À l'aventure de la pêche en jungle
Au petit jour, je suis réveillé par les cris de joie du très expérimenté Pierre Lewieniec. Le bougre a déjà capturé son premier peacock bass devant sa chambre ! Après un bon petit déjeuner, nous convenons rapidement des zones de pêche de chacun. Tous les binômes prennent place à bord d'un bateau en aluminium de 20 cv flambant neuf et se dispersent. José sera notre guide pour la semaine. Nous prenons la direction du nord pour pêcher le « Baria ».
Après une bonne trentaine de minutes, nous approchons enfin notre lagune. Les lagunes sont des poches d'eau stagnante attenante au rio. La hauteur de l'eau peut y varier de plusieurs mètres selon la saison. Du coup, y pénétrer est même parfois impossible. Si on les distingue facilement sur le GPS, trouver leur entrée n'est cependant pas toujours chose aisée.
Appréhender la pêche en lagune
« N'oublie pas qu'à l'entrée de chaque lagune, il y a un gardien ». C'est ce dont je me suis souvenu en projetant mon popper pour la première fois. Aucune touche néanmoins. En s'engouffrant, nous avons découvert une très vaste étendue d'eau ; une sorte de lac. Et là, ce que l'on se demande c'est : où faut-il pêcher ? La réponse de José : « en cualquier lugar », c'est-à-dire n'importe où. Dubitatifs, nous n'y croyons qu'à moitié.
En bons pêcheurs de brochets, nous lui demandons de s'approcher plutôt des racines et des arbres morts qui jonchent les bordures. Une heure passe et pas encore de touches. Nous insistons, toujours vers les berges, quand Christophe touche son premier poisson. Un bon 70 cm au popper. Je contemple alors, pour la première fois de ma vie, la robe multicolore de ce poisson aux yeux injectés de sang. Fascinant. Le bal est ouvert !
La capture de mon tout premier peacock bass, un monstre !
Je fixe alors un énorme leurre à hélice, un woodshopper, que j'avais utilisé 15 ans auparavant pour pêcher le dorado en Argentine. Et, comme pour tester sa nage avant de pêcher réellement, je l'envoie de toutes mes forces dans le sens inverse, au beau milieu de la lagune. À peine eu-je le temps d'en apprécier la nage qu'une explosion, d'une violence inouïe, le fit disparaître. Ferrage appuyé, ligne tendue et frein qui chante, j'étais enfin attelé à mon premier peacock bass ! Concentré, mais abasourdit par la puissance du combat, je jette un œil à Christophe : « ça c'est un gros Juju ».
La bagarre est rude. Je perds la tension du fil quelques secondes. Panique. La tension reprend et le poisson est désormais plus proche du bateau. Il était parti à contresens, comme un marlin ! Les coups de tête font courber ma très solide Zenaq 70-3. C'est du lourd et je me dis que j'ai bien fait de faire l'impasse sur mes cannes de 20 livres ! Le poisson est proche du bateau. « Pavon muy grande ! », José à l'épuisette en main. Desserrage du frein et, après 4 longues minutes, je l'aperçois enfin. Dans un geste habile, José le met dans le filet.
Un second poisson trophée pour Christophe
Un monstre. Je suis aux anges. « C'est un plus de 80 cm ça » ; décrochage, mesures de vérification sur la réglette IGFA : 86 cm. S'ensuivent les photos et une relâche soignée. Je suis aussi heureux que sonné. On reprend la pêche. Entre deux lancers, Christophe me dit : « as-tu consciences que ton premier peacock c'est le poisson que certains cherchent depuis 10 ans ? ». Rigolade. Pour récompenser son entrain, Christophe réalisera un combat épique avec un poisson tout aussi majestueux qui a repris sa liberté après la photo sans qu'on n'eût le temps de le mesurer !