Jour 3 : Descente de rivière, pêche à pied et lagunes transparentes

© Julien Goron

Pêcher la jungle, c'est faire un effort d'adaptation constant. Pour appréhender les lagunes profondes, les eaux transparentes, le courant, les passages encombrés de végétation et le climat changeant, il faut laisser derrière nous nos manières de faire. Varier les techniques, bricoler et se tromper sont aussi les meilleurs moyens de tirer notre épingle du jeu !

Trouver ses marques pour bien pêcher la jungle épaisse

Après cette première journée prometteuse, nous repartons – très enthousiastes – vers le nord. L'heure que nous passons à remonter le Pasimoni est un pur plaisir de contemplation : Jabiru, Toucan, Harpie féroce, Ara et encore bien d'autres espèces volatiles agrémentent notre émerveillement matinal.

José bifurque soudainement pour s'engouffrer dans un affluent, toujours à contre-courant. La configuration change. La végétation nous recouvre et les bois morts sont palpables. Pour cette phase de pêche en jungle, étant à l'avant du bateau, j'opte d'abord pour ma canne à mouche. Je m'accroche, mauvais choix. Je passe au spinner-bait, tout comme Christophe. Les prises de peacock bass de 30 à 50 cm s'enchaînent.

La rivière s'élargit progressivement. Tout en dérivant, nous lançons de part et d'autre des berges. Nous touchons systématiquement nos poissons aux leurres de surface sur les six premiers mètres depuis la berge. On récupère les mètres suivant très rapidement pour gagner en efficacité.

Explorer en pêchant à la mouche à vue

Les flots nous portent alors jusqu'à une lagune. Les eaux y sont si basses que la pêche à vue est envisageable. C'est le bon moment pour faire de la mouche ! Polarisante fixée sur le nez, je distingue nettement un couple de gros peacocks. Grosse pression. L'un d'eux fait un suivi prometteur, mais sans succès. « Te vemos » me lance le jeune José. Vous êtes prévenus, pour tromper la méfiance des gros peacocks à vue, il faut être discret et faire de longs lancers.

La chaleur est si torride que je ne résiste pas à l'envie de sauter dans l'eau pour me rafraîchir. Revigoré, mon intuition me dicte de partir explorer les bordures. Je longe alors une petite plage de sable fin et je tombe sur un méandre du rio et de la lagune. J'observe et j'attends. Soudain, je vois un peacock bass qui se décale de dessous un arbre mort et qui y retourne. Mon cœur s'emballe. Je lance dans le courant et là, trois strips suffisent pour ferrer un beau Peacock Maryposa de 40 cm environ. J'en attraperai cinq autres avec la même mouche, une Andino Deceiver noire et jaune. Quelle joie insensée !

Le peacock gardien du fond de la lagune

Entre temps, j'entends une énorme chasse dans la lagune derrière moi. Absorbé par mon affaire, je n'y prête d'abord qu'à moitié attention. De toute façon, c'est trop loin pour moi. Cependant, Christophe, toujours sur le bateau, est à bonne distance. Je le vois catapulter son stickbait préféré et là, boum ! Attaque éclair. Combat intense. Un splendide poisson de près de 80 cm.

Après cette formidable séquence, nous reprenons le rio. Pourquoi ne pas traîner un poisson nageur ? Trois minutes après les piranhas avaient coupé mon fluorocarbone… Mauvaise idée donc, le lit du rio en est rempli. Le ciel s'obscurcit et se couvre. Il faut faire vite. Trop tard, un torrent de pluie et de vent s'abattent violemment sur nous. Je n'ai jamais vu ça. La jungle, c'est intense.

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