Partager de bons moments
Que faire pendant les vacances scolaires, aller à la pêche avec votre ado est une possibilité. À l'heure où l'on parle de mettre les ados (difficiles) en internat pendant les vacances pour leur redonner des bases de vie en commun, il y a d'autres possibilités. Pourquoi ne pas simplement partager des moments avec eux. La battle, bien sûr, est un prétexte pour passer du temps ensemble, discuter tranquillement au fil de l'eau, tout en prenant une leçon de nature. La pêche est une activité de partage et ces moments intergénérationnels sont bénéfiques aux deux parties.
Pêche de la truite au toc
La truite au toc est une pêche simple autant qu'efficace. Nous la pratiquons sur les sources des fleuves côtiers des Abers, dans le pays de la côte des légendes. Ici, pas de lâchers de truites de granulés, que des farios sauvages aux magnifiques robes parsemées de points noirs ou rouges, aux liserés blancs sur les nageoires. On peut les confondre avec les jeunes saumons, les tacons qui vivent sur les mêmes biotopes pendant les deux premières années de leur vie.
Cette pêche n'en demeure pas moins physique, du moins de la façon dont nous la pratiquons. Sac en bandoulière pour le petit matériel, une canne de 3,90 m avec un moulinet garni d'un bon 14/00, bas de ligne en 12/00, deux indicateurs de ligne montés dessus et un hameçon fin de fer avec ardillon écrasé. Nous descendons la rivière sur des kilomètres, le ver piqué sur l'hameçon dévalant sur le fond au rythme du courant, attendant le fameux « toc toc » lors de la touche de la truite. C'est cette fameuse touche qui a donné son nom à cette technique de pêche.
La battle peut commencer
Dès les premiers mètres, les touches se suivent, pas mal de décrochées, bien sûr, du fait du montage avec ardillon écrasé, mais nous en posons quelques unes sur les berges. Le gamin ouvre le bal, 1-0. J'enchaîne avec 2 poissons, 2-1. Il égalise à 2-2 avec une jolie de 25 cm. Je continue d'en sortir alors qu'il en décroche plusieurs, la matinée s'achève sur le score de 5-2.
Dans une prairie, nous restons à caresser quelques chevaux venus nous rejoindre, espérant une pomme ou un morceau de pain. Il est temps de revenir à la voiture pour se rendre sur notre endroit de casse-croûte. La pause est toujours un moment privilégié, sujet aux confidences, c'est là qu'il faut être à l'écoute, ce moment de calme est propice à cela.
Après une petite heure de pause et de discussion, nous reprenons notre match sur deux autres cours d'eau. Tous ces ruisseaux sont encore encombrés des restes des dégâts successifs engendrés par les tempêtes de cet hiver. De nombreux arbres sont dans l'eau et c'est autant d'obstacles qu'il faut contourner ou franchir. Le gamin refait une partie de son retard, 5-3, 5-4, je reprends un peu le large, 6-4, 7-4, 8-4. Nous décidons de changer de cours d'eau une dernière fois. Cette dernière rivière est un peu moins encombrée et le courant est plus prononcé. Elle est aussi plus fréquentée par les farios, nous enchaînons les prises et les ratés.
Quelquefois nous en piquons plusieurs sur quelques mètres. 9-4, 9-5, 9-6, nous observons aussi pas mal de vie sur les berges, canards, ragondins, empreintes multiples au bord de l'eau. La pêche, c'est aussi de l'observation, profiter de la nature qui nous entoure. Le match continue, 10-6, 10-7, 11-7, 12-7. C'est sur ce score honorable que nous finissons notre petite balade, tous les poissons ont été remis à l'eau en pleine forme.
L'ado qui sommeille en lui s'est réveillé et il ne veut pas louper le goûter, à cet âge là, ça a toujours faim !!!
Nous avons passé un excellent moment dans cette nature, à la fois tranquille et sauvage. Nous n'avons croisé personne, nous avons échangé, nous avons parlé de choses qui resteront entre nous. Bref, nous avons renforcé ce lien qui existe entre un grand-père et son petit-fils. Pas d'écran, pas de télé, nous n'avions même pas de réseau de tout l'après-midi. Je peux vous dire qu'il n'est pas resté traîner le soir et qu'il a bien dormi, le grand-père aussi...
