation de crabe qu'il vient inspecter pendant de longues secondes avant de l'engloutir. Malheureusement, la faible distance, l'excitation et l'utilisation d'une nouvelle canne me font lui enlever la mouche de la gueule ! Un sacré bar de plus de 70 cm qui m'aurait permis de débuter la saison de belle manière !
Reprendre ses marques
Lorsque l'on n'a pas pratiqué ce genre de pêche depuis quelques mois, il faut reprendre ses marques, car comme toutes les pêches à vue, le timing dans le ferrage est un élément déterminant pour bien piquer les poissons.
Dimanche dernier, je retourne en estuaire, et après 30 minutes sans voir le moindre poisson, je tombe sur ce très joli bar qui est posé au fond dans 40 cm d'eau ! Il doit digérer une proie ou faire une pause et ne semble pas très actif. Il est large et bien en forme. La pression monte !
Je prends mon temps. Me place bien dans son dos et m'applique pour lui déposer ma mouche, une imitation de crabe vert en fibres synthétiques, à bonne distance pour ne pas l'apeurer. Mon lancer est parfait et tombe en douceur. Le bar ne bouge toujours pas. J'anime ma mouche pour qu'il la localise. Il réagit tout de suite et fonce dessus, puis l'aspire ! Je ferre dans le timing, et cette fois il est au bout. Que d'émotions !! Il part comme une fusée, me prend 5 à 6 mètres de soie du moulinet, et passe dans les goémons. J'ai quelques frayeurs mais finalement j'arrive à le brider et l'en faire ressortir. Le combat est ensuite tout en coup de tête. C'est vraiment un poisson en pleine forme. Le voici dans le bord où je l'attrape par la gueule. Je le mesure rapidement, car c'est un beau poisson. Il fait presque 60 cm (59 en fait). Je lui tire le portrait et le remets délicatement à l'eau. Il repart tranquillement. Génial ! C'est pour ce genre d'émotion et de sensation que l'on vient. Rechercher des poissons à vue peu importe l'espèce, vous procure des montées d'adrénaline indescriptibles ! Difficiles de parfois l'expliquer à ses amis et connaissances qui ne sont pas pratiquants. Il y a peu de choses dans la vie qui procure ce genre d'émotions !
Je retrouverai quelques bars, et même si l'activité ne semble pas extraordinaire et le nombre de bars vu assez faible, j'aurai encore quelques bonnes occasions.
Je raterai un au ferrage (trop hâtif encore une fois) en lui enlevant la mouche de la gueule. Il la cherchera d'ailleurs un instant ! Encore une belle action avec un poisson qui se baladait entre les touffes de goémons. Puis je prendrai un beau refus sur un autre poisson avec un comportement étrange, qui avait l'air de chasser de toutes petites proies dans les bordures. Sur la berge d'en face, je dépiquerai un autre bar de 45-50 cm en ferrant un tout petit peu trop tôt ! La visibilité n'est pas toujours parfaite en début de saison et parfois on ne voit pas bien ce qu'ils font. À la mouche à vue, il faut ferrer visuellement. On ne ressent quasiment jamais de touche. La lecture du comportement du poisson permet souvent de ferrer juste si l'on ne voit pas la bouche s'ouvrir.
Bref, les poissons sont là par endroit. Ils s'alimentent, mais semblent être sur autre chose que les crabes, même si bien présenté, c'est un peu leur pêché mignon et les fait craquer !
Une belle session avec un seul bar de mis au sec, mais un très beau poisson pour démarrer la saison ! De superbes actions à vue comme on les aime. Hâte d'y retourner, mais cela ne sera pas tout de suite, car les créneaux vont être maigres avec mon activité de guide.
À bientôt et bonne saison à vous !